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Un psychologue scolaire, après tout, c'est le père idéal ! Un professionnel de la petite enfance, récitant Freinet, Piaget et Montessori quand les autres mecs se contentent de lire L'équipe, Entrevue ou Détective.
Michel Bussi
La tour Eiffel grelottait dans le brouillard, on distinguait à peine ses pieds humides dans les flaques qu'un fin crachin agrandissait lentement.
Notre vie est guidée par des évènements, des actes de violence ou des marques d'amour dont nous n'avons aucune preuve. Une boite noire à laquelle nous n'aurons jamais accès.
Au fond, toutes les amoureuses sont des voleuses de liberté. Elles rêvent de croiser le prince charmant... pour le séquestrer dans une cave.
Un jour, peut-être qu'un amant en me quittant me jurera que l'amour n'existe pas, et je me boucherai les oreilles. Je jure que je crois au père Noël, aux habitants des étoiles, aux licornes, aux sirènes et aux dauphins qui parlent aux hommes.
Il y a des femmes qui comblent et les femmes comblées.
La maladie des jeunes filles qui se rêvent autrement : cette soif d'amour de la Berenice d'Aragon. L'ennui insupportable de la femme qui n'a pourtant rien a reprocher a l'homme a cote duquel elle vit... Aucune excuse, aucun alibi. Juste l'ennui, cette certitude que la vie est ailleurs. Qu'une complicité parfaite existe quelque part.
C'est difficile à comprendre quand on est petit, mais écoute bien. Quelqu'un que l'on aime, que l'on aime vraiment, il faut parfois oser le laisser partir loin. Ou savoir l'attendre longtemps. C'est une vraie preuve d'amour, la seule, peut être.
Ces peintres sont comme lui au fond, ils cherchent à attraper la lumière, les vagues, le mouvement. Mais pourquoi s'encombrer de toiles et de pinceaux ? Il suffit de s'asseoir là, devant la mer, et de regarder.
Tout le monde se fout d'un vieux ou d'une vieille qui meurt. A tout prendre, pour être pleuré, mieux vaut crever jeune, en pleine gloire
L'amour, c'est le père Noël pour les grandes personnes. M'en fous ! Moi, j'y crois ! Petite, quand les copains me juraient dans la cour de récré que le père Noël n'existait pas, je refusais de les écouter.
Qu'il n'oublie jamais le goût des belles choses. Seules les mères peuvent apporter cela aux petits hommes : la sensibilité. S'ils suivaient les pas de leurs pères, les idéalisaient, le foot, les bagnoles et la perceuse, ils étaient foutus, ils deviendraient aussi cons qu'eux. Des générations de cons ! Seules les mères pouvaient tenter de freiner la malédiction.
Tout comme il existe dans les villages un vieil érudit qui en conserve l'histoire, dans les entreprises un vieux documentaliste qui en conserve les archives, il existait dans le camping un vieux touriste qui en conservait les images.
Les coiffeuses sont les meilleures comédiennes du monde. Une vie passée face au miroir...
Réunir deux malchances est parfois une équation positive, comme quand on ajoute deux signes moins.
Comment apprécier une taille de guêpe lorsque l'on a goûté au parfum d'une reine ? Imelda possède un corps de chocolat, double crème, à s'en empiffrer. Des formes qui débordent, floues, changeantes, un nuage de sensualité à pétrir de ses désirs
Vois-tu ma petite fille, il n'y a que trois attitudes possibles face à un trésor, depuis toujours, que ce trésor soit une femme, un diamant, une terre, une formule magique : le convoiter, le posséder ou le protéger. Tous comme il n'y a que trois sortes d'hommes, les jaloux, les égoïstes et les conservateurs. Personne ne partage un trésor
Son Papé était comme les autres, au fond. Un homme qui avait laissé filer en chemin ses illusions. Parce que le monde tournait trop vite, une gigantesque machine à essorer les utopies.
C'est pas si difficile le bonheur ! Suffit d'avoir vingt ans, ce qui arrive à tout le monde, vous êtes d'accord. Suffit d'être beau une fois à poil, ce qui arrive à presque tout le monde à vingt ans, et surtout une fois bronzé.
Vénérer un mort qui vous aime fait moins souffrir que vénérer une femme bien vivante qui ne vous aime pas.
Les vrais trésors ne sont pas ceux qu'on cherche toute sa vie, ils sont cachés près de nous depuis toujours. Si on les plante un jour, si on les cultive et on les arrose tous les soirs, en oubliant même pourquoi à la fin, ils fleuriront un beau matin alors qu'on ne les espérait plus.
Le temps est assassin. Parfois, il a des circonstances atténuantes.
Elle considérait l'amour comme une arnaque pour les gogos, exactement comme les tickets de la Française des Jeux qu'elle vendait aux clients. On ne gagnait jamais, ou alors des petites sommes, juste assez pour vous inciter à rejouer, à y croire, jamais la cagnotte qui vous mettrait à l'abri jusqu'à la tombe.
Pour vivre avec un traumatisme, il faut l'affronter, le verbaliser, l'accepter.
Dans votre vie, vous ne rencontrez pas plus de dieu vicieux que de prof qui vous prend comme bouc émissaire. Les dieux, comme les profs, s'en foutent de vous. Vous n'existez pas pour eux. Vous êtes tout seul. Pour que la pièce retombe un jour de votre côté, il faut juste jouer, souvent, beaucoup, recommencer toujours. Insister.
Les épreuves qu'exige la religion renforcent la foi plus qu'elles ne l'éprouvent. L'injustice divine, curieusement, pousse à la soumission plus qu'à la révolte. Comme la punition oblige à l'obéissance. Surtout la punition injuste, celle qui tombe au hasard, pour l'exemple
Nous vivons dans un tableau, ici. Nous sommes emmurés ! On croit qu'on est au centre du monde, comme on dit. Mais c'est le paysage, le décor, qui finit par vous dégouliner dessus. Une sorte de vernis quotidien de résignation. De renoncement..
Pour vivre, pour survivre, on s'arrange avec ses sentiments.
On prétend que pour les détectives privés, les affaires d'adultères, c'est la corvée, l'alimentaire, la lie du métier... Foutaises ! Si l'on veut être sincère, entrer par effraction dans la vie sexuelle des clients, cela reste l'un des bons côtés du métier...
Elle l'avait regardé comme un con, comme un curé qui parle de paradis. Il avait raison pourtant. Même les pires souvenirs finissent par s'oublier, si on en empile d'autres par-dessus, beaucoup d'autres.
Comme ça, m'a-t-elle répondu, par hasard, puis elle a précisé, non, pas par hasard, il n'y a pas de hasard, il n'y a que des rendez-vous, c'est Paul Éluard qui disait ça. Paul Eluard, rien que ça ! Je n'ai rien ajouté.
L'amour d'un enfant rendait les femmes sublimes. Mais vulnérables et prévisibles, aussi.
Rien n'appartient jamais qu'à une personne seule. Qu'est ce qu'elle en ferait ?
On tombe toujours amoureux de ce qui vous manque le plus.
Choisir, ce n'est pas renoncer. Bien au contraire. Choisir, c'est être libre. Y compris de ne pas être celui que les autres veulent que vous soyez. Y compris de gâcher le talent avec lequel on est né. Y compris de laisser filer les amours que la vie agite sous notre nez.
On ne se baigne jamais deux fois dans la même eau, comme disent les Grecs, les Japonais ou je ne sais quel peuple soi-disant empreint de sagesse. On ne se baigne jamais deux fois dans la même eau, même si elle s'écoule aussi lentement que la Seine au bout de mon jardin.
Savoir surprendre l'autre, la clé numéro un d'un couple qui dure. Ne pas faire la fine bouche, la clé numéro deux d'un couple qui dure.
Chez la plupart d'entre nous, il n'existe aucun souvenir direct de tout ce que l'on a vécu avant quatre ou cinq ans.
Je comprenais maintenant ces innocents qui avouent aux flics un crime qu'ils n'ont pas commis, après des nuits de garde à vue, après des heures d'arguments, d'hypothèses et de preuves assénés par l'accusation. Ces innocents qui finissent par croire à la vérité énoncée par d'autres, qui en viennent à douter de leurs propres certitudes, celles qu'ils possédaient en entrant dans le bureau du juge.
Le monde est assez grand pour perdre ceux qui s'aiment.
Le passé ne revient jamais, même si la vie est truffée de souvenirs qui viennent vous chatouiller.
Une vie, pensa-t-elle, se résumait à cela : profiter de la beauté du monde. Son harmonie. Sa poésie. La contempler avant que tout ne disparaisse. Au fond, on ne meurt pas, on devient aveugle. On comprend que c'est terminé lorsque toutes les merveilles autour de nous s'éteignent.
Le téléphone est la pire des inventions. Il vous promet que chacun est joignable tout le temps, partout, chaque être humain n'importe où sur la planète, alors que le jeu est faussé. Les gens n'appellent pas quand ils ont une mauvaise nouvelle à annoncer ne décrochent pas quand ils ont quelque chose à cacher.
Quand le malheur vous touche, on refuse tous d'admettre qu'il n'y a aucun coupable à punir. Alors pour diminuer ses souffrances, on s'invente une vengeance.
Les gens les plus en vue sont souvent la cible des individus les plus malveillants, ces gens qui ne peuvent supporter la réussite, qui dissimulent leur médiocrité derrière une haine tenace.
Les filles uniques sont des bourriques, les filles cadettes des pipelettes, mais les filles aînées sont en acier trempé.
La vie est un long fleuve tranquille, avec une cascade de temps de temps, histoire de provoquer quelques petits clapotis, et surtout de ne pas pouvoir la remonter à contre-courant…
Ils coulent ensemble, leurs bouches se trouvent. L'océan ne peut rien contre eux, ils s'embrassent pour l'éternité, ils partagent leur oxygène, ils s'en asphyxieront sans plus jamais rien respirer d'autre. Ils mourront ainsi. De la plus belle des morts que deux amants aient pu rêver.
Il fallait donc admettre que les femmes les plus parfaites ne pouvaient aimer que des types abîmés, torturés, fissurés. Un peu comme les milliardaires qui pratiquent la charité.
Quand tu regardes un Nymphéas de Monet, tu as l'impression, comment dire, de t'enfoncer, d'entrer dans un puits ou comme dans du sable, tu vois ? C'est ce que voulait Monet, de l'eau qui dort, l'impression de voir défiler toute une vie...