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Je crois que la mécanique de mes paupières est cassée, je ne peux plus les fermer. Les souvenirs surgissent, en boule.
Mathias Malzieu
Il pleut sous mon crâne, mais les éclaircies demeurent.
On a beau se délecter de la lune, on veut du soleil aussi.
Je ne veux pas que tu aimes "ça en moi", je veux que tu aimes "moi tout entier".
J'ai besoin de ma dose de ciel, je ne peux pas respirer correctement si je n'inhale pas ne serait-ce qu'un peu de vent frais.
Peu importe que tu fasses rire ou pleurer, tant que tu génères une émotion, non ?
Cette nuit je vais grimper à la lune, m'installer dans le croissant comme dans un hamac et je n'aurai absolument pas besoin de dormir pour rêver.
Rien n'est plus ennuyeux que quelqu'un qui ne parle que de son boulot.
Le toit de la maison, très pointu, est incroyablement élevé. La cheminée, en forme de couteau de boucher, pointe vers les étoiles. La lune y aiguise ses croissants.
Ne pas trop aimer, c'était la clé pour ne pas trop disparaître, et ne pas trop souffrir.
La lumière de la lune nimbe les rues du coeur de la ville d'une aura sucrée, je rêve d'y croquer.
Je la regarde cacher ses yeux immenses sous ses paupières-ombrelles et je me sens haltérophile de montagnes, Himalaya au bras gauche et Rocheuses au bras droit.
Imperceptiblement, je me laisse tomber amoureux. Perceptiblement, aussi. A l'intérieur de mon horloge, c'est le jour le plus chaud du monde.
L'amour est une équation poétique, cher ami ! Tu dois chercher à la résoudre quoi qu'il advienne.
Tasser son coeur au fond du cerveau pour arriver à réfléchir à ces absurdités dérisoires.
J'enfouis mon ombre de géant dans le trou de mon coeur, sorte de machine à laver avec du sang à la place de l'eau et et de la peau à la place du linge. Temps de séchage : une vie entière.
Je sais que je ne devrais pas m'enflammer, mais je ne peux m'en empêcher. Il y a toujours un moment aussi ridicule qu'agréable où je crois à l'impossible.
Quoiqu'il arrive, que je devienne un costaud ombrageux ou que je reste un genre d'épouvantail, jamais de la vie je ne veux devenir tiède.
L'étincelle dans son regard est intacte, mais elle a comme un faux contact dans le sourire.
Je n'aurais jamais cru que ce soit si compliqué de garder à ses côtés la personne que l'on aime de toutes ses forces.
Quand ce sera mon tour de mourir, je voudrais m'évaporer. Je ne veux pas que quelqu'un que j'aime ait à choisir où m'enterrer et dans quelle boîte.
Je l'effleure de toutes mes forces, elle m'est fleur de toutes les siennes.
Tu connaissais les risques en donnant les clés de ton coeur à une étincelle, mon garçon !
J'étudie la mécanique de son coeur avec passion, je tente d'en ouvrir les serrures bloquées, avec des clés douces. Mais certains endroits semblent fermés à jamais.
Tes yeux sont trop grands, on voit ton coeur à travers quand tu ris.
Le vent veut me caresser la peau, mais les circuits sont coupés. Je ne sens rien, je ne suis rien.
De village en village, ma réputation commençait à me précéder. L'affluence augmentait, on m'apportait de quoi manger, des pansements, et même des livres. Je m'étais fixé une règle : ne pas rester plus de vingt-quatre heures au même endroit.
Le son d'un instrument qui se brise vous arrache le coeur. C'est un des plus tristes bruits de l'histoire des bruits.
Rien n'est plus sexy que le cerveau d'une fille avec de l'humour dedans. Les seins, les fesses, la bouche sont des amuse-gueules délicieux, mais le partenaire des longues aventures, c'est l'humour.
Je suis un trucage humain qui aspire à devenir un homme sans trucages.
Il te donnera à boire de sa sève, tu t'échapperas par ses racines et tu fleuriras en plein ciel.
J'aurais voulu faire aigle royal, ou goéland majestueusement cool, mais au lieu de ça j'ai fais canari stressé empêtré dans ses soubresauts.
Comment on va faire maintenant qu'il fait tout le temps nuit sur toi ? Qu'est-ce que ça veut dire la vie sans toi ? Qu'est-ce qui se passe pour toi là ? Du rien ? Du vide ? de la nuit, des choses de ciel, du réconfort ?
Il avait été soigné par une doctoresse qui lui racontait des histoires de dépassement de soi, de métamorphoses. À son tour, il encourageait ses patients à muscler leur imagination pour combattre la maladie au quotidien.
Je tisse comme une araignée du ciel le fil qui relie les rêves et la réalité et dans ma toile j'embarque l'espoir absolu.
On avait peur et mal. Mais c'était rien à côté du vide qui nous a explosé silencieusement à la gueule avec le petit "c'est fini" de l'infirmière. Tout le monde avait peur. Peur que tu partes. Et maintenant que tu es partie, on a encore plus peur.
Penser à toi, c'est comme jeter des flocons dans un feu. Il est une forme de bonheur qui me fait peur à peu près pour toujours.
Est-ce que ça va mieux, est-ce que c'est léger comme une bulle de laisser son corps juste là, tel un vêtement abîmé que l'on ne peut plus porter ? C'est fini ce poids qui écrasait ton sourire ?
Le ciel est blanc comme l'intérieur d'un nuage, et les étoiles noires comme des trous d'encre.
Mes yeux sont exorbités, ma voix est exorbitée, mes mouvements sont exorbités. Je deviens un sécateur vivant capable de découper n'importe quoi et n'importe qui.
On vient de déposer le sablier du temps qu'il me reste à vivre entre mes mains. Un dé à coudre. Rien d'autre qu'un putain de dé à coudre.
Je découvre l'étrange mécanique de son coeur. Elle fonctionne avec un système de coquille auto-protectrice liée à l'abyssal manque de confiance qui l'habite. Une absence d'estime de soi se bagarrant avec une détermination hors du commun.
Envoie-moi une armée de coeurs en acier.
Il y a de l'anesthésie sur les tartines. On en a mis partout, pour que personne n'explose.
Mais le pire, c'est de se réveiller au beau milieu de la journée dans ce cimetière pour vivants. Personne ne lit, tout le monde bâille devant la télé. C'est le temps des heures flasques, des horloges molles à la Dali.
Je sens mes os, agrandis dans les épaules, mais pas ma peau. Je suis suspendu à mon squelette.
J'en ai marre de me faire réparer, je voudrais quelque chose de suffisamment solide pour supporter les émotions fortes, comme tout le monde.
Je me croyais pourtant capable de tout pour elle, d'effriter des copeaux de Lune pour pailleter ses paupières.
La peau à l'intérieur de mon cerveau est constellée de bleus qui ne s'effacent jamais. Je suis un homme-grenier. Je garde tout.
C'est effroyable le bruit d'un coeur qui se casse. Comme un oeuf près à éclore écrasé par un bulldozer en porcelaine.