Images
Il est difficile d'estimer quelqu'un comme il veut l'être.
Luc de Clapiers
Personne ne se croit propre, comme un sot, à duper un homme d'esprit.
Nous sommes susceptibles d'amitié, de justice, d'humanité, de compassion et de raison O mes amis ! qu'est-ce donc que la vertu ?
Il ne faut pas tâcher de contenter les envieux.
Le plus grand mal que la fortune puisse faire aux hommes, est de les faire naître faibles de ressources, et ambitieux.
Faut-il s'applaudir de la politique, si son plus grand effort est de faire quelques heureux au prix du repos de tant d'hommes ? Et quelle est la sagesse si vantée de ces lois, qui laissent tant de maux inévitables, et procurent si peu, de biens ?
Quand il serait vrai que les hommes ne seraient vertueux que par raison, que s'ensuivrait-il ? Pourquoi si on nous loue avec justice de nos sentiments, ne nous louerait-on pas encore de notre raison ? Est-elle moins nôtre que la volonté ?
J'ai cherché s'il n'y avait point de moyen de faire sa fortune sans mérite, et je n'en ai trouvé aucun.
Je voudrais qu'on me dit si ceux qui savent le latin n'estiment pas Lucain plus grand poète que Corneille.
Les auteurs qui se distinguent principalement par le tour et la délicatesse, sont plus tôt usés que les autres.
Quand je vois un homme engoué de la raison, je parie aussitôt qu'il n'est pas raisonnable.
Il n'y a peut-être point de vérité qui ne soit à quelque esprit faux en matière d'erreur.
Les premiers jours du printemps ont moins de grâce que la vertu naissante d'un jeune homme.
Les favoris de la fortune ou de la gloire, malheureux à nos yeux, ne nous détournent point de l'ambition.
Le contemplateur, mollement couché et dans une chambre tapissée, invective contre le soldat qui passe les nuits de l'hiver au bord d'un fleuve, et veille en silence sous les armes pour la sûreté de la patrie.
La raison ne connaît pas les intérêts du coeur.
La plupart des hommes vieillissent dans un petit cercle d'idées, qu'ils n'ont pas tirées de leur fond ; il y a peut-être moins d'esprits faux que de stériles.
Un menteur est un homme qui ne sait pas tromper. Un flatteur, celui que ne trompe ordinairement que les sots. Celui qui sait se servir avec adresse de la vérité et qui en connaît l'éloquence, peut seul se piquer d'être habile.
Nous querellons les malheureux, pour nous dispenser de les plaindre.
Toute peinture vraie nous charme, jusqu'aux louanges d'autrui.
La maladie éteint dans quelques hommes le courage, dans quelques autres la peur, et jusqu'à l'amour de la vie.
Rien de long n'est fort agréable, pas même la vie ; cependant on l'aime.
Différent génie, différent goût : Ce n'est pas toujours par jalousie que réciproquement on se rabaisse.
Nous recevons quelquefois de grandes louanges, avant d'en mériter de raisonnables.
La plus charmante conversation lasse l'oreille d'un homme occupé de quelque passion.
Les esprits légers sont disposés à la complaisance.
Qu'importe à un homme ambitieux, qui a manqué sa fortune sans retour, de mourir plus pauvre !
Ce que nous appelons une pensée brillante, n'est ordinairement qu'une expression captieuse, qui à l'aide d'un peu de vérité, nous impose une erreur qui nous étonne.
Peu de malheurs sont sans ressource ; le désespoir est plus trompeur que l'espérance.
Il est faux qu'on ait fait fortune, lorsqu'on ne sait pas en jouir.
Je suis toujours surpris que les rois n'essaient point si ceux qui écrivent de grandes choses ne seraient pas capables de les faire : cela vient, vraisemblablement, de ce qu'ils n'out pas le temps de lire.
Le désir de la gloire prouve également et la présomption, et l'incertitude où nous sommes de notre mérite.
Il n'y aurait pas beaucoup d'heureux, s'il appartenait à autrui de décider de nos occupations et de nos plaisirs.
Nous ne pensons pas si bien que nous agissons.
Nous méprisons beaucoup de choses, pour ne pas nous mépriser nous-mêmes.
Celui qui recherche la gloire par la vertu ne demande que ce qu'il mérite.
La guerre n'est pas si onéreuse que la servitude.
Un homme qui ne dîne ni ne soupe chez soi, se croit occupé, et celui qui passe la matinée à se laver la bouche, et à donner audience à son brodeur, se moque de l'oisiveté d'un nouvelliste, qui se promène tous les jours avant dîner.
La présence d'esprit se pourrait définir une aptitude à profiter des occasions pour parler ou pour agir.
Quels que soient ordinairement les avantages de la jeunesse, un jeune homme n'est pas bien venu auprès des femmes, jusqu'a ce qu'elles en aient fait un fat.
On sait qu'il faut écrire simplement ; mais on ne pense pas des choses assez solides pour soutenir la simplicité.
La nature a donné aux hommes des talents divers : les uns naissent pour inventer, et les autres pour embellir ; mais le doreur attire plus de regards que l'architecte.
Nous négligeons souvent les hommes sur qui la nature nous donne ascendant, qui sont ceux qu'il faut attacher et comme incorporer à nous, les autres ne tenant à nos amorces que par l'intérêt, l'objet du monde le plus changeant.
Un livre bien neuf et bien original serait celui qui ferait aimer de vieilles vérités.
On pardonne aisément les maux passés et les aversions impuissantes.
Les abus inévitables sont des lois de la nature.
Ce que la volupté a de délicieux, elle le reçoit de l'esprit et du coeur.
Nos erreurs et nos divisions dans la morale viennent quelquefois de ce que nous considérons les hommes comme s'ils pouvaient être tout à fait vicieux ou tout à fait bons.
Les sophistes n'estiment pas Fénelon, parce qu'ils ne le trouvent pas assez philosophe ; et moi j'aime mieux un auteur qui me donne un beau sentiment, qu'un recueil de pensées subtiles.
C'est à notre coeur à régler le rang de nos intérêts, et à notre raison de les conduire.