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Je suis un grand oiseau qui déploie ses ailes au-dessus des hautes montagnes et plonge vers les vallées sereines. Je suis les ondulations des vagues sur les mers argentées. Je suis un bourgeon au printemps, tremblant à l'idée de s'épanouir pleinement.
Maya Angelou
Ma fille, vois les choses ainsi : lorsque les gens t'évitent, savoure le temps qu'ils te laissent pour méditer et pour réfléchir aux soin à donner à ce qui t'affecte vraiment.
Il est curieux que des enfants sans foyer, le limon de la frénésie guerrière, aient pu m'initier à la fraternité des hommes.
Les "jeunes" ? Ces faces de béton et ces yeux de haine qui vous brûlaient vos vêtements sur la peau s'il leur arrivait de vous voir traîner dans la grand-rue le samedi. Des jeunes ? Il semblait que la jeunesse ne les eût jamais rencontrés. Des jeunes ? Non, plutôt des hommes couverts de l'ancienne poussière des tombes, sans beauté ni savoir. La laideur et la pourriture de vieilles abominations.
Ô poètes noirs, connus et inconnus, combien de fois vos souffrances vendues à la criée nous ont-elles soutenus ? Qui additionnera les nuits solitaire rendues moins solitaires par vos chants, ou les assiettes vides moins tragiques par vos légendes.
Il m'est bon de me rappeler combien de montagnes j'ai escaladées au cours de ma vie et combien de rivières j'ai enjambées. Je suis prête pour les défis à venir et suis forgée par ce savoir.
Si nous étions un peuple prompt à révéler nos secrets, nous pourrions élever des monuments pour y sacrifier à la mémoire de nos bardes. Mais l'esclavage nous a guéris de cette faiblesse.
Nous accumulons les années dans notre corps, sur notre visage, mais, au vrai, dans notre chair demeure l'enfant que nous étions, innocent et timide comme un soupir.
Si grandir est pénible pour une petite fille noire du Sud, être consciente de sa non-appartenance c'est la rouille sur le rasoir qui menace la gorge. C'est une insulte superflue.
Ta grand-mère dit que tu lis beaucoup. Chaque fois que tu le peux. C'est bien, mais ce n'est pas suffisant. Les mots signifient plus que ce qui est écrit. Il leur faut la voix humaine pour leur infuser des nuances plus profondes.
Tu ne peux contrôler tous les événements qui t'arrivent, mais tu peux décider de ne pas être réduite à eux. Essaie d'être un arc-en-ciel dans le nuage d'autrui. Ne te plains pas. Fais tout ton possible pour changer les choses qui te déplaisent et si tu ne peux opérer aucun changement, change ta façon de les appréhender.
Les gens à Stamps disaient que les préjugés des Blancs de notre ville étaient tels qu'un Noir ne pouvait pas acheter de la glace à la vanille. Sauf pour la Fête nationale. Les autres jours, il devait se contenter de glace au chocolat.
Me couper des gens ou ne plus les entendre était un art que je possédais au plus haut degré. L'usage permettant aux enfants de se faire voir mais pas de se faire entendre me convenait si bien que j'allais même plus loin : les enfants obéissants n'avaient pas à voir ni à entendre quand tel était leur choix.
Le don d'endurance des enfants naît de leur ignorance de l'alternative.
La ségrégation était si totale que la plupart des enfants noirs ne savaient pas, en vérité, à quoi ressemblaient exactement les blancs.
La vie était comme un tapis roulant. Elle continuait avec détachement, sans hâte ni précipitation, et ma seule pensée était de rester debout bien droite et de garder à la fois mon secret et mon équilibre.
Son secret dans la vie, se plaisait-elle à répéter, c'était qu'elle espérait pour le mieux, se préparait au pire, et n'était donc jamais surprise pour quoi que ce fût entre les deux.
On ne quitte jamais vraiment son foyer. Je crois qu'on charrie les ombres, les rêves, les peurs et les monstres de sa maison sous la peau, qu'on les transporte, blottis dans le coin de ses yeux et jusque dans le cartilage des lobes de l'oreille.
A Stamps les événements marquants étaient en général négatifs : sécheresses, inondations, lynchages et décès.
Un matin, au moment où je quittais la maison, elle me dit : La vie te donnera exactement ce que tu y apporteras. Mets tout ton coeur dans tout ce que tu fais, prie et puis attends.
Quelle horreur d'être noire et de n'avoir aucun contrôle sur ma vie. Quelle cruauté que d'être jeune et déjà dressée à rester assise en silence pour écouter des accusations portées contre ma race sans aucune chance de les repousser.
La femme noire est assaillie dès son âge tendre par ces forces communes de la nature, en même temps qu'elle est prise entre les triples feux croisés du préjugé masculin, de l'illogique haine blanche et de l'absence de pouvoir noir.
Les hommes ont peur de la mort, comme les enfants du noir ; chez les enfants cette peur est due aux histoires qu'on leur raconte, chez les hommes aussi.
Les jours les plus éprouvants de mon existence ont pu ou non être lumineux et prometteurs. Que mes journées soient glorieuses ou solitaires, j'éprouve de la reconnaissance. Même mes moments de grand pessimisme sont suivis d'un lendemain. Aujourd'hui je suis heureuse.
Tu n'as pas à te soucier de faire ce qu'il faut. Si tu en as envie, alors tu le fais sans y penser.