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L'attente commence quand il n'y a plus rien à attendre, ni même la fin de l'attente. L'attente ignore et détruit ce qu'elle attend. L'attente n'attend rien.
Maurice Blanchot
Là où la légèreté nous est donnée, la gravité ne manque pas.
La lecture est un bonheur qui demande plus d'innocence et de liberté que de considération.
Le risque de se livrer à l'inessentiel est lui-même essentiel.
Penser est désormais ce pas toujours à porter en arrière.
L'avenir est rare, et chaque jour qui vient n'est pas un jour qui commence.
Du "ne pas encore" au "ne plus", tel serait le parcours de ce qu'on nomme l'écrivain, non seulement son temps toujours suspendu, mais ce qui le fait être par un devenir d'interruption.
L'oubli détient le pouvoir et le sens du secret.
Chaque fois que tu oublies, c'est la mort que tu te rappelles en oubliant.
Est-ce un souci éthique qui t'éloigne du pouvoir ? Le pouvoir lie, le non-pouvoir délie. Parfois le non-pouvoir est porté par l'intensité de l'indésirable.
Tous les mots sont adultes. Seul l'espace où ils retentissent les reconduit vers la mort perpétuelle où ils semblent naître toujours.
Mourir non pas personnellement, mais par l'intermédiaire de tous les autres.
Qui a peur éveille l'épouvante, et qui faiblit se livre à une force sans pitié et sans justice.
Que notre enfance nous fascine, cela arrive parce que l'enfance est le moment de la fascination, est elle-même fascinée, et cet âge d'or semble baigné dans une lumière splendide parce qu'irrévélée.
Ainsi, nous savons que compte moins l'oeuvre que l'expérience de sa recherche et qu'un artiste est toujours prêt à sacrifier l'accomplissement de son ouvrage à la vérité du mouvement qui y conduit.
Il faut tout dire. La première des libertés est la liberté de tout dire.
Le rêve est le semblable qui renvoie éternellement au semblable.
Dans les périodes dites heureuses, seules les réponses semblent vivantes.
Qui séjourne auprès de la négation ne peut se servir d'elle.
Avant l'oeuvre, oeuvre d'art, oeuvre d'écriture, oeuvre de parole, il n'y a pas d'artiste, ni d'écrivain, ni de sujet parlant, puisque c'est la production qui produit le producteur, le faisant naître ou apparaître en le prouvant.
La réponse est le malheur de la question.
Le pourrissement de l'attente, l'ennui.
La banalité est faite d'un mystère qui n'a pas jugé utile de se dénoncer.
L'élève écoute le maître avec docilité. Il reçoit de lui des leçons et il l'aime. Il fait des progrès. Mais, si un jour il voit que ce maître est Dieu, il le bafoue et ne sait plus rien.
On n'échappe pas au spectacle du bonheur.
... si l'imaginaire risque un jour de devenir réel, c'est qu'il a lui-même ses limites assez strictes et qu'il prévoit facilement le pire parce que celui-ci est toujours le plus simple qui se répète toujours.
Qu'arrive-t-il lorsqu'on a trop longtemps vécu dans les livres ? On oublie le premier et le dernier mot.
Je n'ai jamais pensé que le hasard qui vous fait rencontrer beaucoup d'êtres, vous oblige à les livrer à la curiosité ou la jalousie des autres : ils surgissent, ils s'en vont dans une obscurité dont ils sont dignes.
Pour écrire, il faut déjà écrire.
L'ordre et les dieux meurent dès qu'un seul homme a poussé son accomplissement jusqu'au terme de la liberté.
La voyant bondir vers l'air libre, l'instinct de proie me saisit, je la rattrapai vers l'escalier, la pris à bras-le-corps et la ramenai en la traînant à terre jusque sur le lit où elle tomba tout à fait.
... vous ne me consolerez pas avec la pensée du malheur d'autrui. Ce que je souffre est pour moi.
Ecrire, serait-ce devenir lisible pour chacun et, pour soi-même, indéchiffrable ?
L'art nous offre des énigmes, mais par bonheur aucun héros.
L'intelligence s'intéresse à tout : les mondes, les arts, les civilisations, les ébauches et les accomplissements, tout lui importe et tout lui appartient. Elle est l'intérêt universel qui comprend tout passionnément, tout par rapport à tout.
L'oeuvre est solitaire : cela ne signifie pas qu'elle reste incommunicable, que le lecteur lui manque. Mais qui la lit entre dans cette affirmation de la solitude de l'oeuvre, comme celui qui l'écrit appartient au risque de cette solitude.
Prudence difficile à déchiffrer, où l'on ne sait si le désir de "ne pas voir la mort" exprime la crainte de la voir, l'élusion et la fuite devant l'inconcevable.
Lorsque tu affirmes, tu interroges encore.
Tout art tire son origine d'un défaut exceptionnel.