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Très vite dans ma vie il a été trop tard ; à dix-huit ans il était déjà trop tard.
Marguerite Duras
Il y a une folie d'écriture qui est en soi-même, une folie d'écrire furieuse mais ce n'est pas pour cela qu'on est dans la folie. Au contraire.
L'histoire de ma vie n'existe pas. Ca n'existe pas. Il n'y a jamais de centre. Pas de chemin, pas de ligne. Il y a de vastes endroits où l'on fait croire qu'il y avait quelqu'un, ce n'est pas vrai il n'y avait personne.
Le caporal demanda à Suzanne s'il fallait commencer le travail chez eux, leurs semis, dans l'ensemble, étant prêts pour le dépiquage.
La piste restait aux enfants. Quand un automobiliste en écrasait un il s'arrêtait parfois, payait un tribut aux parents et repartait.
Comment nommer ce temps qui s'ouvre devant Maria ? Cette exactitude dans l'espérance ? Ce renouveau de l'air respiré ? Cette incandescence, cet éclatement d'un amour enfin sans objet ?
Quand il y avait du monde j'étais à la fois moins seule et plus abandonnée.
L'autre rive était en effet plate pendant vingt kilomètres, jusqu'aux montagnes d'où étaient arrivés le lendemain de l'accident les parents du démineur.
Lorsque l'imagination reprend le passé, le souffle reprend vie.
L'après-midi était encore brûlant et le soleil était haut dans le ciel.
Je pourrais me tromper, croire que je suis belle comme les autres femmes, comme les femmes regardées, parce que l'on me regarde vraiment beaucoup.
On arrive à ne plus vouloir se sortir de la merde, à se dire qu'à défaut d'autre chose, on peut faire une carrière de merde.
Dès que l'être humain est seul il bascule dans la déraison. Je le crois : je crois que la personne livrée à elle seule est déjà atteinte de folie parce que rien ne l'arrête dans le surgissement d'un délire personnel.
L'enfant poussa la grille, son petit cartable brinqueballant sur son dos, puis il s'arrêta au seuil du parc.
Je crois d'ailleurs que l'amitié, comme l'amour dont elle participe, demande presque autant d'art qu'une figure de danse réussie. Il y faut beaucoup d'élan et beaucoup de retenue, beaucoup d'échanges et de paroles et beaucoup de silences.
... pour que vous vous intéressiez à moi, il faut que je vous parle de vous.
Le doute, c'est écrire.
Même l'amour d'un chien, c'est sacré. Et on a ce droit-là - aussi sacré que celui de vivre - de n'avoir à en rendre compte à personne.
Mon histoire, elle est pulvérisée chaque jour, à chaque seconde de chaque jour, par le présent de la vie, et je n'ai aucune possibilité d'apercevoir clairement ce qu'on appelle ainsi : sa vie.
C'est comme l'intelligence, la folie, tu sais. On ne peut pas l'expliquer. Tout comme l'intelligence. Elle vous arrive dessus, elle vous remplit et alors on la comprend. Mais, quand elle vous quitte, on ne peut plus la comprendre du tout.
Il connaît mieux la ville que les policiers. Un as, Rodrigo.
Les erreurs de langage sont des crimes.
Aucun amour au monde ne peut tenir lieu de l'amour, il n'y a rien à faire.
- Alors vous êtes venu dans le bateau ? dit Sara. Ludi était très content. Depuis le temps qu'il louchait dessus.
Vous devez aimer beaucoup les hommes. Très, très affectueux. Vous devez les aimer beaucoup pour les aimer. Sinon, ils sont tout simplement insupportables.
Il y a souvent des récits et très peu souvent de l'écriture.
Ce fût là ma première découverte à son propos : ne rien savoir de Lol était la connaître déjà.
Donc voyez, j'écris pour rien. J'écris comme il faut écrire il me semble. J'écris pour rien. Je n'écris même pas pour les femmes. J'écris sur les femmes pour écrire sur moi, sur moi seule à travers les siècles.
Le fait qu'elle ait récupéré si complètement sa santé mentale était pour elle une source de tristesse. On ne devrait jamais être guéri de sa passion.
Ma vie est un film doublé, mal monté, mal interprété, mal ajusté, une erreur en somme.
La mère taillait ses bananiers. Le caporal les butait et les arrosait derrière elle.
La musique, la vraie musique, ne peut jamais être l'arrière-fond de quelque chose d'autre. Elle doit nous remplir - nous vider - de tout.
Je sais que ce ne sont pas les vêtements qui rendent les femmes belles ou non, ni les soins de beauté, ni les crèmes chères, ni la distinction du coût de leurs parures. Je sais que le problème est ailleurs. Je ne sais pas où. Je sais seulement que ce n'est pas où les femmes pensent.
Tu verras, c'est dehors qu'ils sont bien. Il ne faut pas enfermer les hommes. C'est dans la rue qu'ils sont le mieux.
La confirmation de la tristesse est une consolation.
La connaissance qu'a un seul homme de la faute de cent autres ne lui sert à rien.
Cet amour insensé que je lui porte reste pour moi un insondable mystère. Je ne sais pas pourquoi je l'aimais à ce point là de vouloir mourir de sa mort. J'étais séparée de lui depuis dix ans quand c'est arrivé et je ne pensais que rarement à lui. Je l'aimais, semblait-il, pour toujours et rien de nouveau ne pouvait arriver à cet amour. J'avais oublié la mort.
C'est drôle le bonheur, ça vient d'un seul coup, comme la colère.
Ecrire, c'était ça la seule chose qui peuplait ma vie et qui l'enchantait. Je l'ai fait. L'écriture ne m'a jamais quittée.
Il pleure souvent parce qu'il ne trouve pas la force d'aimer au-delà de la peur.
C'est peut-être bien l'amour à la longue qui rend méchant comme ça. Les prisons en or des grandes amours. Il n'y a rien qui enferme plus que l'amour. Et d'être enfermé à la longue, ça rend méchant, même les meilleurs.
Il reste toujours quelque chose de l'enfance, toujours...
Tout le village était immobile, englué dans l'oubli de la sieste d'été.
L'index de sa main gauche est enfermé dans un gros doigt en cuir, noué autour du poignet.
L'écriture c'est l'inconnu. Avant d'écrire on ne sait rien de ce qu'on va écrire. Et en toute lucidité
Quand on les prend jeunes, on peut en faire les compagnes les plus dévouées, les collaboratrices les plus sûres.
Veux-tu lire ce qu'il y a d'écrit au-dessus de ta partition ? demanda la dame.
Joseph forçait toujours Suzanne à rentrer dans l'eau. Il aurait voulu qu'elle sache bien nager pour se baigner avec lui dans la mer, à Ram. Suzanne était réticente.
L'alcool a été fait pour supporter le vide de l'univers, le balancement des planètes, leur rotation imperturbable dans l'espace leur silencieuse indifférence à l'endroit de votre douleur.
Je porte ces robes comme des sacs avec des ceintures qui les déforment, alors elles deviennent éternelles.