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Dieu a inculqué dans le coeur des femmes la haine des autres femmes parce qu'il voulait que le genre humain se multiplie.
Milan Kundera
Je veux simplement dire qu'aucun grand mouvement qui veut transformer le monde ne tolère le sarcasme ou la moquerie, parce que c'est une rouille qui corrode tout.
L'homme souhaite un monde où le bien et le mal soient nettement discernables car est en lui le désir inné et indomptable, de juger avant de comprendre.
Le droit de tuer un cerf ou une vache, c'est la seule chose sur laquelle l'humanité toute entière soit fraternellement d'accord, même pendant les guerres les plus sanglantes.
J'ai toujours pensé que la créature humaine était indivisible, seul le bourgeois dans son imposture se partage en un être public et un homme privé...
Celui qui écrit des livres est tout (un univers unique pour lui-même et pour tous les autres) ou rien. Et parce qu'il ne sera jamais donné à quelqu'un d'être tout, nous tous qui écrivons des livres, nous ne sommes rien.
L'incroyable capacité humaine à remodeler le réel à l'image de son idéal...
Que pouvons-nous demander de plus que d'être heureux un instant ?
Le romancier n'est ni historien ni prophète : il est explorateur de l'existence.
Seule une très grande intelligence est capable d'insuffler un sens logique aux idées insensées.
La mort devient réelle quand elle commence à pénétrer à l'intérieur de l'homme par les fissures du vieillissement.
Elle pense à l'époque de Jean-Sébastien Bach où la musique ressemblait à une rose épanouie sur l'immense plaine neigeuse du silence.
Dans un monde bâti sur des sacro-saintes certitudes, le roman est mort.
Le mot intellectuel, dans le jargon politique d'alors, était une insulte : il désignait un homme qui ne comprend pas la vie et qui est coupé du peuple.
Crois-moi, un seul livre interdit dans ton ancien pays signifie infiniment plus que des milliards de mots que crachent nos universités.
Qui perd son intimité a tout perdu. Et celui qui y renonce de plein grès est un monstre.
L'acte de mort possède sa propre sémantique, et il n'est pas indifférent de savoir de quelle façon un homme a trouvé la mort, et dans quel élément.
Un enfant, c'est l'imprévisibilité même, Vous ne savez pas ce qu'il adviendra, ce qu'il vous apportera, et c'est justement pour cela qu'il faut l'accepter.
Il existe, en effet, une circonstance où même la voix la plus faible est entendue.
L'érotisme n'est pas seulement désir du corps, mais, dans une égale mesure, désir d'honneur. Un partenaire que nous avons eu, qui tient à nous et qui nous aime, devient notre miroir, il est la mesure de notre importance et de notre mérite.
La tristesse était la forme, et le bonheur le contenu. Le bonheur emplissait l'espace de la tristesse.
... la mort et l'immortalité formant un couple d'amants inséparables, celui dont le visage se confond avec le visage des morts est immortel de son vivant.
Le degré de lenteur est directement proportionnel à l'intensité de la mémoire, le degré de la vitesse est directement proportionnel à l'intensité de l'oubli.
L'amour physique est impensable sans violence.
La légèreté et la joyeuse futilité de l'amour physique.
Rien n'est plus humiliant que de ne pas trouver de réponse cinglante à une attaque cinglante.
Il était vain de s'attaquer rationnellement à la solide barrière de l'irrationnel dont est pétrie, comme on dit, l'âme féminine.
Le lyrisme est une ivresse et l'homme s'enivre pour se confondre plus facilement avec le monde.
En politique, le monde est blanc ou noir. Il n'y a aucune place pour l'ambiguïté, la contradiction, le paradoxe.
L'homme, à son insu, compose sa vie d'après les lois de la beauté jusque dans les instants du plus profond désespoir.
Il n'est rien de plus lourd que la compassion. Même notre propre douleur n'est pas aussi lourde que la douleur coressentie avec un autre, pour un autre, à la place d'un autre, multipliée par l'imagination, prolongée dans des centaines d'échos.
La bêtise des gens consiste à avoir une réponse à tout. La sagesse d'un roman consiste à avoir une question à tout.
La vocation de la poésie n'est pas de nous éblouir par une idée surprenante, mais de faire qu'un instant de l'être devienne inoubliable et digne d'une insoutenable nostalgie.
Les personnages de mon roman sont mes propres possibilités qui ne se sont pas réalisées. Le roman n'est pas une confession de l'auteur, mais une exploration de ce qu'est la vie humaine dans le piège qu'est devenu le monde.
Il en va de l'érotisme comme de la danse : l'un des partenaires se charge toujours de conduire l'autre.
Au terme du véritable amour, il y a la mort, et seul l'amour au terme duquel il y a la mort est l'amour.
L'homme est tenu de savoir. L'homme est responsable de son ignorance. L'ignorance est une faute...
... pleinement et radicalement roman : à savoir : territoire où le jugement moral est suspendu.
La médiation d'une femme est susceptible de communiquer à la haine certains aspects caractéristiques de la sympathie, par exemple la curiosité, l'intérêt charnel, le désir de franchir le seuil de l'intimité.
Imprimer la forme à une durée, c'est l'exigence de la beauté mais aussi celle de la mémoire. Car ce qui est informe est insaisissable, immémorisable.
Pour qu'un amour soit inoubliable, il faut que les hasards s'y rejoignent dès le premier instant comme les oiseaux sur les épaules de saint François d'Assise.
Nous croyons tous qu'il est impensable que l'amour de notre vie puisse être quelque chose de léger, quelque chose qui ne pèse rien ; nous nous figurons que notre amour est ce qu'il devait être ; que sans lui notre vie se serait pas notre vie.
... les termites de la réduction rongent la vie humaine depuis toujours : même le plus grand amour finit par être réduit à un squelette de souvenirs chétifs.
Personne n'est plus insensible que les gens sentimentaux.
Le sens de la vie c'est justement de s'amuser avec la vie.
C'est une étrange folie d'obéir à quelqu'un d'étranger...
Tout ce qui est jamais advenu en ce bas monde a déjà été réécrit des centaines de fois et personne n'a jamais songé à vérifier ce qui s'était passé en réalité. L'histoire des hommes a été réécrite si souvent que les gens ne savent plus qui ils sont.
L'amitié vidée de son contenu d'autrefois s'est transformée aujourd'hui en un contrat d'égards réciproques, bref, en un contrat de politesse.
Qui a raté ses adieux ne peut attendre grand-chose de ses retrouvailles.
Nous n'apprenons jamais pourquoi et en quoi nous agaçons les autres, en quoi nous leur sommes sympathiques, en quoi nous leur paraissons ridicules ; notre propre image est pour nous le plus grand mystère.