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Ce qui fait que la plupart des livres de morale sont si insipides, est que leurs auteurs ne sont pas sincères.
Luc de Clapiers
On doit se consoler de n'avoir pas les grands talents, comme on se console de n'avoir pas les grandes places. On peut être au-dessus de l'une et de l'autre par le coeur.
Il ne faut pas autant d'acquis pour être habile que pour le paraître.
La modération est l'état d'une âme qui se possède ; elle naît d'une espèce de médiocrité dans les désirs et de satisfaction dans les pensées, qui dispose aux vertus civiles.
Il faut tout attendre et tout craindre du temps et des hommes.
On ne peut juger de la vie par une plus fausse règle que la mort.
Les fortunes promptes en tout genre sont les moins solides, parce qu'il est rare qu'elles soient l'ouvrage du mérite. - Les fruits mûrs mais laborieux de la prudence, sont toujours tardifs.
On en voit que les plus grands intérêts ne peuvent engager à se dessaisir des moindres biens.
Les hommes ont la volonté de rendre service, jusqu'à ce qu'ils en aient le pouvoir.
Ce qui n'offense pas la société n'est pas du ressort de sa justice.
C'est un grand signe de médiocrité de louer toujours modérément.
Quelques auteurs traitent la morale comme on traite la nouvelle architecture, où l'on cherche avant toutes choses la commodité.
Les faibles veulent dépendre, afin d'être protégés. Ceux qui craignent les hommes, aiment les lois.
L'intérêt fait peu de fortunes.
Il ne tient qu'à nous d'admirer la religieuse franchise de nos pères, qui nous ont appris à nous égorger pour un démenti ; un tel respect de la vérité, parmi des barbares qui ne connaissaient que la loi de la nature, est glorieux pour l'humanité.
Lorsque les plaisirs nous ont épuisés, nous croyons avoir épuisé les plaisirs ; et nous disons que rien ne peut remplir le coeur de l'homme.
Les menteurs sont bas et glorieux.
Le défaut unique, en un sens, de tous les ouvrages, c'est d'être trop longs.
La fermeté ou la faiblesse de la mort dépend de la dernière maladie.
L'amour est une complaisance dans l'objet aimé.
La langue et l'esprit ont leurs bornes ; la vérité est inépuisable.
Il est bon d'être ferme par tempérament, et flexible par réflexion.
L'oisiveté nous lasse plus promptement que le travail, et nous rend à l'action, détrompés du néant de ses promesses.
L'ingratitude la plus odieuse, mais la plus commune et la plus ancienne, est celle des enfants envers leurs pères.
Les hommes ont de grandes prétentions et de petits projets.
Rien ne dure que la vérité.
Les gens du monde ont une espèce d'érudition, c'est-à-dire, qu'ils savent assez de toutes choses pour en parler de travers.
Des hommes inquiets et tremblants pour les plus petits intérêts affectent de braver la mort.
Où tout est dépendant, il y a un maître : l'air appartient à l'homme, et l'homme à l'air ; et rien n'est à soi ni à part.
Une maxime qui a besoin de preuves, n'est pas bien rendue.
La politique fait entre les princes ce que les tribunaux de la justice font entre les particuliers : plusieurs faibles, ligués contre un puissant, lui imposent la nécessité de modérer son ambition et ses violences.
La perfection d'une pendule n'est pas d'aller vite, mais d'être réglée.
La profusion n'avilit que ceux qu'elle n'illustre pas.
Il est triste que la bonté n'accompagne pas toujours la force.
La probité, qui empêche les esprits médiocres de parvenir à leurs finis, est un moyen de plus de réussir pour les habiles.
La conscience, l'honneur, la chasteté, l'amour et l'estime des hommes sont à prix d'argent : la libéralité multiplie les avantages des richesses.
Il faut donc avoir l'âme pour avoir du goût.
Les hommes dissimulent par faiblesse, et par la crainte d'être méprisés, leurs plus chères, leurs plus constantes, et quelquefois leurs plus vertueuses inclinations.
L'esprit n'est aujourd'hui à si bas prix, que parce qu'il y en a beaucoup.
Quelle diversité, quel changement et quel intérêt dans les livres, si on n'écrivait plus que ce qu'on pense !
On tente d'ordinaire sa fortune par les talents qu'on n'a pas.
L'esprit ne tient pas lieu de savoir.
Il n'appartient qu'aux âmes fortes et pénétrantes de faire de la vérité le principal objet de leurs passions.
Ni les dons, ni les coups de la fortune n'égalent ceux de la nature, qui la passe en rigueur comme en bonté.
Comme il est naturel de croire beaucoup de choses sans démonstration, il ne l'est pas moins de douter de quelques autres, malgré leurs preuves.
Comptez rarement sur l'estime et sur la confiance d'un homme qui entre dans tous vos intérêts, s'il ne vous parle aussi des siens.
Plaisante fortune pour Bossuet d'être chapelain de Versailles ! Fénelon, du moins, était à sa place ; il était né pour être le précepteur des rois ; mais Bossuet devait être un grand ministre, sous un roi ambitieux.
La nécessité nous délivre de l'embarras du choix.
Si les armes prospèrent, et que l'Etat souffre, on peut en blâmer le ministre, non autrement ; à moins qu'il ne choisisse de mauvais généraux, ou qu'il ne traverse les bons.
Le même croit parler la langue des dieux, lorsqu'il ne parle pas celle des hommes ; c'est comme un mauvais comédien qui ne peut déclamer comme l'on parle.