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La générosité est un geste sans limites que l'âme du monde ressent à chaque instant.
Olivier Weber
Le voyage a ceci de beau qu'il nous grandit et nous rattache en même temps aux chimères des origines, qu'il nous transforme en sceptiques mais nous force d'abord à rester candides.
S'attacher à un lieu, se souvenir de ses racines, retrouver dans une halte les ingrédients de la grande recette, celle des origines. Et puis s'arracher, repartir, avec des regards à la fois devant et derrière comme un métronome obstiné.
Telle est sans doute la meilleure définition de la route de la Soie, ce chemin initiatique et mercantile : la philosophie du rendez-vous, l'émergence d'un esprit vagabond.
Le voyage lui-même est entendu au pire comme temps fini, comme champ d'activité économique, au mieux comme nouvelle impulsion pour mieux revenir. Le voyage doit avoir une finalité alors qu'il est d'abord source de vie.
Peut-être que les voyages naissent ainsi, à l'écoute d'un nom magique qui résonne longtemps, comme un écho bienveillant.
Alger appartient tout d'abord aux pirates, aux renégats, aux chrétiens convertis à la religion du prophète Mahomet.
La cruauté est l'un des ressorts intimes de l'homme que viennent atténuer les croyances et les religions.
Le trône ne sied pas aux pieux derviches, poètes et sages de la route de la soie, ils lui préfèrent le manteau de bure, et l'exil du coeur est leur royaume.
La littérature est un théâtre à ciel ouvert qui permet de transformer les êtres les plus simples en héros universels, loin des parterres présomptueux.
La stupidité mène parfois aux pires massacres.
Devant les déferlantes comme dans une guerre les caractères se dessinent, avec leur cortège de courages minuscules, d'abandon, de ténacité.
L'Occident donne pour tromper son inquiétude.
Il nous faut remplacer les mourants, et les mourants savent qu'ils ne valent que pour ce qu'ils ont transmis.
Le nomadisme est une liberté que ne peut supporter le monde sédentaire, sauf s'il lui est soumis, comme condition de son renouvellement. Le partir, revenir n'est conçu que si le revenir l'emporte, et non pas à égalité des actes.
La gloire, c'est comme la gouache, ça prend très vite puis ça part à la première goutte de pluie.
Nous avons tous un Gengis Khan au fond de nous.
Les djihadistes ont massacré les innocents et entendent désormais tuer l'amour.
La charité est un remède à l'angoisse.
Ma captivité était devenue un délice, une promesse de beaux lendemains, un horizon dont je voyais les contours et que je n'avais jamais connu, les frontières d'un nouveau pays qui s'appellerait l'amour.
Alger la rebelle, l'insoumise, l'infidèle aux belles femmes, aussi traîtresses que les pirates.
Les personnages de nos autres vies sont des fantômes que la littérature fait revivre.
L'Espagne n'avait plus grande importance à mes yeux, car j'avais compris qu'il n'est pire exil que celui du coeur.
Dans tout périple, le voyageur approche des moments magiques, souvent cristallisés dans un lieu qui incarne toute cette espérance, tel un horizon longtemps désiré.
Le partir-revenir des voyageurs comme Ella Maillart et ses émules aujourd'hui, lancés sur la trace des derniers nomades, résulte aussi d'une rébellion contre le bornage mental d'une civilisation. Qu'est-ce qui définit l'autre ?
Il est dans tout grand voyage un point d'orgue, un moment de flottement où les odeurs et les envies se mélangent, comme si ce moment-là comportait une interrogation, porteuse des doutes et en même temps des certitudes : pourquoi poursuivre la route.
Nous sommes tous des naufragés de l'âme, vois-tu, la peinture n'est que le reflet de ce chagrin, antichambre de la grande joie à venir.
Les climats de la poésie sont les territoires du coeur.
Un secret est d'autant plus lourd à porter qu'il engage votre amour. Les secrets rendent le désir encore plus fou.
L'homme pour assouvir ses instincts est capable du pire et du meilleur, et jusqu'à mettre en danger sa propre espèce.
L'humanité utilise son intelligence pour se détruire.
Dans l'émirat des talibans, l'amour a trouvé une frontière, chassé jusqu'au regard, considéré comme un outrage, et contraire à l'idée de soumission. Les turbans noirs ont tué l'amour.
Regarde-toi dans un miroir et détruis-le, tu me remercieras.
Les caravansérails sont des bâtisses improbables que seul pérennise l'amour.
Le voyage est un voeu rimbaldien, destiné non à former la jeunesse mais à la réinventer.
Sans doute les périples immobiles forment-ils l'antichambre idéal des grands voyages.
Le don est d'abord une affirmation de pouvoir. Montre-moi ce que tu donnes, je dirai ta puissance.
Nous sommes le produit de nos actes et l'addition de nos rêves.
L'aventure est relative, l'aventure vit non pas dans l'audace de celui qui ose la vivre mais d'abord dans le génie de celui qui la relate ou l'écrit.
Les fanatiques ont déjà interdit l'amour. Ils sont en train d'interdire le rêve.
A force de peindre la vie des autres, il avait oublié de peindre la sienne.
La poésie est l'arme de la révolte.
Ecrire comme volonté d'inventer le monde, comme intention de se réinventer soi-même.
La maison Kessel est une auberge ouverte sur le monde, que les vents traversent en une lancinante complainte, celle de l'appel au voyage.
Tout voyage est comme une écriture, une étrange alchimie. Un mélange entre la demande de dehors, celui qui guérit comme le proclame Stevenson, et l'espace du dedans.
La patience est une guerre qui se livre souvent avant la vraie bataille.
Liberté apparente du nomadisme, qui obéit à des règles éternelles, de temps et de lieu. La moitié du nomade est une rigueur.
La sédentarité nous importe aussi parce qu'elle est un renvoi du voyage permanent.
Le sabordage de l'âme devrait être enseigné dans les écoles de marine.
La mélancolie est souvent plus forte que le désir, mais parfois l'un et l'autre se marient.