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J'avais cru agir avec courage, mais il s'avérait que j'avais seulement fait preuve de la forme la plus abjecte de lâcheté : je m'étais complu dans mon mépris du monde en refusant de regarder la réalité en face.
Paul Auster
Le vide obscur de l'oubli, un néant aussi profond et ténébreux que la mort.
La lecture était ma liberté et mon réconfort, ma consolation, mon stimulant favori : lire pour le pur plaisir de lire, pour ce beau calme qui vous entoure quand vous entendez dans votre tête résonner les mots d'un auteur.
Pour employer une expression qui m'a toujours plu, j'ai découvert que je vivais des jours empruntés.
Tout homme contient en lui plusieurs hommes et, pour la plupart, nous sautons de l'un à l'autre sans jamais savoir qui nous sommes. En haut un jour, en bas le lendemain moroses et silencieux le matin, rieurs et farceurs le soir.
Deux personnes, par leur désir, peuvent créer une chose plus puissante que celle que chacune peut créer toute seule.
Personne n'est autorisé à mourir plus d'une fois.
L'échec n'entache pas la sincérité de la tentative.
Le réel dépasse toujours ce que nous pouvons imaginer. Si débridées que nous jugions nos inventions, elles ne parviennent jamais au niveau des incessantes et imprévisibles vomissures du monde réel.
Marcher dans une foule signifie ne jamais aller plus vite que les autres, ne jamais traîner la jambe, ne jamais rien faire qui risque de déranger l'allure du flot humain.
Les vies n'ont pas de sens. Quelqu'un vit, puis meurt, et ce qui se passe entre les deux n'a pas de sens.
Il y a de l'espoir pour tout le monde, c'est ce qui fait tourner l'univers.
L'amour est la seule force qui peut stopper un homme dans sa chute.
La destruction à grande échelle est l'affaire de Dieu, les hommes n'ont pas le droit de s'en mêler.
Si le monde n'était pas si beau, on risquerait tous de devenir cyniques.
Une citation m'a particulièrement troublée : Le monde est dans ma tête. Mon corps est dans le monde. J'avais dix-neuf ans et cela continue d'être ma philosophie. Mes livres ne sont rien d'autre que le développement de cette constatation.
Un livre est un objet mystérieux et une fois qu'il a pris son envol, n'importe quoi peut arriver.
C'est ce qu'on apprend de la vie en fin de compte : combien elle est étrange.
Rien n'est dépourvu de sens, tout en ce monde est relié au reste.
Le monde est dans ma tête, mon corps est dans le monde.
La Démocratie ne va pas de soi. Il faut se battre pour elle chaque jour, sinon nous risquons de la perdre. La seule arme dont nous disposions est la loi.
Plaisirs physiques et douleurs physiques. D'abord et surtout les plaisirs sexuels, mais aussi celui de manger et de boire, de rester nu dans un bain chaud, de gratter un endroit qui démange, d'éternuer et de péter, de passer une heure de plus au lit, de lever le visage vers le soleil par un doux après-midi de fin de printemps ou de début d'été et de sentir la chaleur s'installer sur ta peau.
Les Français se transforment en gamins hargneux dès qu'ils se trouvent trop nombreux dans un espace restreint, et plutôt qu'essayer collectivement d'imposer un ordre à la situation, tout vire soudain au chacun pour soi.
L'écriture est une occupation solitaire qui accapare votre vie. Dans un certain sens, un écrivain n'a pas de vie propre. Même lorsqu'il est là il n'est pas vraiment là.
Les blessures sont une partie essentielle de la vie, et tant qu'on n'est pas blessé d'une façon ou d'une autre, on ne peut pas devenir un homme.
C'est la plus simple des vérités : une vie n'appartient qu'à celui qui la vit la vie elle-même revendiquera les vivants vivre, c'est laisser vivre.
L'imagination, c'est l'art de donner vie à ce qui n'existe pas, de persuader les autres d'accepter un monde qui n'est pas vraiment là.
Il n'y a pas de coïncidences, l'usage de ce mot est l'apanage des ignorants.
Dans la mémoire, les choses n'ont pas toujours le même poids. Quelques jours peuvent compter plus que cent ans.
Nous sommes tous étrangers à nous-mêmes, et si nous avons le moindre sens de qui nous sommes, c'est seulement parce que nous vivons à l'intérieur du regard d'autrui.
Nous habitons nos pensées, la vie qu'on vit est dans la tête, physiquement dans la tête. Mais on n'invente pas le monde, on est entouré des choses et nos corps sont trempés dans cette réalité... et c'est cette expérience que je veux communiquer.
La plupart des gens ne font pas attention. Ils voient les mots comme des rocs, de grands objets impossibles à déplacer et sans vie, des nomades qui ne changent jamais.
Je ressens que notre vie procède avant tout des corps. Bien sûr nous pensons. Mais nos pensées ne viennent pas de nulle part. Elles émergent d'un moi physique, de nos corps.
Le silence oblitère tout.
Le sentiment de culpabilité est un aiguillon puissant.
On ferme les yeux ; on écarte les bras ; on se laisse évaporer. Et alors, petit à petit, on s'élève.
Nous avons l'obligation de nous souvenir des morts. Telle est la loi fondamentale. Si nous ne souvenions pas d'eux, nous perdrions le droit de nous prétendre humains.
Tout homme est l'auteur de sa propre vie.
Comme dans toute initiation, c'est dans le fait même de survivre qu'est le triomphe.
L'esprit ne peut pas vaincre la matière, car sitôt qu'il se trouve sollicité exagérément, il se révèle lui aussi fait de matière.
La routine est un éteignoir, comme le suggère un personnage de Beckett.
Ecrire commence dans le corps, c'est la musique du corps, et même si les mots ont un sens, s'ils peuvent parfois en avoir un, c'est dans la musique des mots que commence ce sens.
Avoir un enfant, cela revient à appartenir à quelque chose de plus grand que soi.
Nos vies nous emportent selon des modes que nous ne pouvons maîtriser, et presque rien ne nous reste.
Il est pourtant des choses du temps jadis qui te manquent, même si tu n'as aucun désir de voir revenir ces jours anciens.
Il contemplait la tombe de ma mère en pleurant, sous l'immensité bleue du ciel, comme s'il avait été le dernier survivant de l'univers.
Le soleil est le passé, la terre est le présent et la lune est le futur.
On arrive à un certain point de la vie et puis il est trop tard pour changer.
Il reste si peu d'autorité qui ne soit pas contestée aujourd'hui ; et cela où que ce soit, même au Vatican, que ceux qui croient la posséder ont tendance à en être obsédés.
Il y a les esprits forts et les victimes : on mène ou on est mené.