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Il est beaucoup plus difficile qu'on ne croit de s'aimer soi-même : c'est le principe de la vraie charité.
Miguel de Unamuno
Que les hommes s'occupent peu d'eux-mêmes ! Et comme ils sont inventifs pour perdre le temps si bref qui leur est accordé !
Il n'est pire intolérance que celle de la raison.
... la suprême paresse consiste à ne pas désirer follement l'immortalité.
... Notre Seigneur Don Quichotte, le Christ espagnol...
De même que la vérité est la fin de la connaissance rationnelle, de même la beauté est la fin de l'espérance, même si elle est irrationnelle dans sa base.
Maudits soient les avantages d'un progrès qui nous oblige à nous enivrer de négoce, de travail et de science !
... rien ne nous pénètre mieux de l'espoir et de la foi en un autre monde que l'impossibilité pour notre amour de fructifier véritablement dans ce monde de chair et d'apparences.
La pensée n'est pas une, mais variée : de même l'âme n'est pour la raison que la succession d'états de conscience coordonnés entre eux.
La jalousie est mille fois plus terrible que la faim, parce que c'est une faim spirituelle.
Etre vaincu, ou tout au moins apparaître vaincu, c'est bien des fois vaincre ; prendre ce qui est à un autre, c'est une façon de vivre en lui.
Il n'y a pas de maladies, mais seulement des malades, disent quelques médecins ; je dis pour moi, qu'il n'y a pas d'opinions, mais des gens qui donnent la leur.
Il ne suffit pas de penser notre destinée, il faut la sentir.
La guerre a toujours été le plus complet facteur de progrès, plus encore que le commerce. C'est par la guerre qu'apprennent à se connaître, et par conséquent à s'aimer, vainqueurs et vaincus.
Exister c'est agir.
Croire en Dieu, c'est désirer qu'il existe, et c'est en outre se conduire comme s'il existait ; c'est vivre de ce désir et faire de lui notre ressort intime d'action.
Il faut semer chez les hommes des germes de doute, de défiance, d'inquiétude... Je ne veux vivre en paix ni avec les autres ni avec moi-même. J'ai besoin de guerre...
... la raison vit de formules ; la vie, qui vit et veut vivre toujours, n'accepte pas de formules. Sa seule formule est : tout ou rien. Le sentiment ne transige pas avec des moyens termes.
Le voleur voit des voleurs partout.
Quand on dit d'une chose qu'elle n'est même pas digne de réfutation, tenez pour assuré, ou que c'est une insigne stupidité, auquel cas il n'y a rien à en dire, ou que c'est quelque chose de formidable, la clé même du problème.
Et s'il est douloureux de cesser un jour d'être, il serait peut-être plus douloureux de continuer toujours d'être le même, sans plus, sans pouvoir en même temps être autre, sans pouvoir être à la fois tout le reste, sans pouvoir être tout.
L'espoir dans l'action est la charité, de même que la beauté en action est le bien.
... comprendre est quelque chose d'actif et d'amoureux, et la vision béatifique est la vision de la vérité totale. N'y a-t-il pas au fond de toute passion la curiosité ?
Triste chose que se laisser endormir par des voix qui se feront muettes à nos oreilles quand celles-ci deviendront sourdes pour toujours !
La haine du criminel est un des plus tristes sentiments humains.
La raison répète : vanité des vanités, et tout est vanité ! Et l'imagination réplique : plénitude des plénitudes, et tout est plénitude ! Et nous vivons ainsi la vanité de la plénitude, ou la plénitude de la vanité.
Croire en Dieu c'est avant tout et par dessus tout vouloir qu'il existe.
Pour aimer tout, pour avoir pitié de tout, de l'humain et de l'extra-humain, du vivant et de l'inanimé, il faut que tu sentes tout en dedans de toi-même, que tu personnifies tout. Car l'amour personnifie ce qu'il aime, ce à quoi il compatit.
Il y a lieu de placer la gloire de survivre au-dessus de la joie de vivre.
Il faut chercher la vérité, non la raison des choses ; et la vérité se cherche avec l'humilité.
La fin de l'homme est de devenir heureux, véritablement heureux, et non pas cultivé, ni raffiné. Et si le bonheur du monde conduit au désespoir, c'est qu'il n'est pas le bonheur vrai.
Dis-moi, quelle nécessité y a-t-il à l'existence de Dieu, du monde et de tout ? Pourquoi doit-il y avoir quelque chose ? Ne crois-tu pas que cette idée de nécessité n'est que la forme suprême que prend le hasard dans nos esprits ?
La foi consiste à savoir se résigner au songe.
Nous ne vivons que de contradictions et pour des contradictions, la vie est tragédie et lutte perpétuelle sans victoire et sans espoir de victoire ; elle est contradiction.
La foi est la preuve de la vérité de ce que l'on croit. Seule la vérité peut s'imposer avec une telle évidence.
Demander un signe, n'est-ce pas un signe ? Qui te pousse à demander un signe ?
La vie est doute, - et la foi sans le doute n'est autre que la mort.
La vraie science enseigne, avant tout, à douter et à ignorer, l'avocasserie ne doute ni ne croit qu'elle ignore. Il lui faut une solution.
... la vie est une tragédie, et la tragédie une lutte perpétuelle sans victoire ni espoir de victoire ; c'est une contradiction.
Les progrès viennent souvent des barbares et rien n'est plus barré que la philosophie des philosophes et la théologie des théologiens.
Ma religion consiste à chercher la vérité dans la vie et la vie dans la vérité.
Par désespoir on affirme, par désespoir on nie, par désespoir on s'abstient d'affirmer et de nier.
Les plus grands historiens sont les romanciers, ceux qui mettent le plus d'eux-mêmes dans leurs histoires, les histoires qu'ils inventent.
Seul est humble en vérité celui qui humilie sa raison.
... toute conscience est une conscience de mort et de douleur. - Conscience, conscientia, c'est connaissance partagée, con-sentiment ; et con-sentir, c'est com-patir.
... l'homme le plus bête est celui qui meurt sans avoir dit ni fait la moindre bêtise.
C'est très commode de dire à quelqu'un qui a une maladie mortelle le condamnant, lui le sachant, à une courte vie, de n'y pas penser.
La raison, ce que nous appelons ainsi, la connaissance réflexe et réfléchie qui distingue l'homme, est un produit social.
Qu'est-ce que la beauté d'une chose sinon son fond éternel, ce qui unit son passé à son avenir, ce qui d'elle repose et demeure dans les entrailles de l'éternité ? Ou encore, qu'est-ce, sinon la révélation de sa divinité ?
La paix est dans la contemplation ; dans l'action, la guerre. Mais il s'agit de trouver une contemplation active ou une action contemplative.