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L'humilité consiste peut-être en cet acquiescement à sa misère, à sa mesquinerie. Une vertu logée au bord du désespoir.
Michèle Mailhot
Dieu s'est fait homme : c'est là l'étalon de la perfection. La femme n'est qu'un lieu raté qui se souvient des dieux...
C'est cela le chemin difficile, incompréhensif, rebutant : renoncer à soi-même quand on n'avait que cela à offrir.
On ne choisit pas l'amour. C'est lui qui nous prend, nous subjugue, nous arrache à nous-mêmes. A-t-on du mérite à se donner quand on ne peut pas faire autrement.
Ecrire, c'est tuer, prier, délirer. Pour combler l'écart. Abolir l'Entre. Et n'y parvenir jamais.
On croit si volontiers tout ce qui, de près ou de loin, semble s'accorder à nos désirs !
Le renoncement est admirable, encore faut-il connaître ce à quoi on renonce.
Le début de la sagesse : être, savoir, sans besoin de le crier.
L'écrivain travaille toujours mais son travail ne le rend pas toujours écrivain.
Il n'y a qu'un précepte : s'aimer. Aimer les autres est un a posteriori.
Est-ce qu'on divorce parce qu'on connaît enfin l'autre ?
Chacun croit que son histoire est plus intéressante que celle des autres. La vraie originalité serait de la rendre plus intéressante.
Il n'y a que les forts qui peuvent se permettre d'être doux.
En littérature, le vrai prodige n'est pas celui qui commence mais celui qui persévère.
L'ennui embellit tout, et fausse ainsi bien des souvenirs.
Le mensonge, le silence, la dissimulation sont des avatars nécessaires de l'union conjugales ; ils assurent la durée et la stabilité de la double infranchissable solitude.
On élève des canetons dans l'eau ensuite on craint qu'ils s'enrhument s'ils y trempent une patte. Les canards finissent par haïr la mare qui les a portés.
Vie... illir. La vie qui s'étire tristement.
Tous les livres sont autobiographiques. Sauf qu'on ne tient pas toujours à être reconnue.
L'alcool décape la petite couche de bonheur peinturluré pour découvrir la patine d'un matériau doux, uni, pâle comme la tristesse.
Mourir n'est pas une si triste affaire après tout, car un bon spectacle doit avoir nécessairement une fin.
Ce n'était qu'un minute à passer. Elle est passée. Vous en vivez une autre qui passe déjà. N'est-ce pas simple ? S'abandonner à la minute, celle qu'on vit, sans s'effrayer de celle qui vient ?
Les plaisirs s'épuisent à mesure qu'on les vit, et ils renaissent autrement sous une forme dont on n'aurait jamais pu soupçonner la douceur non plus que la richesse.
On ne devient pas humble en prétendant l'être.
Quarante ans, c'est l'âge amoureux des choses secrètes, silencieuses et intenses. L'âge intérieur, le goût de se replier...
Illusion dérisoire de tenir la vie alors que celle-ci fuit de tous côtés, indomptée, indomptable, fière. Libre.
Un écrivain qui n'est pas libre, est-ce un écrivain ?
A la périphérie, tout se ressemble. C'est très loin, au bout de chaque inquiétude, qu'on rencontre la clarté.
Tout est important, tout est beau, tout est triste. Par où commencer si l'on choisit de dire la vie et d'en faire une oeuvre d'art ?
Méfie-toi des femmes, mon vieux, qu'elles ne prennent jamais le pas sur toi. Elles ne sont que des médailles accrochées à la poitrine des héros.
Vivre un échec est pire que lutter.
La véritable misanthropie ne s'éprouve que dans la société.
Certaines soifs sont préférables à toutes les ivresses.
L'écriture, toute écriture, reste une audace et un courage. Et représente un énorme travail.
L'amour qu'on trouve vaut-il celui qu'on éprouve ?