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Des milliers de drames minuscules dans la grande tragédie du jour.
Michaël Ferrier
Radio Fukushima égrène les taux de radioactivité, comme d'autres stations annoncent le temps qu'il va faire aujourd'hui. Bulletins des temps modernes et du nouveau monde qui s'installe : c'est la météo des radiations.
La réalité disparaît, puisqu'il n'y a pas de mots pour la dire.
Les morts de Fukushima ne sont plus des morts : ce sont des déchets nucléaires.
Futaba, Tomioka, Namie, Okuma, Minami-Sôma, Itate-mura... retenez ces noms, avant de les oublier définitivement, des villes au nom vide où ne résonne plus que le souvenir de l'absence : ce sont les nouvelles villes fantômes du japon.
Tout est fini. Elle est partie à jamais dans la solitude des morts.
La demi-vie nucléaire : une mort à crédit. Une longue existence de somnambule, toute une vie dans les limbes. On n'est déjà plus dans la vie, pas encore dans la survie. Bienvenue dans la demi-vie.