Citations de Milan Kundera

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En chassant l'homme du Paradis, Dieu lui a révélé sa nature immonde et le dégoût.

La culture, c'est la mémoire du peuple, la conscience collective de la continuité historique, le mode de penser et de vivre.

Ce qui fait d'un homme de gauche un homme gauche ce n'est pas telle ou telle théorie, mais sa capacité à intégrer n'importe quelle théorie dans le kitsch appelé Grande Marche.

Qu'est-ce que le monde entier ? Un infini sans visages ! Une abstraction.

Danser dans une ronde est magique ; la ronde nous parle depuis les profondeurs millénaires de la mémoire.

Toute sa vie, il avait eu peur de la blesser et c'était uniquement pour cela qu'il s'était imposé la discipline volontaire d'une abêtissante monogamie. Voilà qu'il constatait au bout de vingt ans que ses égards avaient été tout à fait inutiles.

En fait, j'aime chez la femme non pas ce qu'elle est pour elle-même, mais ce par quoi elle s'adresse à moi, ce qu'elle représente pour moi. Je l'aime comme un personnage de notre histoire à nous deux.

C'était un homme si profondément conciliant qu'il ne défendait ses opinions modérées qu'avec une très forte modération.

L'homme compense le poids du mal dont on lui a écrasé l'échine par la masse de sa haine.

... la gravité sentimentale de la musique et des livres.

Elle savourait l'absence totale d'aventures. Aventure : façon d'embrasser le monde. Elle ne voulait plus embrasser le monde. Elle ne voulait plus le monde. Elle savourait le bonheur d'être sans aventures et sans désir d'aventures.

Le roman est une méditation sur l'existence vue au travers de personnages imaginaires.

Par une certaine partie de nous-mêmes, nous vivons tous au-delà du temps. Peut-être ne prenons-nous conscience de notre âge qu'en certains moments exceptionnels, étant la plupart du temps des sans-âge.

L'amour ne se manifeste pas par le désir de faire l'amour (ce désir s'applique à une innombrable multitude de femmes) mais par le désir du sommeil partagé (ce désir-là ne concerne qu'une seule femme).

N'était-ce pas plutôt la réaction hystérique d'un homme qui, comprenant en son for intérieur son inaptitude à l'amour, commençait à se jouer à lui-même la comédie de l'amour ?

L'humour ne peut exister que là où les gens discernent encore la frontière entre ce qui est important et ce qui ne l'est pas. Aujourd'hui, cette frontière est indiscernable.

La première trahison est irréparable. Elle provoque, par réaction en chaîne, d'autres trahisons dont chacune nous éloigne de plus en plus du point de la trahison initiale.

Le roman est ennemi de la vitesse, la lecture doit être lente et le lecteur doit rester sous le charme d'une page, d'un paragraphe, d'une phrase même.

Toute la vie de l'homme parmi ses semblables n'est rien d'autre qu'un combat pour s'emparer de l'oreille d'autrui.

Thomas se répète le proverbe allemand : einmal ist keinmal, une fois ne compte pas, une fois c'est jamais.

L'érotisme, commercialement, est une chose ambiguë car si tout le monde convoite la vie érotique, tout le monde aussi la hait comme la cause de ses malheurs, de ses frustrations, de ses envies, de ses complexes, de ses souffrances.

L'amour ne peut pas être risible. L'amour n'a rien de commun avec le rire.

Elle prend tout au tragique, elle ne parvient pas à comprendre la légèreté et la joyeuse futilité de l'amour physique. Elle voudrait apprendre la légèreté.

La solitude : douce absence de regards.

Vivre, c'est un lourd effort perpétuel pour ne pas se perdre soi-même de vue, pour être toujours solidement présent dans soi-même, dans sa stasis. Il suffit de sortir un petit instant de soi-même et on touche au domaine de la mort.

Voilà la vraie et seule raison d'être de l'amitié : procurer un miroir dans lequel l'autre peut contempler son image d'autrefois qui, sans l'éternel bla-bla de souvenirs entre copains, se serait effacée depuis longtemps.

Cette réconciliation avec Hitler trahit la profonde perversion morale inhérente à un monde inféodé essentiellement sur l'inexistence du retour, car dans ce monde-là tout est d'avance pardonné et tout y est donc cyniquement permis.

Si l'on n'était responsable que des choses dont on a conscience, les imbéciles seraient d'avance absous de toute faute.

Une joie sur laquelle pèse l'obligation de remplacer d'autres joies est bien sûr une joie usée.

Le drame d'une vie peut toujours être exprimé par la métaphore de la pesanteur. On dit qu'un fardeau nous est tombé sur les épaules. On porte ce fardeau, on le supporte ou on le le supporte pas, on lutte avec lui, on perd ou on gagne.

La mort a un double aspect : Elle est le non-être. Mais elle est aussi l'être, l'être atrocement matériel du cadavre.

L'homme en proie au malheur cherche une consolation dans l'amalgame de sa peine à la peine d'autrui.

... il y a des mots qui ne sont pas comme les autres, des mots qui possèdent une valeur particulière connue des seuls initiés.

C'est dans les dossiers des archives de la police que se trouve notre seule immortalité.

Cher ami, un amour excessif est un amour coupable, et vous en êtes sans doute la meilleure preuve. - Je croyais que mon amour pour ma femme était la seule bonne chose qu'il y a en moi.

La musique c'est la négation des phrases, la musique c'est l'anti-mot !

Le sens de l'histoire d'un art est opposé à celui de l'Histoire tout court. Par son caractère personnel, l'histoire d'un art est une vengeance de l'homme sur l'impersonnalité de l'Histoire de l'humanité.

Celui qui veut continuellement "s'élever" doit s'attendre à avoir un jour le vertige.

Les amants ont toujours un comportement illogique.

Je l'ai vu, debout à une fenêtre de son appartement, les yeux fixés de l'autre côté de la cour sur le mur de l'immeuble d'en face, et il ne savait pas ce qu'il devait faire.

La parodie n'est-elle pas le destin éternel de l'homme ?

Il y a des idées qui sont comme un attentat.

Les amours sont comme les empires : que disparaisse l'idée sur laquelle ils sont bâtis, ils périssent avec elle.

(Le roman) apprend au lecteur à être curieux de l'autre et à essayer de comprendre les vérités qui diffèrent des siennes.

La fidélité est la première de toutes les vertus ; elle donne son unité à notre vie qui, sans elle, s'éparpillerait en mille impressions fugitives.

Les originaux ont une assez belle vie quand ils réussissent à faire respecter leur originalité.

Si tout homme avait la possibilité d'assassiner clandestinement et à distance, l'humanité disparaîtrait en quelques minutes.

... il faisait l'affaire de ses concitoyens qui, comme chacun sait, adorent les martyrs, car ceux-ci les confirment dans leur douce inaction en leur démontrant que la vie n'offre qu'une alternative : être livré au bourreau ou obéir.

Quand on se trouve en face de quelqu'un qui est aimable, déférent, courtois, il est très difficile de se convaincre à chaque instant que rien de ce qu'il dit n'est vrai, que rien n'est sincère.

Aujourd'hui on peut faire de la musique avec des ordinateurs, mais l'ordinateur a toujours existé dans la tête des compositeurs.

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Gordon Rattray Taylor Eva Sénécal Alain Mabanckou Patricia Wentworth Chaïm Potok Jean-Sifrein Maury Michel Levanti Comenius José Cadalso Hakim Mazouni Nick Tosches Edward Bunker