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Nous sommes bien plus dangereux que des hommes armés. Nous entrons partout, comme l'air qu'on respire. On a raison de se méfier des artistes dans les pays totalitaires.
Macha Méril
Ma vie continue pourtant. En gris, sans contrastes, d'une manière égale. Rien de saillant, aucun évènement à souligner, à mettre en gras. Autrefois on disait ça de l'écriture, les pleins et les déliés. Je suis déliée. Les pleins, c'est pour les autres. Je ne connais pas les pleins. Les pleins sont devant, je suis derrière, je viens après, en mince filigrane.
Les soldats, c'est ça. Ils veulent être entre eux. la vie civile, ça les défrise.
La fatalité n'a pas d'explication, on l'accepte ou on ne l'accepte pas, les gens simples l'acceptent. Tous les proverbes, dictons et légendes servent à cela. Courber l'échine devant ce qu'on ne maîtrise pas.
Les muscles perdent leur utilité, à cause des machines et du partage des responsabilités avec les femmes. Les femmes se musclent et les hommes s'adoucissent. On va vers un physique androgyne qui touche hommes et femmes, la parité se fera naturellement, par cette seule mutation. La beauté d'hier ne sera pas la beauté de demain, des types nouveaux apparaîtront, entre métissage et mixité.
Je ne vois aucun progrès de l'humanité. La violence ravage l'intime et le collectif et l'accès élargi à la culture a fait d'elle une marchandise.
Vivre avec moi-même n'est pas commode. Pas infaisable puisque je vous parle, mais incommode. Je porte mon lourd cadavre sur le dos, chacun de mes efforts est multiplié par cette charge pesante.
La raison est un tue-l'amour. L'amour a besoin de liberté, de coups de théâtre, d'absurde.
La colle c'est pour que les choses et les gens restent ensemble
Méfiez-vous des euphoriques, ils ne sont pas heureux.
C'est bien l'amour quand c'est fort comme ça, quand on est pris, obnubilé. Mais pas quand on perd la jugeote, qu'on devient esclave.
Il faut construire une société compacte, aucun ciment n'est plus solide que la morale collective.
Les femmes qui se jettent à la tête des hommes brisent cet équilibre ancestral et faussent le jeu de la séduction.
Chacun de nous a besoin d'extrême, de l'extase que procure l'extrême. Les uns le trouvent dans le sport, les autres en faisant du trekking en Alaska, ou dans l'abstraction de la recherche scientifique, d'autres encore dans le jeûne, l'alcool ou les drogues.
Les femmes donnent tout à l'homme qu'elles aiment. La confiance, l'admiration et la tendresse. Quand elles sont trahies, elles tombent de haut.
L'amour est la fin de la liberté, mais c'est le début du dépassement. Il n'y a pas de chaos, il n'y a que des signaux que nous ne comprenons pas
L'amour a ce pouvoir unique, il modèle un visage, il le pétrit à son gré.
Pour faire du cinéma, il ne faut pas transpirer, il faut respirer.
Un enfant est un individu, un être détaché qui grandit à sa manière. On ne peut pas prévoir ce qu'il deviendra. On peut espérer, tenter de l'influencer, être contrariée, mais on ne peut rien changer
Rien ne sert d'avoir raison, si c'est indigeste pour la personne qu'on a en face de soi.
La vie n'a pas toujours le même prix, tout au long de nos existences. Il fluctue, il bouge, il évolue. Comme les actions en bourse
Quand on laisse entrer le doute, l'appréhension, il devient difficile de se rapprocher. Tout incite à reculer. Peur de se dévoiler, peur de s'engager, peur d'être repoussé.
Je pense aussi que nous sommes constitués par nos souffrances. Le chagrin est à la vie ce que l'antimatière est à la matière. Je m'attends à souffrir, bien que je lutte de toutes mes forces pour être heureuse
Si le soleil est la vie, je suis la lune
Les humains déteignent sur la nature et pas le contraire. On est dans un pays arabe, on y mange de la nourriture arabe, on parle et on écrit en arabe. La mer est arabe. Elle sent le safran et le cumin. Elle susurre des mots d'arabe.
Une femme qui est remarquée par un homme ne peut rester indifférente. Sous le faisceau du regard qui fixe son visage, qui poursuit sa silhouette, la femme se sent choisie, nommée.
On dirait qu'une vie doit contenir son lot obligatoire de souffrance. La liberté qui nous reste est celle de vivre écrasé ou avec panache, de rire dans la douleur ou de porter lourdement sa croix. Ma mère savait rire, et nous faire rire
L'aventure d'une relation est sans fin. Tant qu'on souhaite la prolonger, elle contient sa propre dynamique, mais quand la curiosité cesse, tous les efforts semblent vains. L'ennui s'installe.
Les bonnes âmes ne cessaient de lui dire qu'on a plusieurs vies au cours de la vie, qu'un seul homme ne peut endosser toutes les fonctions, répondre à tous les besoins d'une femme, de même qu'une femme ne peut assouvir tous les désirs d'un homme.
À trente-huit ans on peut receler encore des virginités. Le monde est une surprise permanente, on ouvre innocemment une porte et un paysage entier s'engouffre soudain. Une vue nouvelle, une lumière ignorée, un autre temps
On ne peut étirer le temps des larmes indéfiniment, comme le chanteur ne peut tenir une note aiguë trop longtemps. Elle avait tellement pleuré que son coeur était vide.
Divine catharsis du théâtre. Vous écoulez le trop-plein de vos passions et moi, sur scène, je prends corps. Je suis animée par le puissant transfert collectif.
Chaque petite plante se bat vaillamment pour se dresser vers le soleil, et s'éteint quand vient son heure, sans bruit.
J'ai un flash de nostalgie pour la foi aveugle. Notre cartésianisme nous rend-il heureux ? Comme en amour, la partialité absolue n'est-elle pas pourvoyeuse d'extase ? L'illusion n'est-elle pas plus douce que la raison ?
Les apparences sont souvent le fruit d'une grande mise en scène, d'un véritable geste artistique.
Un jour, je suis morte. J'ai eu du mal à m'en remettre. Je ne m'en remets pas, en vérité. Si le soleil est la vie, je suis la lune.
Je suis un paratonnerre, se dit-elle, je sers à déchainer les éléments, je suis une gouttière où s'accumulent les pluies, et qui déborde les jours de tempête
Et puis, quand on est pauvre, on n'a que l'amour ! Même l'iode que l'on respire en se promenant sur une plage, on vous le fait payer !
Le bon cinéma est un langage universel qui réunit les gens les plus divers.