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Ce que tu peux être emmerdant avec la nourriture, dit Sara, c'est incroyable.
Marguerite Duras
Le crépuscule commença à balayer la mer. Et le ciel, lentement, se décolora.
Sans fin se décrivant. L'un l'autre. A l'un, l'autre. Disant la couleur des yeux. Le grain de la peau. La douceur du sein qui tient dans la main. La douceur de cette main. En ce moment même où elle en parle, elle la regarde. Je me regarde avec tes yeux.
C'est dommage pour ces petits chevaux-là, j'aurais bien aimé de vous les montrer.
Etre seule avec le livre non encore écrit, c'est être encore dans le premier sommeil de l'humanité.
La passion reste en suspens dans le monde, prête à traverser les gens qui veulent bien se laisser traverser par elle.
Et on débouche peu à peu sur une conversation généralement partisane et particulièrement neutre.
La solitude est toujours accompagnée de folie.
Elle regarde des enfants qui jouent pieds nus dans les caniveaux de la place. Une masse d'eau argileuse circule entre leurs pieds.
Il est vrai que la mer ne montait pas à la même hauteur chaque année. Mais elle montait toujours suffisamment pour brûler tout, directement ou par infiltration.
... qu'elle soit bonne ou mauvaise, ta vie, il n'y a pas deux façons de quitter sa mère.
L'été m'angoissait. Parce que sans doute désespérais-je de jamais trouver à vivre quelque chose qui s'accordât à lui.
Il faut toujours une séparation d'avec les autres gens autour de la personne qui écrit des livres. C'est une solitude. C'est la solitude de l'auteur, celle de l'écrit.
La meilleure façon de gagner du temps est de le perdre.
La seule façon de se sortir d'une histoire personnelle, c'est de l'écrire.
Boire ce n'est pas obligatoirement vouloir mourir, non. Mais on ne peut pas boire sans penser qu'on se tue. Vivre avec l'alcool, c'est vivre avec la mort à la portée de la main.
C'est une merveille d'ignorer l'avenir.
Fille de paysans, elle avait été si bonne écolière que ses parents l'avaient laissée aller jusqu'au brevet supérieur.
La voix c'est plus que la présence du corps. C'est autant que le visage, que le regard, que le sourire. Une vraie lettre c'est bouleversant parce qu'elle est parlée, écrite avec la voix parlée.
J'ai commencé tôt à faire de moins en moins ce qui m'aurait plu, et puis à ne plus le faire du tout. C'est ce qu'on appelle une existence remplie.
Quand on écrit il y a comme un instinct qui joue.
Il n'y a pas deux façons de quitter sa mère.
Le tort des gens, c'est en général de ne pas assez se marrer.
Mais ses yeux s'ensoleillaient à la moindre nouveauté.
Je ne parviens à me libérer de moi que dans deux cas : par l'idée du suicide et par celle d'écrire.
Tu me tues. Tu me fais du bien.
De loin, avec des doigts de fée, le souvenir d'une certaine mémoire passe.
Les oiseaux, c'est comme l'amour, ça a toujours existé. Toutes les espèces disparaissent, mais pas les oiseaux. Comme l'amour.
Je voudrais un autre verre de vin, réclama Anne Desbaresdes. On le lui servit dans la désapprobation.
Je me suis dit qu'on écrivait toujours sur le corps mort du monde et, de même, sur le corps mort de l'amour.
Moi qui ne prie pas, je le dis, et certains soirs j'en pleure pour dépasser le présent obligatoire - à travers une télévision de publicité, maintenant orientée vers l'avenir de yohourts et des automobiles.
Le ciel est vide. Ca fait des années que j'aime cet homme. Un homme que je n'ai pas encore nommé. Un homme que j'aime. Un homme qui me quittera. Le reste, devant, derrière moi, avant et après moi, ça m'indiffère. Je t'aime.
La passion de l'homosexualité c'est l'homosexualité. Ce que l'homosexuel aime comme son amant, sa patrie, sa création, sa terre, ce n'est pas son amant, c'est l'homosexualité.
J'avais toujours bien aimé les paysages de ce genre, géographiques pour ainsi dire, les caps, les deltas, les confluents, et surtout les embouchures, la rencontre des fleuves et de la mer.
Il n'y a pas de vacances à l'amour, ça n'existe pas. L'amour, il faut le vivre complètement avec son ennui et tout, il n'y a pas de vacances possibles à ça.
Il devient brutal, son sentiment est désespéré, il se jette sur moi, il mange les seins d'enfant, il crie, il insulte. Je ferme les yeux sur le plaisir très fort. Je pense : il a l'habitude, c'est ce qu'il fait dans la vie, l'amour, seulement ça.
La solitude, ça veut dire aussi : Ou la mort, ou le livre.
Le devoir est un mot que je n'aime pas : il y a l'écriture et puis il y a la vie, avec ses horreurs, ses injustices. L'un et l'autre ne peuvent être liés qu'à condition de faire de la vie et de ses catastrophes une écriture.
Ecrire c'est tenter de savoir ce qu'on écrirait si on écrivait - on ne le sait qu'après - avant, c'est la question la plus dangereuse que l'on puisse se poser. Mais c'est la plus courante aussi.
On ne trouve pas la solitude, on la fait. La solitude elle se fait seule. Je l'ai faite. Parce que j'ai décidé que c'était là que je devrais être seule, que je serais seule pour écrire des livres.
Il y a des fois, dit-elle, où on ne les fait pas pour s'en aller, mais pour faire peur à l'autre. Les femmes, toutes les femmes ont fait leurs valises pour rien une fois dans leur vie. On les fait pour qu'on vous retienne.
Mais aimer une jeune fille c'est n'aimer personne puisque ça ne reste pas, puisque ça change en devenant femme.
Personne n'a jamais écrit à deux voix.
Se trouver dans un trou, au fond d'un trou, dans une solitude quasi totale et découvrir que seule l'écriture vous sauvera.
Pourquoi une maternité ne serait-elle pas mal venue ? Pourquoi la naissance d'une mère par la venue de l'enfant ne serait-elle pas ratée elle aussi ?
On ne peut pas aimer la mort si elle vous est imposée du dehors. Vous croyez pleurer de ne pas aimer. Vous pleurez de ne pas imposer la mort.
Ce qui remplit le temps c'est vraiment de le perdre.
Elle baissa sa main, l'étala devant elle et enfila la bague dans son annulaire. Ses yeux ne quittaient pas le diamant.
Il faut éviter de penser à ces difficultés que présente le monde, quelquefois. Sans ça, il deviendrait tout à fait irrespirable.
C'est bien la même chose, en fin de compte, toutes ces histoires : travailler..., pas travailler... et puis on s'embarque sur ce bateau-là... Ce qu'il faut ? Ne rien regretter, c'est tout.