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Des paysages qui vous en veulent et qu'il faut quitter immédiatement sous peine de conséquences incalculables, il n'en existe pas beaucoup, mais il en existe. Il y en a bien sur cette terre 5 ou 6 pour chacun d'entre nous.
Nicolas Bouvier
Rien est un mot spécieux qui ne veut rien dire. Rien m'a toujours mis la puce à l'oreille.
On voyage pour que les choses surviennent et changent ; sans quoi on resterait chez soi.
On ne voyage pas pour se garnir d'exotisme et d'anecdotes comme un sapin de Noël, mais pour que la route vous plume, vous rince, vous essore, vous rende comme ces serviettes élimées par les lessives qu'on vous tend avec un éclat de savon dans les bordels.
Tout ce qui est rouge est joli tout ce qui est nouveau est beau tout ce qui est habituel est amer tout ce qui est absent est sucré.
L'Allah ou Akbar, tout tient à cela : ce nom dont la magie suffit à transformer notre vide intérieur en espace.
La vérité, c'est qu'on ne sait comment nommer ce qui vous pousse. Quelque chose en vous grandit et détache les amarres, jusqu'au jour où, pas trop sûr de soi, on s'en va pour de bon.
La façon dont un peuple explique son existence en apprend parfois aussi long que celle dont il la vit.
On aura beau informatiser, normaliser ; chaque bibliothèque conservera son odeur spécifique, sa stratégie, ses sésames et ses secrets.
Prendre son temps est le meilleur moyen de n'en pas perdre.
Je suis devenu photographe par désespoir et portraitiste par accident.
La vertu d'un voyage, c'est de purger la vie avant de la garnir.
C'est si doux, les vieilles habitudes, même celles qui vous oppriment. Plutôt un malheur familier que ces nouveautés insolites, et cet effort encore pour comprendre, lorsqu'on atteint, rompu, la fin de la journée.
Le coeur n'y était plus. Pour le courage, on se force, pas pour l'entrain.
On n'a pas à être sévère avec ce qui décline. On n'en veut pas aux vieux malades d'être vieux et malades, mais le moment venu, avec quel soulagement on s'en éloigne.
C'est le propre des longs voyages que d'en ramener tout autre chose que ce qu'on y est allé cherché.
La santé est comme la richesse, il faut l'avoir dépensée pour l'apercevoir.
Il y a ici un appetit d'essentiel sans cesse entretenu par le spectacle d'une nature où l'homme apparait comme un humble accident, par la finesse et la lenteur d'une vie où la lenteur tue le mesquin.
Comme un miroir, un visage intelligent a l'âge de ce qu'il reflète.
Fainéanter dans un monde neuf est la plus absorbante des occupations.
Celui qui n'accepte pas de commencer par faire l'apprentissage du moins est certain de perdre son temps.
... Pourquoi dans toutes nos langues occidentales dit-on "tomber amoureux" ? Monter serait plus juste. L'amour est ascensionnel comme la prière. Ascensionnel et éperdu.
Certains pensent qu'ils font un voyage, en fait, c'est le voyage qui vous fait ou vous défait.
Etre heureux me prenait tout mon temps. D'ailleurs, nous ne sommes pas juges du temps perdu.
Le voyage se passe de motifs. Il ne tarde pas à prouver qu'il se suffit à lui-même. On croit qu'on va faire un voyage, mais bientôt c'est le voyage qui vous fait, ou vous défait.
Toutes les manières de voir le monde sont bonnes pourvu qu'on en revienne.