Images
Louis, les animant du feu de son courage, Se plaint de sa grandeur qui l'attache au rivage.
Nicolas Boileau
Et ce visage enfin plus pâle qu'un rentier A l'aspect d'un arrêt qui retranche un quartier.
L'homme, en ses passions toujours errant sans guide, A besoin qu'on lui mette et le mors et la bride.
Mais un fat me déplaît et me blesse les yeux ; Je le poursuis partout, comme un chien suit sa proie, Et ne le sens jamais qu'aussitôt je n'aboie.
Plus défait et plus blême Que n'est un pénitent sur la fin d'un carême.
Maudit soit le premier dont la verve insensée, Dans les bornes d'un vers renferma la pensée, Et, donnant à ses mots une étroite prison, Voulut avec la rime enchaîner la raison !
L'esprit lasse aisément, si le coeur n'est sincère.
Dans les combats d'esprit savant maître d'escrime, - Enseigne-moi, Molière, où tu trouves la rime.
Jamais au Spectateur n'offrez rien d'incroyable. - Le Vrai peut quelquefois n'estre pas vraisemblable. - Une merveille absurde est pour moy sans appas. - L'esprit n'est point émû de ce qu'il ne croit pas.
D'un trait de ce Poëme (la Satire) en bons mots si fertile, - Le François né malin forma le Vaudeville, - Agréable Indiscret, qui conduit par le chant, - Passe de bouche en bouche, et s'accroist en marchant.
Tout ce qu'on dit de trop est fade et rebutant : - L'esprit rassasié le rejette à l'instant. - Qui ne sçait se borner ne sceut jamais écrire.
Qui dit froid écrivain dit détestable auteur.
Souvent trop d'abondance appauvrit la matière.
Jamais Iphigénie en Aulide immolée, N'a coûté tant de pleurs à la Grèce assemblée, Que dans l'heureux spectacle à nos yeux étalé, En afait sous son nom verser la Champmeslé.
Six chevaux attelés à ce fardeau pesant Ont peine à l'émouvoir sur le pavé glissant.
On lit peu ces auteurs, nés pour nous ennuyer, Qui toujours sur un ton semblent psalmodier. Heureux qui, dans ses vers, sait d'une voix légère Passer du grave au doux, du plaisant au sévère !
Le vers se sent toujours des bassesses du coeur.
Je lis la Bible autant que l'Alcoran.
Le vice, toujours sombre, aime l'obscurité.
Dans l'art dangereux de rimer et d'écrire, Il n'est pas de degré du médiocre au pire.
Faites-vous des amis prompts à vous censurer.
Ses chanoînes, vermeils et brillants de santé, S'engraissaient d'une longue et sainte oisiveté.
Voilà l'homme en effet. Il va du blanc au noir : Il condamne au matin ses sentiments du soir.
J'aime mieux Bergerac et sa burlesque audace - Que ces vers où Motin se morfond et nous glace.
Ajoutez quelquefois, et souvent effacez.
Quelque sujet qu'on traite, ou plaisant, ou sublime, - Que toujours le Bon sens s'accorde avec la Rime. - L'un l'autre vainement ils semblent se haïr, - La Rime est une esclave, et ne doit qu'obéïr.
Une merveille absurde, est pour moi sans appas : L'esprit n'est point ému de ce qu'il ne croit pas.
L'ambition, l'avarice, l'amour, la haine Tiennent comme un forçat son esprit à la chaîne.
L'épigramme, plus libre en son tour plus borné, N'est souvent qu'un bon mot de deux rimes orné.
Chaque passion parle un différent langage.
Aimez donc la raison ; que toujours vos écrits - Empruntent d'elle seule et leur lustre et leur prix.
Et tous ces lieux communs de morale lubrique - Que Lulli réchauffa des sons de sa musique...
Surtout qu'en vos écrits la langue révérée - Dans vos plus grands excès vous soit toujours sacrée.
Le Français, né malin, forma le vaudeville.
Tout protestant fut pape, une Bible à la main.
On s'ennuie aux exploits d'un conquérant vulgaire.
L'or même à la laideur donne un teint de beauté : Mais tout devient affreux avec la pauvreté.
Avant donc que d'écrire, apprenez à penser.
Tout les jours à la cour, un sot de qualité - Peut juger de travers avec impunité, - A Malherbe, à Racan, préférer Théophile, - Et le clinquant du Tasse à tout l'or de Virgile.
La nature, fertile en esprits excellents, Sait entre les auteurs partager les talents.
Rien n'est beau que le vrai : le vrai seul est aimable ; Il doit régner partout, et même dans la fable : De toute fiction l'adroite fausseté Ne tend qu'à faire aux yeux briller la vérité.
La montagne en travail enfante une souris.
Avant qu'à nos erreurs le Ciel nous abandonne, - Profitons de l'instant que de grâce il nous donne. - Hastons-nous ; le Temps fuit, et nous traîne avec soy. - Le moment où je parle est déjà loin de moy.
De Paris au Pérou, du Japon jusqu'à Rome, - Le plus sot animal, à mon avis, c'est l'homme.
Un sonnet sans défauts vaut seul un long poème, Mais en vain mille auteurs y pensent arriver ; Et cet heureux phénix est encore à trouver.
D'un air plus grand encor la poésie épique, Dans le vaste récit d'une longue action, Se soutient par la fable, et vit de fiction.
Faites choix d'un censeur solide et salutaire, - Que la raison conduise et le savoir éclaire.
Le rondeau, né gaulois, a la naïveté.
L'ignorance est toujours prête à s'admirer.
Ton frère, dis-tu, l'assassin, M'a guéri d'une maladie ; La preuve qu'il ne fut jamais mon médecin, C'est que je suis encore en vie.