Images
Nous avons tendance à penser que les violences dans le monde, via nos écrans, sont anecdotiques, locales. Nous les regardons comme un spectacle. En vérité elles incarnent la réalité de la planétarisation.
Marc Augé
On dit les idéologies mortes, mais les plus efficaces sont celles qu'on ne perçoit pas comme telles.
Penser la violence comme une exception, comme une anecdote, c'est une erreur totale.
Il faut oublier pour rester présent, oublier pour ne pas mourir, oublier pour rester fidèle.
Les souvenirs sont façonnés par l'oubli comme les contours du rivage sur la mer.
La différence entre l'histoire et l'ethnologie est que l'historien connaît la suite.
L'oubli se conjugue à tous les temps : au futur pour vivre le commencement, au présent pour vivre l'instant, au passé pour vivre le retour...
Il faut savoir oublier pour goûter la saveur du présent, de l'instant et de l'attente, mais la mémoire elle-même a besoin de l'oubli. Il faut oublier le passé récent pour retrouver le passé ancien.
Il suffit de faire grandir la distance pour que les pires horreurs s'effacent. Cette distance historique s'apparente un peu à l'innocence de celui qui lâche une bombe à 10000 mètres d'altitude.
Il y a beaucoup de rapports entre le roman de la quotidienneté et l'ethnologie du quotidien.
Le regard occidental n'a cessé d'être méprisant que pour se faire esthétique.
La science a la chance et la modestie de savoir qu'elle est dans le provisoire, de déplacer les frontières de l'inconnu et d'avancer.
Dans les systèmes polythéistes, il y a à première vue, une opposition totale avec les systèmes monothéistes. L'idée du salut est absolument étrangère à l'Afrique et à la majorité des cultures du monde.
Difficile de jouer un rôle quand il n'a plus lieu d'être, de rester à sa place quand on l'a perdue, d'exister chez les autres quand on est soi-même sans domicile fixe, sans feu ni lieu, presque sans nom.
C'est le devoir de mémoire qui nous parle du passé.
L'image est un accélérateur de violence, dans la mesure où elle affiche la somptuosité, la facilité du geste, y compris de celui qui donne la mort, mais aussi de l'argent.