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Que dans une république laïque on puisse respecter les religions en autorisant leur critique, cela peut paraître une contradiction inadmissible.
Michel Winock
Deux charges supplémentaires firent du suspect un coupable : l'une, avancée comme preuve, était une similitude d'écriture entre le bordereau et une dictée qu'on fit faire à Dreyfus l'autre, implicite, était que ce capitaine d'artillerie était juif.
La République pouvait être une religion : le patriotisme en était la plus claire manifestation.
En politique, rien n'est impensable.
Notre système politique, nos moeurs politiques sont fondées sur le conflit.
Nous ne sommes pas un pays de consensus, mais un pays en proie à une sorte d'incessante guerre civile.
Il n'y a pas de raison qu'un parti socialiste ne puisse pas, dans une démocratie, s'allier avec un morceau du centre.
Les valeurs d'égalité et de fraternité sont depuis longtemps des mots plus que des réalités.
Au demeurant, l'historien n'est pas un augure : modestement, il ne peut témoigner que de ce qui a été, non de ce qui sera.
Ce sont toujours les moments dramatiques - la révolution ou la guerre - qui ont provoqué l'union.
Le sentiment d'appartenance à la République n'avait, en 2015, pas disparu, mais il s'était effacé.
Le triomphe de l'individualisme s'est fait au détriment des appartenances collectives.
Les Français sont les héritiers des conflits idéologiques dont leur pays a retenti depuis les guerres de religion du XVIe siècle.
Malgré les affrontements prolongés et répétés, il restait un fonds commun aux Français : l'attachement à leur patrie.
Certes, quand la situation est exceptionnelle, on attend que les représentants du peuple soient exceptionnels la plupart n'étaient que des hommes très ordinaires.
Dans une civilisation démocratique, il est inconcevable que l'on règle ses différends idéologiques à coups de pistolet-mitrailleur.
La religion n'est pas affaire de croyance mais un instrument d'unification, un ciment spirituel impliquant une morale du bien et du mal.
Le combat de la laïcité est compliqué, réclame patience et pédagogie. Mais il n'est pas perdu d'avance.
On compte sur les doigts d'une main les journées où la nation a fait bloc.
C'est l'événement imprévisible qui provoque le renversement des attitudes et le rapprochement des camps ennemis face au danger commun.