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Je ne souhaite encore point mourir. - Mais quand mes yeux je sentirai tarir, - Ma voix cassée, et ma main impuissante, - Et mon esprit en ce mortel séjour - Ne pouvant plus montrer signe d'amante : - Prierai la Mort noircir mon plus clair jour.
Louise Labé
Ne reprenez, dames, si j'ai aimé - Si j'ai senti mille torches brûlantes. - ... - Las, que mon coeur n'en soit par vous blâmé - Si j'ai failli les peines sont pressantes. - N'aigrissez point leurs pointes violentes.
Tant que mes yeux pourront larmes espandre, - A l'heur passé avec toi regretter ; - Et qu'aus sanglots et soupirs resister - Pourra ma voix, et un peu faire entendre.
Je vis, je meurs : je me brule et me noie, - J'ai chaud extrême en endurant froidure ; - La vie m'est et trop molle et trop dure, - J'ai grands ennuis entremélés de joie.
Tout en un coup je ris et je larmoie, - Et en plaisir maint grief tourment j'endure ; - Mon bien s'en va, et à jamais il dure, - Tout en un coup je sèche et je verdoie.
O doux sommeil, ô nuit à moi heureuse ! - Plaisant repos plein de tranquilité, - Continuez toutes les nuits mon songe.
Ainsi Amour inconstamment me mène - Et, quand je pense avoir plus de douleur, - Sans y penser je me trouve hors de peine. - Puis, quand je crois ma joie être certaine, - Et être en haut de mon désiré heur, - Il me remet en mon premier malheur.
Tant que ma main pourra les cordes tendre - Du mignart Lut, pour tes graces chanter ; - Tant que l'esprit se voudra contenter - De ne rien vouloir rien fors que toy comprendre.
Baise m'encor, rebaise-moi et baise ; - Donne m'en un de tes plus savoureux ; - Donne m'en un de tes plus amoureux, - Je t'en rendrai quatre plus chauds que braise. - Ainsi mêlant nos baisers, tant heureux, - Jouissons-nous l'un de l'autre à notre aise.
Lubricité et ardeur de reins n'ont rien de commun, ou bien peu avec amour.