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Qui suis-je pour vouloir qu'on me parle ?
Miguel de Unamuno
Le paradoxe est le moyen le plus tranchant et le plus efficace de transmettre la vérité aux endormis et aux distraits.
... que ce soit avec la raison, sans la raison ou contre elle, je n'ai pas envie de mourir.
Il n'y a pas d'opinions, mais des gens qui donnent la leur.
Angoissés de sentir que tout passe, que nous passons, que ce qui est nôtre passe, que tout ce qui nous entoure passe, l'angoisse même nous révèle la consolation de ce qui ne passe pas, de l'éternel, du beau.
Cet homme m'attire autant que le plus bel arbre du bois ; c'est un autre arbre, un arbre humain, silencieux, végétatif. Car il joue aux échecs comme les arbres donnent des feuilles.
Vouloir définir Dieu, c'est prétendre à le limiter en notre esprit, c'est-à-dire le tuer. Dès que nous essayons de le définir, c'est le néant qui surgit.
Dire que Dieu existe, sans dire ce qu'est Dieu et comment il est, équivaut à ne rien dire.
La Trinité fut un pacte entre le monothéisme et le polythéisme ; l'humanité et la divinité pactisèrent dans le Christ ; de même la nature et la grâce, la grâce et le libre arbitre, le libre arbitre et la prescience divine, etc.
... la philosophie se convertit volontiers et souvent en une sorte de proxénétisme, spirituel si l'on veut. D'autres fois, en opium pour endormir les chagrins.
Le meilleur art mnémotechnique, c'est encore d'avoir un calepin dans sa poche.
Plus la vie est agréable et douce et enchanteresse, plus horrible est l'idée de la perdre. Et c'est ainsi que se corrompent les cultures et que viennent les décadences.
Il n'y a rien de plus universel que l'individuel, puisque ce qui est à l'un est à tous les autres.
... chacun de nous - notre âme, et non notre vie - vaut pour tout l'Univers.
Ce que l'homme cherche dans la religion, dans la foi religieuse, c'est de sauver sa propre individualité, de l'éterniser, ce qu'on n'obtient ni avec la science, ni avec l'art, ni avec la morale.
Par la foi nous recevons la substance de la vérité, par la raison sa forme.
Terrible esclavage que celui des peuples qui se laissent guider par leur mesquine image dans l'histoire, cette histoire qui n'est tout au plus que la surface de la vie.
... à nous tous il nous manque quelque chose ; la seule différence est que les uns le sentent, les autres non. Ou bien ils font comme s'ils ne le sentaient pas, et alors ce sont des hypocrites.
Si la conscience n'est comme l'a dit un penseur inhumain, qu'un éclair entre deux éternités de ténèbres, alors il n'y a rien de plus exécrable que la conscience.
Mieux vaut être bon, dût-on parfois mal agir, qu'être mauvais et agir bien, "bien" en apparence ?
La bonté est la meilleure source de clairvoyance spirituelle.
Exister, c'est être situé en dehors de nous au point d'avoir précédé notre perception et de pouvoir subsister après notre disparition.
L'existence n'a pas de raison d'être, elle est au-dessus de toutes les raisons.
... le pire n'est pas de ne pas être aimé, de ne pas pouvoir être aimé ; le pire est de ne pas pouvoir aimer.
Connaître quelque chose, c'est faire de moi ce quelque chose que je connais ; mais pour m'en servir, pour le dominer, il faut qu'il reste distinct de moi.
Et s'il est terrible de faire profession de fabricant de romans, bien plus terrible est de faire profession de lecteur de romans.
Le libre arbitre n'est pas une raison, mais une vérité. Vouloir en rendre raison, c'est le détruire.
Il y a un ridicule plus terrible que les autres, à savoir le ridicule qu'on trouve en soi-même et qu'on garde pour soi.
... seule la détresse, la passion de ne jamais mourir, fait l'esprit humain maître de soi.
C'est une canaillerie que de se servir des faiblesses de son prochain pour s'exercer à la vertu.
Il n'y a pas en effet de plus parfaite domination que la connaissance ; qui connaît quelque chose, le possède. La connaissance unit le connaisseur au connu. Celui qui connaît Dieu est déjà Dieu.
Les sentiments dépourvus de concepts qui les soutiennent, sans ossature, sont pulpeux et flasques, et ils engendrent le sentimentalisme.
La plupart de nos misères procèdent d'avarice spirituelle.
... il n'y a de vérité vraie que la vérité poétique, et de véritable histoire que le roman.
Il n'y a rien de pire qu'un pistolet chargé dans un coin, et dont on ne se sert pas ; passe un enfant, qui se met à jouer avec et tue son père.
Car il est des bonheurs tragiques.
La véritable science enseigne, par-dessus tout, à douter et à être ignorant.
Nous nommons vrai un concept qui concorde avec le système général de tous nos concepts, vraie une perception qui ne contredit pas le système de nos perceptions ; la vérité est cohérence.
La mémoire est à la base de la personnalité individuelle, comme la tradition est à la base de la personnalité collective.