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La vérité n'est pas relative. Ce sont les opinions sur la vérité qui sont relatives.
Nicolás Gómez Dávila
Le Progrès se réduit finalement à voler à l'homme ce qui l'ennoblit, pour lui vendre au rabais ce qui l'avilit.
La concussion démocratique est inexcusable parce qu'elle est hypocrite, sournoise, honteuse. J'aime mieux Vaux-le-Vicomte que les comptes bancaires en Suisse des ministres démocratiques.
Seules deux choses éduquent : avoir un maître ou être un maître.
La postérité n'est pas l'ensemble des générations futures. C'est un petit groupe d'hommes de goût, bien élevés, érudits, dans chaque génération.
Respecter les gens qui nous sont supérieurs est d'abord une preuve de bon goût.
Comme les dents de lait, il y a les idées de lait. A quel âge commençons-nous à les perdre ?
Les riches ne sont inoffensifs que là où ils sont exposés au dédain d'une aristocratie.
Aussi longtemps qu'on ne le prend pas au sérieux, celui qui dit la vérité peut survivre dans une démocratie.
La littérature ne périt pas parce que personne n'écrit, mais quand tout le monde écrit.
L'intelligence est spontanément aristocratique, car c'est la faculté de distinguer les différences et de fixer les rangs.
L'homme ne communique avec son semblable que quand l'un écrit dans sa solitude, et que l'autre le lit dans la sienne. Les conversations sont divertissement, escroquerie, ou escrime.
La poésie n'a pas de place dans le monde. C'est un flamboiement qui s'infiltre par ses failles.
Le raciste s'exaspère, parce qu'il soupçonne en secret que les races sont égales ; l'anti-raciste aussi, parce qu'en secret, il soupçonne qu'elles ne le sont pas.
Les gens de gauche ne sont pas les représentants des pauvres, mais les délégués des idées pauvres.
Les activités supérieures de l'esprit paraissent toujours parasitaires aux yeux du sot. Le degré de civilisation d'une société se mesure au nombre de parasites qu'elle tolère.
Au lieu de la noblesse héréditaire, d'abord la ploutocratie bourgeoise, puis la police socialiste. L'histoire nous sert des plats peu ragoûtants, quand nous commandons des réalités à la place des vieilles fictions.
Toute rébellion contre l'ordre de l'homme est noble, tant qu'elle ne masque pas une rébellion contre l'ordre du monde.
Après avoir discrédité la vertu, ce siècle est parvenu à discréditer les vices. Les perversions sont devenues des parcs suburbains que fréquentent en famille les foules dominicales.
Les idéologies ont été inventées pour que celui qui ne pense pas puisse donner son opinion.
Le communiste hait le capitalisme par complexe d'Oedipe. Le réactionnaire le considère simplement avec xénophobie.
Il ne faut pas désespérer de l'athée, tant qu'il n'adore pas l'homme.
Le triangle : bourg, château, monastère n'est pas une miniature médiévale, mais un paradigme éternel.
Vivre avec lucidité une vie silencieuse, discrète, parmi des livres intelligents, et aimé de quelques êtres chers.
L'intelligence littéraire est l'intelligence du concret.
La plus grande faute du monde moderne n'est pas d'avoir incendié les châteaux, mais d'avoir rasé les chaumières. Ce qu'on voit s'effacer, au fil du XIXe siècle, c'est la dignité des humbles.
Celui qui réclame l'égalité des chances finit par exiger que l'on pénalise celui qui est doué.
Tolérer ne doit pas consister à oublier que ce qu'on tolère ne mérite que de la tolérance.
Quand la patrie n'est pas le territoire des temples et des tombes, mais une simple somme d'intérêts, le patriotisme est déshonorant.
Si l'on aspire seulement à doter d'un nombre croissant de biens un nombre croissant d'êtres, sans se soucier de la qualité des êtres ni de celle des biens, alors le capitalisme est la solution parfaite.
Les concessions sont les marches de l'échafaud.
La féodalité a été fondée sur des sentiments nobles : loyauté, protection, service. Les autres systèmes politiques se fondent sur des sentiments méprisables : égoïsme, convoitise, jalousie, lâcheté.
Devant les esprits vraiment grands, nous ne nous sentons pas humiliés, mais mystérieusement en accord.
L'Introduction à la vie dévote de saint François de Sales et les Chroniques de Froissart nous ouvrent à des façons de vivre étrangères à notre époque : la vie comme "dévotion", la vie comme "prouesse". Deux façons de sentir la vie comme une exaltation virile et délicieuse, comme un claquement d'oriflammes dans l'aurore.
Pour distraire le peuple pendant qu'ils l'exploitent, les despotismes idiots choisissent les jeux du cirque, tandis que le despotisme astucieux préfère les jeux électoraux.
Les journalistes sont les courtisans de la plèbe.
La décadence d'une littérature commence quand ses lecteurs ne savent pas écrire.
Le pourcentage d'électeurs qui s'abstiennent de voter mesure le degré de liberté concrète dans une démocratie. Là où la liberté est fictive, là où elle est menacée, ce pourcentage tend vers zéro.
Nous ne blâmons pas le capitalisme parce qu'il fomente l'inégalité, mais pour favoriser l'ascension de types humains inférieurs.
Les deux ailes de l'intelligence sont l'érudition et l'amour.
La liberté est un rêve d'esclaves.
Les musées sont l'invention d'une humanité qui n'a pas de place pour les oeuvres d'art, ni dans ses maisons, ni dans sa vie.
Qu'est la philosophie pour le catholique sinon la manière dont son intelligence vit sa foi ?
L'égalitariste considère que la courtoisie est un aveu d'infériorité. Entre égalitaristes, c'est la grossièreté qui marque le rang.
Les guerres intellectuelles ne sont pas gagnées par les armées régulières mais par des francs-tireurs.
Nous ne devons pas émigrer mais conspirer.
Tout ce qui peut interrompre une tradition oblige à repartir de l'origine. Et toute origine est sanglante.
Ce que le moderne déteste dans l'Eglise catholique, c'est son triple héritage : chrétien, romain et hellénique.
Les nations actuelles ne sont pas des peuples, mais des sécessions victorieuses de la plèbe.
La paresse de l'intellect est bien souvent le seul contrepoids à la démence humaine.