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Un honnête homme peut être indigné contre ceux qu'il ne croit pas mériter leur fortune ; mais il n'est pas capable de la leur envier.
Luc de Clapiers
Les hommes sont tellement nés pour dépendre, que les lois même, qui gouvernent leur faiblesse, ne leur suffisent pas ; la fortune ne leur a pas donné assez de maîtres ; il faut que la mode y supplée, et qu'elle règle jusqu'à leur chaussure.
L'invention est l'unique preuve du génie.
Lorsqu'une chose ne peut nous nuire, il faut nous moquer de ceux qui nous en détournent.
S'il n'y avait de domination légitime que celle qui s'exerce avec justice, nous ne devrions rien aux mauvais rois.
Si une pensée ou un ouvrage n'intéressent que peu de personnes, peu en parleront.
Ce n'est point un grand avantage d'avoir l'esprit vif si on ne l'a juste.
Les gens d'esprit seraient presque seuls, sans les sots qui s'en piquent.
La réflexion est la puissance de se replier sur ses idées, de les examiner, de les modifier ou de les combiner de diverses manières. Elle est le grand principe du raisonnement, du jugement, etc.
Le plaisir et l'ostentation l'emportent dans le coeur des grands sur l'intérêt : nos passions se règlent ordinairement sur nos besoins.
Nul homme n'est assez timide, ou glorieux, ou intéressé, pour cacher toutes les vérités qui pourraient lui nuire.
Les femmes ne peuvent comprendre qu'il y ait des hommes désintéressés à leur égard.
J'approuverais fort la science universelle, si les hommes en étaient capables ; mais j'estime plus un menuisier, qui sait son métier, qu'un bavard, qui pense tout savoir, et qui ne possède rien.
Le plus sot de tous les hommes est celui qui fait des folies par air.
Il est aisé de tromper les plus habiles, en leur proposant des choses qui passent leur esprit et qui intéressent leur coeur.
Les sujets font leur cour avec bien plus de goût que les princes ne la reçoivent : il est toujours plus sensible d'acquérir que de jouir.
Le soleil est moins éclatant, lorsqu'il reparaît après des jours d'orage, que la vertu qui triomphe d'une longue et envieuse persécution.
Qu'il est difficile de faire un métier d'intérêt sans intérêt !
La paix rend les peuples plus heureux, et les hommes plus faibles.
Les faibles veulent quelquefois qu'on les croie méchants ; mais les méchants veulent passer pour bons.
Nous sommes consternés de nos rechutes, et de voir que nos malheurs mêmes n'ont pu nous corriger de nos défauts.
Un homme qui digère mal, et qui est vorace, est peut-être une image assez fidèle du caractère d'esprit de la plupart des savants.
La Bruyère était un grand peintre, et n'était pas peut-être un grand philosophe ; le duc de La Rochefoucauld était philosophe, et n'était pas peintre.
Nous pouvons parfaitement connaitre notre imperfection, sans être humiliés par cette vue.
Il n'est pas vrai que les hommes soient meilleurs dans la pauvreté que dans les richesses.
On est d'autant moins raisonnable sans justesse, qu'on a plus d'esprit.
Les jeunes gens souffrent moins de leurs fautes que de la prudence des vieillards.
Ceux qui médisent toujours, nuisent rarement ; ils méditent plus de mal qu'ils n'en peuvent faire.
Ce qui paraît aux uns étendue d'esprit n'est, aux yeux des autres, que mémoire et légèreté.
Apprenez à un prince à être sobre, chaste, pieux, libéral, vous faites beaucoup pour lui, mais peu pour son état ; vous ne lui enseignez pas à être roi ; lui enseigner à aimer son peuple et sa gloire, c'est lui inspirer à la fois toutes les vertus.
La ressource de ceux qui n'imaginent pas est de conter.
Les longues prospérités s'écoulent quelquefois en un moment, comme les chaleurs de l'été sont emportées par un jour d'orage.
On dissimule quelquefois dans un traité, de part et d'autre, beaucoup d'équivoques qui prouvent que chacun des contractants s'est proposé formellement de le violer, dès qu'il en aurait le pouvoir.
Les hommes sont si sensibles à la flatterie que, lors même qu'ils pensent que c'est flatterie, ils ne laissent pas d'en être dupes.
L'esprit discerne et choisit, mais c'est l'âme qui insuffle.
C'est entreprendre sur la clémence de Dieu que de punir sans nécessité.
Pour se soustraire à la force, on a été obligé de se soumettre à la justice : la justice ou la force, il a fallu opter entre ces deux maîtres ; tant nous étions peu faits pour être libres.
L'éloquence vaut mieux que le savoir.
La fausse conscience ne se connaît pas.
La raison rougit des penchants dont elle ne peut rendre compte.
Les grands rois, les grands capitaines, les grands politiques, les écrivains sublimes, sont des hommes ; toutes les épithètes fastueuses dont nous nous étourdissons ne veulent rien dire de plus.
Aurions-nous cultivé les arts sans les passions ? et la réflexion, toute seule, nous aurait-elle fait connaître nos ressources, nos besoins, et notre industrie ?
Il n'y a pas de gloire achevée, sans celle des armes.
La tranquillité d'esprit passerait-elle pour une meilleure preuve de la vertu ? La santé la donne.
Ceux qui ne savent pas tirer parti des autres hommes sont ordinairement peut accessibles.
Les conseils de la vieillesse éclairent sans échauffer, comme le soleil de l'hiver.
L'envie ne saurait se cacher. Elle accuse et juge sans preuves ; elle grossit les défauts ; elle a des qualifications énormes pour les moindres fautes. Son langage est rempli de fiel, d'exagération et d'injure.
Lorsque deux auteurs ont également excellé en divers genres, on n'a pas ordinairement assez d'égard à la subordination de leurs talents, et Despréaux va de pair avec Racine : cela est injuste.
Les meilleures choses devenues communes, on s'en dégoûte.
On appelait Bayard le chevalier sans peur ; c'est sur ce modèle que sont faits la plupart des héros de notre théâtre. Autres sont les héros d'Homère : Hector a, d'ordinaire, du courage, mais il a peur quelquefois.