Images
Ce qui fait la grandeur d'un roman, c'est aussi la manière dont la psychologie des personnages y est travaillée. C'est important car le destin des personnages est sans doute ce qui nous reste en mémoire.
Marie NDiaye
Je profite chaque jour de ce que mon amour a fait de moi et, si je peux vivre en bonne intelligence avec moi-même, c'est grâce à la façon dont mon amour exclusif, absolu, impérissable a transmué le garçon que j'étais avant, banalement désireux de réussir, commun, pragmatique, en jeune homme capable d'éblouissement et de renoncement.
Les livres qui me restent le plus profondément en mémoire sont souvent ceux dans lesquels je n'ai pas toujours tout compris ou dont je ne suis pas absolument sure du sens final !
Dans ma vie, l'origine africaine n'a pas vraiment de sens – sinon qu'on le sait à cause de mon nom et de la couleur de ma peau. Bien sûr, le fait d'avoir écrit des histoires où l'Afrique est présente peut paraître contradictoire. Je suis allée deux ou trois fois en Afrique, c'est un lieu qui m'intrigue, me fascine aussi, car je sens que j'y suis radicalement étrangère.
e suis d'abord sensible à l'écriture, à l'esthétique. Je cherche la musique des phrases, l'harmonie souterraine qui se dégage d'un livre d'imagination et qui fait que l'on a l'impression qu'il n'aurait pas pu être écrit autrement.
Le gendarme s'était assis aussi loin de moi que possible et, lorsque je tournais les yeux vers lui pour me donner une contenance, son air rogue, défiant, prenait une fixité haineuse. Il me craignait, découvris-je avec étonnement. Il était jeune, grêle, craintif, et sa main avait répugné tout particulièrement à m'empoigner tout à l'heure.
Ma mère est une femme en vert, intouchable, décevante, métamorphosable à l'infini, très froide et sachant, par la volonté, devenir très belle, sachant aussi ne pas le désirer.
On ne revient jamais, quand on vient de gagner, sur le lieu où s'est livré la bataille.
Quel boniment, si tu savais ! […] Mais il n'y a rien qui paie mieux, en ce moment.
Je suis un homme qui s'est fait seul et je crois que j'ai le droit d'en tirer une certaine fierté.
Je fais la Guerre à l'Amour.
La place d'un homme, blanc ou noir, est à la maison quand la nuit est tombée. Avec ses enfants et celle qui les lui a donnés.
Je reconnais l'écriture de ma mère : les points sur les i sont des cercles disproportionnés, chaque phrase contient plusieurs fautes inattendues, d'une certaine façon personnelles, originales.
Les mystères ne sont pas tous douloureux. Il y aussi des mystères heureux !
J'ai souvent rencontré des Français qui ont été élevés en Afrique et qui sont plus africains que moi. Alors qu'eux, en Afrique, dans le regard des autres, ils restent étrangers… Ironiquement, c'est en France que je peux paraître étrangère.
Elle n'était pas de ceux qui, à force de jouer les idiots le deviennent car ils oublient que ce n'était d'abord qu'un rôle
La seule chose qui change quand on a une origine africaine, c'est qu'on est noir, c'est visible. Mais c'est tout.[...] J'ai été élevée dans un "univers 100 % français".
Contre la mélancolie, contre les regrets, le bon sens et le cynisme ne peuvent rien.
Ma relation à l'Afrique est un peu rêvée, abstraite, au sens où l'Afrique, dans ma tête, est plus un songe qu'une réalité. En même temps, je suis attirée, incontestablement, mais de manière contradictoire, parce que j'aurais pu sans peine faire des voyages plus fréquents là-bas. Mais il y a peut-être de ma part une sorte de crainte, je ne sais pas précisément de quoi
En initiant Maud et Lise je n'avais fait que précipiter le moment où elles se seraient détachées de moi, fortes de leur volonté de puissance
Il était impuissant à aimer son fils envers et contre tout, et quel qu'il fût, c'est donc qu'il ne l'aimait pas.
Un écrivain travaille aussi avec ce qu'il a sous la main. Je n'ai pas connu la guerre. Je n'ai jamais exercé une profession. Je n'aurais pas pu écrire sur ces sujets. J'écris sur ce que je connais le mieux. En l'occurrence, la famille.
Qu'est-ce qui l'empêchait d'être aussi malin que les autres, puisqu'il n'était pas plus sot ?
Personne, d'ailleurs, n'aurait pu ressembler moins à une sorcière que ma mère.
Soudain, des manches de leur blouson, des cheveux de Maud et Lise, voletèrent quelques plumes légères d'un brun-noir, qui délicatement se posèrent sur le parquet poli. Mes filles riaient, enfantines, glorieuses.
Mais est-il indispensable de poser la question quand la réponse est évidente ?
Qui ayant connu une fois la tendresse peu de soi-même y renoncer ?