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La fortune, pour arriver à moi, passera par les conditions que lui impose mon caractère.
Nicolas de Chamfort
C'est un proverbe turc que ce beau mot : O malheur ! je te rends grâce, si tu est seul.
Le philosophe, se portant pour un être qui ne donne aux hommes que leur valeur véritable, il est fort simple que cette manière de juger ne plaise à personne.
Pourquoi donc, disait mademoiselle de..., âgée de douze ans, pourquoi cette phrase : "Apprendre à mourir ?" je vois qu'on y réussit très bien dès la première fois.
La vraie Turquie d'Europe, c'était la France. On trouve dans vingt écrivains anglais : les pays despotiques, tels que la France et la Turquie.
Il est plus facile de légaliser certaines choses que de les légitimer.
On fausse son esprit, sa conscience, sa raison, comme on gâte son estomac.
Pour qu'une liaison d'homme à femme soit vraiment intéressante, il faut qu'il y ait entre eux jouissance, mémoire ou désir.
Un malade imaginaire : Un malade qui ne voulait pas recevoir les sacrements disait à son ami : Je vais faire semblant de ne pas mourir.
N'est-il pas trop plaisant de voir le marquis de Bièvre (petit-fils du chirurgien Maréchal) se croire obligé de fuir en Angleterre, ainsi que M. De Luxembourg et les grands aristocrates, fugitifs après la catastrophe du 14 juillet 1789 ?
En voyant quelquefois les friponneries des petits et les brigandages des hommes en place, on est tenté de regarder la société comme un bois rempli de voleurs, dont les plus dangereux sont les archers, préposés pour arrêter les autres.
C'est l'avant-dernier des hommes. - Pourquoi l'avant-dernier ? - Pour ne décourager personne, car il y a presse.
Il est impossible de vivre dans le monde sans jouer de temps en temps la comédie.
Vain veut dire vide ; ainsi la vanité est si misérable, qu'on ne peut guère lui dire pis que son nom. Elle se donne elle-même pour ce qu'elle est.
Il y a des choses indevinables pour un jeune homme bien né. Comment se défierait-on, à vingt ans, d'un espion de police qui a le cordon rouge ?
Les actions utiles, même avec éclat, les services réels et les plus grands qu'on puisse rendre à la nation et même à la cour, ne sont, quand on n'a point la faveur de la cour, que des péchés splendides, comme disent les théologiens.
Ce que j'ai appris, je ne le sais plus. Le peu que je sais encore, je l'ai deviné.
Il y a une sorte de plaisir attaché au courage qui se met au-dessus de la fortune. Mépriser l'argent, c'est détrôner un roi : il y a du ragoût.
Je m'ennuie tellement que ça m'occupe.
Il me semble, disait M de... à propos des faveurs des femmes, qu'à la vérité cela se dispute au concours, mais que cela ne se donne ni au sentiment, ni au mérite.
L'amour, tel qu'il existe dans la société, n'est que l'échange de deux fantaisies et le contact de deux épidermes.
Quel est donc cet instinct moral qui apprend à l'homme sans éducation, que la récompense de ces actions est dans le coeur de celui qui les a faites ? Il semble qu'en nous les payant, on nous les ôte.
Le public est gouverné comme il raisonne. Son droit est de dire des sottises, comme celui des ministres est d'en faire.
Le roi de Prusse, qui ne laisse pas d'avoir employé son temps, dit qu'il n'y a peut-être pas d'homme qui ait fait la moitié de ce qu'il aurait pu faire.
Il y a des livres que l'homme qui a le plus d'esprit ne saurait faire sans un carrosse de remise, c'est-à-dire sans aller consulter les hommes, les choses, les bibliothèques, les manuscrits, etc.
Il y a des gens qui mettent leurs livres dans leur bibliothèque, mais M... met sa bibliothèque dans ses livres.
Les ministres ne sont que des gens d'affaires, et ne sont si importants que parce que la terre du gentilhomme leur maître est très considérable.
Au lieu de vouloir corriger les hommes de certains travers insupportables à la société, il aurait fallu corriger la faiblesse de ceux qui les souffrent.
Un auteur, homme de goût est, parmi ce public blasé, ce qu'une jeune femme est au milieu d'un cercle de vieux libertins.
Souvent, c'est par petitesse qu'on hait l'inégalité des conditions.
Dans de certaines amitiés passionnées, on a le bonheur des passions et l'aveu de la raison par-dessus le marché.
Dans le monde, vous avez trois sortes d'amis : vos amis qui vous aiment, vos amis qui ne se soucient pas de vous, et vos amis qui vous haïssent.
D..., misanthrope plaisant, me disait, à propos de la méchanceté des hommes : Il n'y a que l'inutilité du premier déluge qui empêche Dieu d'en envoyer un second.
On n'imagine pas combien il faut d'esprit pour n'être jamais ridicule.
Ce que l'on sait le mieux, c'est ce que l'on a deviné, puis ce que l'on a appris par l'expérience.
L'imagination qui fait naître les illusions est comme les rosiers qui produisent des roses dans toutes les saisons.
Il n'y a pas d'homme qui puisse être, à lui tout seul, aussi méprisable qu'un corps. Il n'y a point de corps qui puisse être aussi méprisable que le public.
M... me dit un jour plaisamment, à propos des femmes et de leurs défauts : Il faut choisir d'aimer les femmes ou de les connaître : il n'y a pas de milieu.
Il y a, on ne peut le nier, quelques grands caractères dans l'histoire moderne ; et on ne peut comprendre comment ils se sont formés : ils y semblent comme déplacés ; ils y sont comme des cariatides dans un entresol.
La vie contemplative est souvent misérable. Il faut agir davantage, penser moins, et ne pas se regarder vivre.
Le public, le public !... Combien faut-il de sots pour faire un public ?
Les pauvres sont les nègres de l'Europe.
Un bienfaiteur délicat doit songer qu'il y a dans le bienfait une partie matérielle dont il faut dérober l'idée à celui qui est l'objet de sa bienfaisance.
On souhaite la paresse d'un méchant et le silence d'un sot.
Le public de ce moment-ci est, comme la tragédie moderne, absurde, atroce et plat.
Telle est la misérable condition des hommes, qu'il leur faut chercher, dans la société, des consolations aux maux de la nature, et, dans la nature, des consolations aux maux de la société.
C'est une jolie allégorie que celle qui fait sortir les songes vrais par la porte de corne, et les songes faux, c'est-à-dire les illusions agréables, par la porte d'ivoire.
Autrefois le trésor royal s'appelait l'épargne. On a rougi de ce nom qui semblait une contre-vérité depuis qu'on a prodigué les trésors de l'état, et on l'a tout simplement appelé le trésor royal.
Il est impossible qu'un philosophe, qu'un poète ne soient pas misanthropes.
Croyez qu'il est des coeurs qu'on ne peut soupçonner.