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Il est certains esprits dont les sombres pensées Sont d'un nuage épais toujours embarrassées ; Le jour de la raison ne le saurait percer. Avant donc que d'écrire, apprenez à penser.
Nicolas Boileau
Un beau désordre est un effet de l'art.
On sera ridicule, et je n'oserai rire ?
Alors il n'était point de lecteur si sauvage Qui ne se déridât en lisant mon ouvrage.
Villon sut le premier, dans ces siècles grossiers, - Débrouiller l'art confus de nos vieux romanciers. - Ronsard, qui le suivit, par une autre méthode, - Réglant tout, brouilla tout, fit un art à sa mode...
Ronsard, qui le suivit, par une autre méthode, - Réglant tout, brouilla tout, fit un art à sa mode - ... - Mais sa muse, en français parlant grec et latin, - Vit dans l'âge suivant, par un retour grotesque, - Tomber de ses grands mots le faste pédantesque.
Mais nous, que la raison à ses règles engage, Nous voulons qu'avec art l'action se ménage ; Qu'en un lieu, qu'en un jour, un seul fait accompli Tienne jusqu'à la fin le théâtre rempli.
Justement confus de mon peu d'abondance, Je me fais un chagrin du bonheur de la France.
Dans ce sac ridicule où Scapin s'enveloppe, - Je ne reconnais plus l'auteur du Misanthrope.
Et jamais, quoi qu'il fasse, un mortel ici-bas Ne peut aux yeux du monde être ce qu'il n'est pas.
Le mérite en repos s'endort dans la paresse.
L'un et l'autre, à mon sens, ont le cerveau troublé.
Si Bourdaloue un peu sévère - Nous dit : craignez la volupté, - Escobar, lui, dit-on, mon père, - Nous la permet pour la santé.
Ainsi qu'en sots auteurs, - Notre siècle est fertile en sots admirateurs.
Mais moi, vivre à Paris ! Eh ! Qu'y voudrais-je faire, je ne sais ni tromper, ni feindre, ni mentir ; et, quand je le pourrais, je n'y puis consentir.
La libre vérité fut mon unique étude.
J'imite de Conrart le silence prudent.
Que la nature donc soit votre étude unique.
Le chagrin monte en croupe, et galope avec lui.
Allez, vieux fou, allez apprendre à boire, - On est savant quand on boit bien ; - Qui ne sait boire ne sait rien.
Nous pourrons rire à l'aise, et prendre du bon temps.
Marchant à pas comptés, - Comme un recteur suivi des quatre Facultés.
Tout lui plaît et déplaît, tout le choque et l'oblige. Sans raison il est gai, sans raison il s'afflige.
En vain contre le Cid un ministre se ligue - Tout Paris a pour Chimène les yeux de Rodrigue - L'Académie en corps a beau le censurer, - Le public révolté s'obstine à l'admirer.
La temps qui change tout change aussi nos humeurs. Chaque âge a ses plaisirs, son esprit et ses moeurs.
On peut être héros sans ravager la terre.
Qui méprise Cotin n'estime point son roi, Et n'a, selon Cotin, ni Dieu, ni foi, ni loi.
Sans mentir, l'avarice est une étrange rage.
L'honneur est comme une île escarpée et sans bord : On n'y peut plus rentrer dès que l'on est en dehors.
Qu'heureux est le mortel, qui du monde ignoré, - Vit content de soi-même en un coin retiré, - Que l'amour de ce rien qu'on nomme renommée - N'a jamais enivré d'une vaine fumée !
Le comique, ennemi des soupirs et des pleurs, N'admet point en ses vers de tragiques douleurs.
Gardez-vous, dira l'un, de cet esprit critique On ne sait bien souvent quelle mouche le pique.
Après l'Agésilas, - Hélas ! - Mais après l'Attila, - Holà !
Le madrigal, plus simple et plus noble en son tour, Respire la douceur, la tendresse et l'amour.
Un coeur noble est content de ce qu'il trouve en lui, Et ne s'applaudit point des qualités d'autrui.
Prends-moi le bon parti : laisse là tous les livres.
Hâtez-vous lentement ; et, sans perdre courage, Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage : Polissez-le sans cesse et le repolissez ; Ajoutez quelquefois, et souvent effacez.
On a porté partout des verres à la ronde, - Où les doigts des laquais dans la crasse tracés - Témoignaient par écrit qu'on les avait rincés.
Le latin dans les mots brave l'honnêteté, - Mais le lecteur français veut être respecté.
Fuyez de ces auteurs l'abondance stérile, - Et ne vous chargez pas d'un détail inutile.
... un ouvrage qui n'est point goûté par le public est un très méchant ouvrage.
Elle dit : et du vent de sa bouche profane, Lui souffle avec ces mots l'ardeur de la chicane.
C'est peu d'être poète, il faut être amoureux.
C'est peu qu'en un ouvrage où les fautes fourmillent Des traits d'esprit de temps en temps pétillent : Il faut que chaque chose y soit mise en son lieu ; Que le début, la fin, répondent au milieu.
La critique littéraire ou artistique en vain contre le Cid un Ministre se ligue, - Tout Paris pour Chimène a les yeux de Rodrigue.
Voulez-vous du public mériter les amours, Sans cesse en écrivant variez vos discours. Un style trop égal et toujours uniforme En vain brille à nos yeux, il faut qu'il nous endorme.
Du moindre sens impur, la liberté l'outrage, Si la pudeur des mots n'en adoucit l'image.
Imitons de Marot l'élégant badinage, - Et laissons le burlesque aux plaisants du Pont-Neuf.
Que toujours, dans vos vers le sens coupant les mots, Suspende l'hémistiche, en marque le repos.
Enfin Malherbe vint, et, le premier en France, - Fit sentir dans les vers une juste cadence, - D'un mot mis en sa place enseigna le pouvoir, - Et réduisit la muse aux règles du devoir.