Citations de Paul Valéry

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A peine je sors de mon lit, avant le jour, au petit jour, entre la lampe et le soleil, heure pure et profonde, j'ai coutume d'écrire ce qui s'invente de soi-même.

Offense-moi, pour me donner la force de te tuer.

La statue et la gloire sont des formes du culte des morts, qui est une forme de l'ignorance.

L'être qui travaille se dit : Je veux être plus intelligent, plus puissant, plus heureux que Moi.

Un journal est un lieu carré où les auteurs et le public s'accouplent monstrueusement jusqu'à ce qu'il ne reste plus que des imbéciles.

L'idée de justice est au fond une idée de théâtre, de dénouement, de retour à l'équilibre ; après quoi, il n'y a plus rien. On s'en va. Fini le drame.

Le métier des intellectuels est de remuer toutes choses sous leurs signes, noms ou symboles, sans le contrepoids des actes réels. Il en résulte que leurs propos sont étonnants, leur politique dangereuse, leurs plaisirs superficiels.

Mais je trouvais indigne, et je le trouve encore, d'écrire par le seul enthousiasme. L'enthousiasme n'est pas un état d'âme d'écrivain.

Il existe toujours une "magie" en amour. Sans quoi on tombe dans la friction pure, avec ses deux aspects de jouissance à l'état brut et de location de services.

L'ambition extérieure a pour condition une sorte de désespoir ou d'abandon de l'ambition intérieure.

Conseil à l'écrivain - Entre deux mots, il faut choisir le moindre. - (Mais que le philosophe entende aussi ce petit conseil).

Les guerres, ce sont des gens qui ne se connaissent pas et qui s'entre-tuent parce que d'autres gens qui se connaissent très bien ne parviennent pas à se mettre d'accord.

Par le mythe vulgaire du bonheur, on peut faire des hommes à peu près ce que l'on veut, et tout ce que l'on veut des femmes.

Rien ne rend un homme plus redoutable, plus implacable, plus... que la faculté de voir les choses... telles qu'elles sont.

Je me suis rarement perdu de vue ; je me suis détesté, je me suis adoré ; puis, nous avons vieilli ensemble.

Il n'y a point de doute que vous ne soyez le flambeau même de ce temps.

Peu d'esprits s'inquiètent d'examiner la question avant de fournir la réponse.

Les amis, à la longue, finissent par se classer dans l'ordre de la délicatesse de leur tact.

Quoi de plus original que le bien délicatement fait ? N'est-ce point se distinguer de ses semblables que de les aimer ?

L'infini ... est une affaire d'écriture. L'univers n'existe que sur le papier.

Classique est l'écrivain qui porte une critique de soi-même, et qui l'associe intimement à ses travaux.

Le vrai courage est la quantité de simulation disponible ; et s'il n'y a pas simulation, il y a insensibilité et non courage.

La richesse est une huile qui adoucit les machines de la vie.

L'Histoire est la science des choses qui ne se répètent pas.

La poursuite des perfectionnements exclut la recherche de la perfection. Perfectionner s'oppose à parfaire.

Il est clair que toute "tentation" résulte de l'action de la vue ou de l'idée de quelque chose qui éveille en nous la sensation qu'elle nous manquait.

La crainte a élevé des temples, la crainte s'est enfin changée en ces merveilleuses supplications de pierre, en édifices magnifiquement significatifs, qui sont peut-être la plus haute expression humaine de beauté et de volonté.

La nation française fait songer à un arbre greffé plusieurs fois, de qui la qualité et la saveur de ses fruits résultent d'une heureuse alliance de sucs et de sèves très divers concourants à une même et indivisible existence.

L'analyse est parfois un moyen de se dégoûter en détail de ce qui était supportable dans son ensemble.

Intellectuels ? Ceux qui donnent des valeurs à ce qui n'en a point.

Un poète est le plus utilitaire des êtres. Paresse, désespoir, accidents du langage, regards singuliers, - tout ce que perd, rejette, ignore, élimine, oublie l'homme le plus pratique, le poète le cueille, et par son art lui donne quelque valeur.

Prévoir est à la fois l'origine et le moyen de toutes les entreprises, grandes ou petites. C'est aussi le fondement présumé de toute la politique.

Méditer en philosophie, c'est revenir du familier à l'étrange et, dans l'étrange, affronter le réel.

Un homme sérieux a peu d'idées. Un homme à idées n'est jamais sérieux.

La plus belle fille du monde ne peut donner que ce qu'elle a... - Mieux vaut souvent qu'elle le garde !

L'histoire, je le crains, ne nous permet guère de prévoir ; mais associée à l'indépendance de l'esprit, elle peut nous aider à mieux voir.

Dans l'ordre des écrivains, je ne vois personne au-dessus de Bossuet.

Le fond de l'amour, des recherches etc, n'est il pas : que faire de cette sacrée vie ? que faire de sa vie, de ce disponible apparent ?

Je mets entre guillemets comme pour mettre, non tant en évidence, qu'en accusation, c'est un suspect.

La seule fluence des phrases dénouera sans effort la situation.

Essentiellement le rêve est actuel. Il comporte bien un passé et un futur, mais immédiatement convertibles en actuel, en espèces. Ce passé et ce futur ne résistent pas à leur présence. Elle en fait le présent - l'actuel.

Un espace n'est pas un ensemble de points. Cela est enfantin.

L'enthousiasme n'est pas un état d'âme d'écrivain.

Chaque atome de silence Est la chance d'un fruit mûr.

C'est une grande erreur de spéculer sur la sottise des sots, et une erreur plus grande de bâtir sur l'intelligence des intelligents. Ils s'écartent de leur nature une fois par jour.

Le vivant imagine la vie éternelle comme la planète imagine la tangente. Chaque instant est composé. Une force l'éloigne du terme, du fini ; une autre l'y attire.

L'homme heureux est celui qui se retrouve avec plaisir au réveil, se reconnaît celui qu'il aime d'être. L'homme heureux est celui qui se retrouve avec plaisir au réveil, se reconnaît celui qu'il aime d'être.

L'homme est cet animal séparé, ce bizarre être vivant qui s'est opposé à tous les autres, qui s'élève sur tous les autres, par ses... songes, - par l'intensité, l'enchaînement, par la diversité de ses songes !

La mort est une surprise que fait l'inconcevable au concevable.

L'homme moderne est l'esclave de la modernité : il n'est point de progrès qui ne tourne pas à sa plus complète servitude.

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