Images
Je suis revenue de là-bas comme glacée de l'intérieur. J'ai mis tellement de temps à être dans la vie, à pouvoir simplement écouter de la musique.
Marceline Loridan-Ivens
On ne revient jamais vraiment d'Auschwitz.
J'ai vécu comme je l'ai appris là-bas, en prenant les jours les uns après les autres.
Si je dois jeter un bout de pain, je le jette mais en me disant que c'est drôlement culotté de faire une chose pareille.
La perversité des SS prend sa mesure dans la blessure de l'intime.
Quand on est âgée, et qu'il n'y a plus d'enjeux avec les hommes, c'est merveilleux.
Quand je témoigne, je demande que l'on montre un film. Pour que les enfants voient et qu'ils ne restent pas que dans le langage.
Aujourd'hui encore quand j'entends dire Papa, je sursaute, même soixante-quinze ans après.
L'image a une force que la parole n'a pas forcément.
Je ne renoncerai jamais à trois choses : au cinéma, à témoigner, et à raconter des histoires.
On ne vit pas après Auschwitz, on vit avec en permanence.
Le corps des femmes a été défiguré par les camps.
Il fallait montrer les images des camps. Mais il y a du danger à toujours les utiliser.
Attendre des autres ce qu'ils ne peuvent pas vous donner revient à entrer dans une prison.
Quand on revient des camps, on connaît le pire de l'homme.
Ce sont les événements qui vous renvoient à votre judéité.
Trente ans plus tard, je me disais qu'il fallait que je reste svelte pour ne pas passer au gaz.
Savoir vieillir, c'est savoir faire son chemin jusqu'au bout.
J'ai vu là-bas s'affaisser les peaux, les ventres, j'ai vu se friper les femmes, le délabrement des corps en accéléré, jusqu'au décharnement.
On a l'âge de son traumatisme.
Je n'avais pas peur de la mort. Parce que je sais comment les gens meurent. Je sais comment sont les corps, après.