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Celui qui aime son prochain lui brûle le coeur ; et le coeur comme le bois vert, quant il brûle, gémit et distille des larmes.
Miguel de Unamuno
Ce n'est pas nos idées qui nous font optimistes ou pessimistes, c'est notre optimisme ou notre pessimisme d'origine physiologique ou au besoin pathologique, l'un autant que l'autre, qui fait nos idées.
Car la vraie liberté n'est pas de secouer la loi extérieure ; la liberté est la conscience de la loi. Est libre non celui qui secoue la loi, mais celui qui s'en rend maître.
Le panthéisme est le signe d'une vigoureuse aspiration vers Dieu ; c'est le désir corrompu de la gloire.
La vie. Bien agiter avant l'usage.
Seul le travail peut pratiquement nous consoler d'être nés.
L'homme, par le fait d'être homme, d'avoir conscience, est déjà, par rapport à l'âne ou au crabe, un animal malade. La conscience est une maladie.
Le suprême triomphe de la raison est de jeter le doute sur sa propre validité.
La conscience est une maladie.
... en parcourant le monde, on rencontre des hommes qui semblent ne pas se sentir eux-mêmes.
... nous n'espérons pas parce que nous croyons, mais bien plutôt nous croyons parce que nous espérons.
... il n'est guère d'histoires que les romans.
Quelle personne éclairée et nourrie de science a la foi ?
Dans la religion, s'unifient la science, la poésie et l'action.
La science dit : "Nous devons vivre" et cherche le moyen de prolonger, approfondir, faciliter et amplifier la vie, de la rendre tolérable et acceptable. La sagesse dit : "Nous devons mourir" et cherche comment nous faire bien mourir.
... nous croyons ce que nous espérons.
Penser, c'est parler avec soi-même.
Cherche-toi donc toi-même ! Mais en se rencontrant, est-ce qu'on ne rencontre pas son propre néant ?
Les raisons ne sont que des raisons, c'est-à-dire que ce ne sont peut-être pas des vérités.
"Que Dieu se charge de tout faire !" - dira-t-on ; - mais c'est que si l'homme se croise les bras, Dieu s'endort.
L'isolement est le pire des conseillers.
Il faut essayer, de temps à autre, de se concevoir et de se sentir comme n'étant pas. De cette horreur, on retire la crainte de Dieu et l'espérance.
La charité, ce n'est pas de bercer et d'endormir nos frères dans l'inertie et l'assoupissement de la matière, mais de les réveiller à l'agitation et au tourment de l'esprit.
Il faut user les genoux davantage que les coudes.
Car plus je suis moi-même et à moi-même, plus je suis aux autres ; de la plénitude de moi-même je me tourne vers mes frères, et ils entrent en moi.
La faim de Dieu, la soif d'éternité et de survie, étouffera toujours cette pauvre joie de vivre qui passe et ne demeure point.
Dieu est la plus riche et la plus personnelle conception humaine.
L'idée de moi-même, c'est moi.
Celui qui se tue se tue pour ne pas attendre de mourir.
N'être pas tout et pour toujours, c'est comme si je n'étais pas ; ou au moins être tout moi, et l'être pour jamais. Et être tout moi, c'est être tous les autres. Tout ou rien !
Il faut vivre avec toute son âme ; et vivre avec toute son âme, c'est vivre avec la foi qui jaillit de la connaissance, avec l'espérance qui jaillit du sentiment, avec la charité qui jaillit de la volonté.
Quand l'homme ne travaille pas pour vivre et passer, il travaille pour survivre.
L'érudition est dans beaucoup de cas une forme mal déguisée de la paresse spirituelle, ou un opium pour endormir les inquiétudes intimes de l'esprit.
... la bêtise, quand elle se met à rire sur soi, cesse d'être de la bêtise.
Les hommes doivent tâcher de s'imposer les uns aux autres, de se donner mutuellement leurs esprits, de se sceller mutuellement leurs âmes.
On ne meurt qu'une fois. Et ne vaudrait-il pas la peine de vivre pour cet acte unique ? Vivre pour mourir ?
... vivre est une chose, connaître en est une autre, ... nous pouvons dire que tout le vital est antirationnel et non pas seulement irrationnel, et tout le rationnel, antivital. Et c'est là la base du sentiment tragique de la vie.
... les journaux, il me faut les laisser tomber au plus vite. Ils sont plus stupides que les hommes qui écrivent dedans.
... plus on a de personnalité, de richesse intérieure, de société en soi-même, moins brutalement on se sépare des autres.
Grâce à l'amour nous sentons tout ce qu'a de chair l'esprit.
Le mystère de l'amour, qui est celui de la douleur, a une forme mystérieuse, qui est le temps. Nous attachons l'hier au lendemain avec des chaînes d'angoisse, et l'aujourd'hui n'est à dire vrai que l'effort du passé pour deviner l'avenir.
Le bonheur est une chose qui se vit et se sent, et non qui se raisonne et se définit.
Quelle surabondance de philosophie inconsciente dans les replis du langage ! L'avenir cherchera le rajeunissement de la métaphysique dans la métalinguistique, qui est une véritable métalogique.
Il vaut mieux manquer de raison que d'en avoir trop.
Et si ta mort t'épouvante, pourquoi ne considères-tu pas avec effroi ta "dé-mort" (ta naissance) ? Combien peu nous pensons à notre naissance, à notre original personnel ! Je suis moi et non un autre, c'est-à-dire que je suis.
Et Dieu n'existe pas, mais plutôt sur-existe, et soutient notre existence en "nous existant".
Celui qui base ou croit baser sa conduite - interne ou externe, de sentiment ou d'action - sur un dogme ou un principe théorique qu'il estime indiscutable, court le risque de devenir un fanatique.
Rien n'est plus terrible que l'intellectualisme des intellects pauvres.
Je suis devenu l'ami d'un vieux chêne. Il est en partie mort. Tu te rends compte : mort en partie, mais pas tout entier !
L'amour est le désespoir résigné.