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Le Mal, c'est ce qu'on ne peut se pardonner.
Marcel Jouhandeau
Bien connaître quelqu'un, c'est l'avoir aimé et haï.
Tout bon livre est un attentat.
Quand il n'y a dans un sentiment rien que d'analysable, il n'y a rien.
La douceur envers soi est la source de toute politesse.
Dieu t'a donné un corps pour t'en réjouir jusqu'aux extrêmes limites de l'âge : c'est aller contre la nature que de te priver de moi, et de me priver de toi.
Peut-être ai-je voulu dire que l'urgence de Dieu est plus sensible, en son absence, dans le trouble que dans la sérénité. La bonté consiste à vivre avec ceux qui nous ont meurtris, comme si de rien n'était.
L'amour, c'est d'apprendre par coeur le corps et l'âme de quelqu'un.
Dieu est mon égoïsme. Ce que j'aime par-dessus tout en moi, c'est Dieu...
Le lit se blotissait très simplement contre le mur sous les roses noires d'une satinette rouge damassée.
Quelle réussite ! Si avant la fin de sa vie on ressemble, même de loin, à ce que l'on a toujours voulu être.
Si tu ne sais pas porter ton péché, ce n'est pas la faute de ton péché : si tu renies ton péché, ce n'est pas toujours ton péché qui est indigne de toi, mais toi de lui.
L'enfer, cette inclémence, est la première institution chrétienne.
L'art est justifié dans la mesure où il ajoute à la vie juste ce qui lui manque pour être plus vraie qu'elle-même.
Il y a des couples heureux, des moitiés qui se respectent mutuellement. D'ailleurs, j'ai eu beau ne pas me séparer de ma femme et souffrir de ses empiétements, sur divers plans je me suis toujours conduit comme un célibataire.
L'originalité de l'esprit aussi bien que de la sensibilité, c'est d'esquiver l'évidence pour être sensible à ce qui risque de n'être pas remarqué.
En amour, ce que je cherche, ce n'est ni tout à fait l'amour, ni la beauté, ni le plaisir, mais une sorte de défi à l'orgueil et l'occasion de vaincre quelqu'un par une suprême élégance du coeur.
N'est-ce pas avoir assez vécu que de mourir sans regret ?
Il eut le culte d'un ange aux ailes de biscuit si déliées, fines et transparentes qu'il les voyait vraiment trembler.
Mieux vaut mourir d'un excès de vigueur que d'un manque de vitalité.
Vivre, c'est naître sans cesse. La mort n'est qu'une ultime naissance, le linceul notre dernier lange.
Avoir quelqu'un à aimer, c'est le paradis !
L'amour fait le vide autour d'un seul visage.
On est toujours pire et meilleur qu'on ne croit.
Pouvoir d'affirmation de l'amour. On s'arroge le droit et le pouvoir de faire un dieu, de réaliser à son usage une sorte d'apothéose privée.
Vieillir, si l'on sait, ce n'est pas tout ce qu'on croit. Ce n'est pas du tout diminuer, mais grandir.
Aimer et haïr, ce n'est qu'épuiser avec passion l'être d'un être. J'ai répondu que cette pensée est peut-être de moi, mais qu'elle ne saurait s'appliquer à moi, attendu que je ne sais ce que c'est que la haine.
J'habite cependant mon sentiment, profond comme une grotte sacrée, qui avec moi se déplace. Où que je sois, comme une aura noir et or, mon amour pour Lui m'isole.
De la vérité l'homme n'est pas capable, aussi n'y a-t-il pas d'erreur plus grave que de croire la tenir.
Le reflet de ce qu'on aime se répand sur le monde comme une ombre lumineuse ; ombre parce qu'elle couvre les choses. Aimer, c'est n'avoir plus droit au soleil de tout le monde. On a le sien.
Longtemps, dans l'amour la sensualité n'est qu'un mode d'expression, une forme désespérée de la tendresse, un langage, celui balbutiant de l'adoration ; la caresse et le baiser des signes que la force de l'émotion cache, dérobe au plaisir.
Ceux qui peuvent haïr ou songer à se venger ne savent pas ce que c'est que le coeur, ne savent pas ce que c'est que d'aimer. Le coeur sous le sarcasme de ceux qui le broient aime toujours.
On peut décréter et ressentir sa mort, sans attenter à sa vie. La mort est un état d'âme.
Voilà : ma vie est tellement mêlée à la sienne que, quoi que j'en aie, tout ce qui lui arrive m'époinçonne.
Un athée est un homme châtré du côté de l'âme.
La vieillesse ne me semble pas du tout le morne vestibule de la mort, mais comme les vraies grandes vacances, après le surmenage des sens, du coeur et de l'esprit que fut la vie.
Un jour vient où vous manque une seule chose et ce n'est pas l'objet de votre désir, c'est le désir.
Le Mal se présente d'abord comme une difficulté, comme une épreuve, comme une tentation et puis se révèle comme une habitude, comme une servitude, comme une nécessité, comme une tare.
Aimer, c'est n'avoir plus droit au soleil de tout le monde. On a le sien.