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L'histoire de l'art est périssable. Le babillage de l'art est éternel.
Milan Kundera
Elle voudrait qu'ils se transforment tous deux en créatures hermaphrodites et que les corps des autres femmes deviennent leur jouet commun.
... parvenir à la conclusion qu'il n'y a pas de différence entre le coupable et la victime, c'est laisser toute espérance. Et c'est ça qu'on appelle l'enfer, ma petite.
Rien de plus inutile que de vouloir prouver quelque chose aux imbéciles.
Il détestait la lâcheté qui fait de la vie une demi-vie et des hommes des demi-hommes.
... elle était excessivement bavarde, ce qui pouvait passer pour une pénible manie, mais aussi pour une heureuse disposition qui permettait à son partenaire de s'abandonner à ses propres pensées sans risque d'être surpris.
Le plus grand plaisir, c'est d'être admiré.
Un événement n'est pas disqualifié par son caractère accidentel, au contraire c'est le hasard qui lui donne sa beauté, sa poésie.
Toutes les grandes oeuvres (et justement parce qu'elles sont grandes) contiennent une part d'inaccompli.
Les métaphores sont dangereuses. L'amour commence par une métaphore.
Un amour excessif est un amour coupable.
Car vivre dans un monde où nul n'est pardonné, où la rédemption est refusée, c'est comme vivre en enfer.
Le plus grand malheur de l'homme, c'est un mariage heureux. Aucun espoir de divorce.
... la discrétion qui, de toutes les vertus, est la vertu suprême.
... les mécanismes psychologiques qui fonctionnent à l'intérieur des grands événements historiques (apparemment incroyables et inhumains) sont les mêmes que ceux qui régissent les situations intimes (tout à fait banales et très-humaines).
Il y a trois catégories d'ennui : l'ennui passif : la jeune fille qui danse et bâille ; l'ennui actif : les amateurs de cerfs-volants ; et l'ennui en révolte : la jeunesse qui brûle les voitures et casse les vitrines.
Olga était en effet de ces femmes modernes qui se dédoublent volontiers pour donner naissance à une personne qui vit et à une personne qui observe.
Celui qui veut se souvenir ne doit pas rester au même endroit et attendre que les souvenirs viennent tout seuls jusqu'à lui ! Les souvenirs se sont dispersés dans le vaste monde et il faut voyager pour les retrouver et les faire sortir de leur abri !
La valeur d'un hasard est égale à son degré d'improbabilité.
On a tous tendance à voir dans la force un coupable et dans la faiblesse une innocente victime.
... les choses essentielles se produisent en ce monde sans explication ni motif, puisant en elles-mêmes leur propre raison d'être.
Le hasard a de ces sortilèges, pas la nécessité. Pour qu'un amour soit inoubliable, il faut que les hasards s'y rejoignent dès le premier instant.
Toute la valeur de l'être humain tient à cette faculté de surpasser, d'être en dehors de soi, d'être en autrui et pour autrui.
Mais il suffit d'aimer à la folie et d'entendre gargouiller ses intestins pour que l'unité de l'âme et du corps, illusion lyrique de l'ère scientifique, se dissipe aussitôt.
A quoi bon se contenter de ranimer un passé perdu ? Qui regarde en arrière finira comme la femme de Loth.
Mais qu'est-ce que trahir ? Trahir, c'est sortir du rang. Trahir, c'est sortir du rang et partir dans l'inconnu.
Elle l'aimait trop pour pouvoir admettre que ce qu'elle qualifiait d'inoubliable pût être oublié.
La source de la peur est dans l'avenir, et qui est libéré de l'avenir n'a rien à craindre.
Le temps humain ne tourne pas en cercle mais avance en ligne droite. C'est pourquoi l'homme ne peut être heureux puisque le bonheur est désir de répétition.
La laideur de l'homme c'est la laideur des vêtements.
Le romancier apprend à ses lecteurs à comprendre le monde comme une question.
Comment savoir à quel moment la souffrance devient inutile ? comment déterminer l'instant où ça ne vaut plus la peine de vivre ?
Ce qui est insoutenable dans la vie, ce n'est pas d'être, mais d'être son moi.
L'aimer non pas seulement pour cette partie de sa personnalité qui s'adressait à moi, mais aussi pour tout ce qui ne me concernait pas directement, pour ce qu'elle était en elle-même et pour elle.
Il n'est rien comme la jalousie pour absorber un être humain tout entier.
L'amour est une interrogation continuelle.
L'unicité du moi se cache justement dans ce que l'être humain a d'inimaginable. On ne peut imaginer que ce qui est identique chez tous les êtres, que ce qui leur est commun.
Le véritable amour est absolument sourd à ce que peut dire le reste du monde, c'est justement à cela qu'on le reconnaît.
Concevoir le diable comme un partisan du Mal et l'ange comme un combattant du Bien, c'est accepter la démagogie des anges.
Celui qui est absolument aimé ne peut être misérable.
Le roman en tant que tel peut apparaître comme polémique parce que son ambition la plus profonde est de dévoiler les choses et de montrer ce qui se cache derrière nos certitudes et nos représentations.
Ce n'est, d'ailleurs, peut-être, que la brièveté de la vie qui empêche les artistes de comprendre jusqu'au bout la vanité de leur travail et d'organiser à temps l'oubli et de leur oeuvre et d'eux-mêmes.
La merde est un problème théologique plus ardu que le mal.
Seul son mari lui posait sans arrêt des questions, parce que l'amour est une interrogation continuelle. Oui, je ne connais pas de meilleure définition de l'amour.
Selon la manière dont on le présente, le passé de n'importe lequel d'entre nous peut aussi bien devenir la biographie d'un chef d'Etat bien-aimé que la biographie d'un criminel.
Le pouvoir du journaliste ne se fonde pas sur le droit de poser une question, mais sur le droit d'exiger une réponse.
Le droit intangible du romancier, c'est de pouvoir retravailler son roman.
Ah, en amour il suffit de si peu pour désespérer !
Rien ne met plus en joie que de rencontrer une femme naguère redoutée, mais qui, désarmée, ne fait plus peur.
Qui vit à l'étranger marche dans un espace vide au-dessus de la terre sans le filet de protection que tend à tout être humain le pays qui est son propre pays.