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Il est difficile d'être athée, de se passer du petit zeste sacré, car on a toujours un Dieu quelque part.
Patrick Grainville
C'est le début de la saison des guerres, les paysannes de la brousse craignent la venue des grands babouins déflorateurs des filles pubères.
Laissons nos morts à la nature, qu'ils servent à quelque chose au moins.
Les alluvions des mangroves roulent leurs ventres effervescents, bulbeux, cloqués de pépites gluantes et jaunes.
Trognes bouffies à force de ribotes, de beuveries, de boustife et d'excès de putes !
La foule gueunilleuse, nue ou sommairement vêtue de pagnes, de pantalons clairs, de shorts décolorés et parfois de bermudas bigarrés, fleuris et de tee-shirts assortis...
Le voile exhibe l'idée de l'or qu'il couve, l'or de la chair nue. Il confirme ce qu'il confine ! Il totémise la beauté interdite. C'est l'inverse du but officiellement visé.
Les flamboyants dressés déploient leurs armoiries de feu : floraisons immobiles, écarlates sur le bleu irréel de l'azur et de la mer. Géants panaches de fleurs rouges dans l'absence absolue de feuillages, sur tout le cercle de la baie.
Le Mourmako était un bidonville unique au monde de par ses dimensions. Il s'étendait sur plusieurs kilomètres en long et en large. Ses pittoresques frappaient, ses complications ténébreuses, ses dédales illimités, ses invisibles recoins.