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Une somme d'échecs nourrit le succès. J'aimerais y croire.
Mohammed Aïssaoui
Aujourd'hui, j'ai atteint le demi-siècle et je cours toujours après ces souvenirs qui s'éloignent à toute vitesse. Il paraît que la mémoire est un muscle qu'il faut faire travailler. C'est à cette gymnastique littéraire que je vous convie.
Elie Wiesel me dit cette phrase que je ne peux oublier : Celui qui écoute le témoin devient témoin à son tour.
La phrase de l'universitaire Hubert Gerbeau, "L'histoire de l'esclavage est une histoire sans archive", est tellement juste.
Les hommes ne laissent pas libres. Ils le deviennent.
Une fois que les hommes ont obtenu ce qu'ils désirent, ils s'empressent d'oublier celui qui les a aidés.
Une citation commune au Talmud et au Coran ne dit-elle pas à peu près ceci : Qui sauve une vie sauve l'humanité entière ?
Un pays libre n'a pas peur de son passé.
Je me dis aussi qu'il n'y a pas beaucoup de différences entre une vie consacrée à une cause et une vie sacrifiée.
Plus un pays est libre, plus il possède d'archives. Pourquoi ? Parce qu'un pays libre n'a pas peur de son passé. Regardez ce qu'il se passe dans les pays dictatoriaux : on efface le passé, on efface même des hommes sur les photos.
Toute l'oeuvre de Proust est l'oeuvre du souvenir.
Un homme libre n'a que sa parole.
J'essaie de comprendre, en posant des questions. A quel moment le funambule ne tient plus sur le fil ténu de la vie et bascule ?
Je crois que plus un pays est libre, plus sa volonté de préserver sa mémoire est grande. Et plus ses archives sont importantes. Un pays libre n'a pas peur de son passé.
Le dictionnaire rappelle que le souvenir est également un objet : un cadeau, un présent. Avec de tels rapprochements, les psychanalystes peuvent se régaler. Le souvenir, un cadeau ? Pas toujours. Un présent ? On croyait qu'il n'évoquait que le passé...
Ce qu'on ne se dit pas n'est-il pas aussi important que les mots échangés ?
Si des mots peuvent faire un bien fou – ces mots doux et chauds que l'on reçoit comme des cadeaux, qui emplissent de joie et de reconnaissance –, les mots peuvent aussi blesser. Gravement.
Je ne peux m'empêcher de trouver toute existence extraordinaire. Pour peu qu'on veuille bien prendre la peine de se pencher dessus, chaque vie est exceptionnelle et mérite d'être contée, avec sa part de lumière, ses zones d'ombre et ses fêlures.
Tous les rouages politiques, administratifs, judiciaires tendaient vers ce seul but : entretenir la machine esclavagiste pour nourrir l'économie.
Elle explique que c'est le manque de respect qui fait le plus mal, ce sont des mots tels que "cas social", "mauvaise mère", "incapable", "bonne à rien", "assistée"… Cela donne le sentiment de ne pas exister, de ne pas faire partie du même monde, de ne pas être traité comme les autres.