Images
Est-ce l'amour qui rend idiot, ou n'y a-t-il que les crétins pour tomber amoureux.
Orhan Pamuk
A force de rechercher l'étrange en nous-mêmes, nous risquerons de devenir quelqu'un d'autre.
Tes convictions doivent être sincères. Et même si elles ne le sont pas, ton lecteur doit être persuadé qu'elles le sont.
La première chose qu'un prix Nobel change dans votre vie, c'est... votre compte en banque.
Tout être doué d'intelligence sait que la vie est une belle chose et que le bonheur est le but de l'existence, dit mon père en regardant ces trois jolies filles. Mais comment peut-on expliquer que seuls les imbéciles soient heureux ?
La vraie poésie ne cohabite avec le bonheur que pour une durée très courte. Au bout d'un certain temps, soit le bonheur banalise la poésie et le poète, soit alors la vraie poésie gâche le bonheur.
La plus grosse tromperie vieille de milliers d'années réside en ceci : on a confondu être pauvre et être idiot.
La cause de notre attachement à notre Dieu ici-bas n'est pas, comme le croient les Occidentaux, le fait que nous soyons aussi pauvres, c'est notre insatiable curiosité à l'égard de notre raison d'être dans ce monde et de ce qu'il y a dans l'autre monde.
Une image accrochée au mur, quelle que soit notre première intention, finit toujours par inviter à l'adoration... Sans même en prendre conscience.
Ma propre vie échappait à mon contrôle, il m'entraînait là où il voulait, à son gré, et je ne pouvais plus que contempler de loin, comme en rêve, tout ce que j'avais vécu.
Dans mon désir de devenir peintre entrait l'envie de passer des heures, chaque jour, seul dans un bureau. C'est aussi le privilège de l'écrivain. J'aime cette solitude. Et la rêverie.
Devant les gestes ou les manières d'un enfant ou d'un adolescent, n'a-t-on pas parfois le sentiment de revoir sa propre enfance, sa propre adolescence, et on le contemple alors avec bienveillance et inquiétude.
Connaître, c'est se souvenir de ce que l'on a vu. Voir, c'est reconnaître ce qu'on a oublié. Peindre, c'est donc se souvenir de ces ténèbres.
Le lecteur est aussi ingrat que le chat. Le chat, qui est un animal très intelligent, n'est pas ingrat, mais il sait qu'il ne faut pas se fier aux écrivains qui n'aiment que les chiens. Ne t'occupe pas de chats ou de chiens, mais des problèmes du pays.
Le temps doit emprunter ses ailes à l'imagination.
Alors, pris de désespoir, je me suis dis qu'il était impossible d'exprimer avec des mots l'histoire, et même la vie !
Peindre à la perfection une figure équestre, c'est encore et toujours - et seulement - rendre hommage au vrai Créateur, avouer et montrer, par les couleurs mêmes de la vie, notre émoi devant l'opulence du monde qu'Il a créé.
Peindre, c'est aimer la vie.
Un bon croyant sait que Dieu est justice et raison, qu'il prend en compte les intentions profondes de ses serviteurs.
Quand on essaie de réprimer les souvenirs, il y a toujours quelque chose qui revient, je suis ce qui revient.
Le rêve d'héroïsme, c'est la consolation des malheureux.
L'amour c'est le besoin de serrer très fort l'autre dans ses bras, et de se trouver toujours à ses côtés. C'est le désir d'oublier le monde extérieur quand on prend l'autre dans ses bras. C'est le désir de découvrir un refuge sûr pour son âme.
Fort souvent les gens n'ont pas besoin d'être provoqués, ni persuadés, ni induits en erreur pour commettre le péché, par simple bêtise ou enfantillage, incapables de surmonter leurs faiblesses, leurs appétits et leurs basses convoitises.
Mais, à l'expression de ton visage, je comprends que tu veux raconter combien nous sommes pauvres, combien nous sommes différents des gens qui lisent tes romans. Je ne voudrais pas que tu me mettes dans un tel roman.
Les gens aspirent au bonheur dans la vie, plutôt qu'à des sourires béats sur de belles images. Les peintres ne l'ignorent pas, et savent que c'est là leur limite. Qu'ils ne font que mettre à la place du bonheur dans la vie celui de la contemplation.
Le vrai problème du vrai poète est toujours le même. S'il est heureux pendant une longue période, il devint ordinaire. S'il est malheureux pendant une longue période, il ne peut plus trouver en lui la force de tenir en vie sa poésie.
Qu'importe de savoir qui on est ? disais-je. Ce qui est important, c'est de savoir ce que nous faisons et ce que nous ferons.
La peinture n'est que la recherche des souvenirs de Dieu, dans le but de voir l'univers tel qu'Il le voit.
Si l'image de l'être aimé reste vivante dans votre coeur, le monde entier est votre maison.
Les mots pour nous, écrivains, sont les pierres dont nous nous bâtissons.
Ce n'est pas l'expérience, mais la virginité, qui nous prépare à l'excellence.
Être écrivain, c'est découvrir patiemment, au fil des années, la seconde personne, cachée, qui vit en nous, et un monde qui secrète notre seconde vie.
Dans un pays d'oppression comme le nôtre, où on n'accorde aucune valeur à l'être humain, se détruire pour ses croyances n'a pas de sens. Les grands principes, les nobles croyances, tout ça c'est pour les gens des pays riches.
La littérature est l'art de savoir parler de notre histoire comme de l'histoire des autres et de l'histoire des autres comme de notre propre histoire.
La peinture est silence pour l'esprit et musique pour l'oeil.
Quels que soient le talent et le mérite personnel, il vaut mieux chercher ailleurs le profit et la reconnaissance, et si on n'est pas récompensé à la hauteur de son labeur, ce n'est pas une raison pour se retourner contre son art.
Il avait en effet coutume de soutenir que la mémoire de l'artiste ne réside pas dans sa main, mais dans son coeur et dans son âme, et déclarait même que c'est une fois devenu aveugle qu'il avait pu enfin contempler les vraies images de la nature.
Le roman vient à la place du bonheur que nous ne trouverons peut-être jamais dans la vie.
J'écris pour échapper au sentiment de ne pouvoir atteindre un lieu où l'on aspire, comme dans les rêves.
Dieu, ce n'est pas une question d'intelligence ou de foi, c'est une lucidité rappelant que toute vie est une énigme.
J'écris parce que la vie, le monde, tout est incroyablement beau et étonnant. J'écris parce qu'il est plaisant de traduire en mots toute cette beauté et la richesse de la vie.
La poésie et le dessin sont frère et soeur, comme tu le sais, de même que les mots et les couleurs.
Qu'est-ce donc qu'être une couleur ? C'est le toucher de la pupille, la musique du sourd-muet, la parole des ténèbres.
Une fois par vie, il neige dans nos rêves.
L'amour vient après le mariage. Malgré cela, il y a des imbéciles qui tombent amoureux avant, et qui jettent en vain leur amour dans les flammes. Tout ça pour quoi ? parce qu'ils se figurent que l'amour est dans la vie ce qu'il y a de meilleur.
Les habiles diront : Voyons un peu ce que me dit cette lettre, quand les imbéciles se contentent de dire : Voyons ce qui est écrit.
Pour retrouver la vie et les rêves enfouis, il nous faut les rêver à nouveau !
J'écris parce que je n'arrive pas à être heureux, quoi que je fasse. J'écris pour être heureux.
Le bonheur, c'est seulement d'être auprès de la personne qu'on aime.
L'homme, quel que soit son amour, finira toujours par oublier un visage qu'il n'a plus l'habitude de voir.