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Mieux vaut une tête bien faite qu'une tête bien pleine.
Michel de Montaigne
L'appréhension, je l'ai lente et embrouillée ; mais ce qu'elle tient une fois, elle le tient bien.
Rien de noble ne se fait sans hasard.
Il amusa toutes ses heures dernières avec un soin véhément à disposer l'honneur et la cérémonie de son enterrement, et somma toute la noblesse qui le visitait de lui donner parole d'assister à son convoi.
La cherté donne goût à la viande.
Tout ce qui peut être fait un autre jour, le peut être aujourd'hui.
C'est aux paroles à servir et à suivre, et que le gascon y arrive, si le français n'y peut aller.
Je désire singulièrement qu'on nous juge chacun à part soi, et qu'on ne me tire en conséquence des communs exemples.
L'admiration est fondement de toute philosophie, l'inquisition le progrès, l'ignorance le bout.
Le monde n'est qu'une branloire pérenne. Toutes choses y branlent sans cesse : la terre, les rochers du Caucase, les pyramides d'Egypte, et du branle public et du leur. La constance même n'est autre chose qu'un branle plus languissant.
A la vérité, nous voyons encore qu'il n'est rien de si gentil que les petits enfants en France mais ordinairement ils trompent l'espérance qu'on en a conçue et, hommes faits, on n'y voit aucune excellence.
Le bien public requiert qu'on trahisse et qu'on mente et qu'on massacre.
Toute mort doit être de même sa vie. Nous ne devenons pas autres pour mourir.
La raison nous commande assez de nous dépouiller quand nos robes nous chargent et empêchent.
Qui ne se donne loisir d'avoir soif, ne saurait prendre plaisir à boire.
Versez leur du bon vin, ils vous feront de bonnes lois.
Dans la véritable amitié, celui qui donne est l'obligé ; tout y est abandon : deux âmes n'en font qu'une.
Qui veut guérir de l'ignorance, il faut la confesser. Iris est fille de Thaumantis. L'admiration est fondement de toute philosophie, l'inquisition le progrès, l'ignorance le bout.
Il est aisé à voir que ce qui aiguise en nous la douleur et la volupté, c'est la pointe de notre esprit.
Je vis du jour à la journée, et me contente d'avoir de quoi suffire aux besoins présents et ordinaires ; aux extraordinaires toutes les provisions du monde n'y sauraient suffire.
La pauvreté des biens est facile à guérir, la pauvreté de l'âme, impossible.
Ce n'est pas une âme, ce n'est pas un corps qu'on dresse, c'est un homme.
Puis que ce n'est par conscience, au moins par ambition refusons l'ambition. Dédaignons cette faim de renommée et d'honneur, basse et belitresse, qui nous le fait coquiner de toute sorte de gens.
Ils nomment zèle leur propension vers la malignité et violence ; ce n'est pas la cause qui les eschauffe, c'est leur interest ; ils attisent la guerre non parce qu'elle est juste, mais parce que c'est la guerre.
Pour moi donc, j'aime la vie.
Pourquoi vouloir comprendre la mort ? Elle ne nous concerne pas quand on est vivant, et quand on est mort, on ne se pose plus cette question. Il n'y a que les vivants qui ont besoin de nos larmes.
Rien ne presse un Etat que l'innovation : le changement donne seul forme à l'injustice et à la tyrannie.
L'éloquence fait injure aux choses, qui nous détourne à soi.
Un fait courageux ne doit pas conclure un homme vaillant.
Tous les jours vont à la mort : le dernier y arrive.
L'homme est malmené non pas tant par les événements que, surtout, par ce qu'il pense des événements.
Jamais deux hommes ne jugèrent pareillement de même chose, et est impossible de voir deux opinions semblables exactement, non seulement en divers hommes, mais en même homme à diverses heures.
Le vieux Caton disait en son temps, qu'autant de valets autant d'ennemis.
La plus contraire humeur à la retraite, c'est l'ambition. La gloire et le repos sont choses qui ne peuvent loger en même gîte.
Je fais dire aux autres ce que je ne puis si bien dire tantôt par faiblesse de mon langage, tantôt par faiblesse de mes sens. Je ne compte pas mes emprunts, je les pèse.
Ce que nous appelons ordinairement amis et amitiés, ce ne sont qu'accointances et familiarités nouées par quelque occasion ou commodité, par le moyen de laquelle nos âmes s'entretiennent.
La mort est bien le bout, non pourtant le but de la vie.
Les naturels sanguinaires à l'endroit des bêtes témoignent d'une propension naturelle à la cruauté.
Qu'a fait aux hommes l'acte génital qui est si naturel, si nécessaire et si légitime pour que nous n'osions pas en parler sans honte ?
Nous troublons la vie par le soin de la mort et la mort par le soin de la vie ; l'une nous ennuie, l'autre nous effraye.
... notre âme s'élargit d'autant plus qu'elle se remplit.
(Paris) Je l'aime tendrement jusqu'à ses verrues et à ses taches.
L'incertitude de mon jugement est si également balancée en la plupart des occurences que je compromettrais volontiers à la décision du sort et des dés.
Toute autre science est dommageable à celui qui n'a pas la science de la bonté.
La superstition ... porte quelque image de pusillanimité.
La mort, dit-on, nous acquitte de toutes nos obligations.
Il faut se prêter à autrui et ne se donner qu'à soi-même.
Quand ma volonté me donne à un parti, ce n'est pas d'une si violente obligation que mon entendement s'en infecte.
On ne boit pas, on donne un baiser et le vin vous rend une caresse.
Au rebours, tous moyens honnêtes de se garantir des maux sont non seulement permis, mais louables. Et le jeu de la constance se joue principalement à porter patiemment les inconvénients, où il n'y a point de remède.