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La singularité est indéniable, mais si remarquablement différentes que soient les vies des individus, elles sont toutes vouées à connaître une fin identique, et elles sont toutes hantées par cette destination effrayante et inéluctable qu'est la mort.
Philip Roth
Faire son testament, c'était peut-être la meilleure contrepartie de la vieillesse, voire de la mortalité ; le faire, et puis, au fil du temps, le mettre à jour, le réviser, le modifier après mûre réflexion.
Le fait est que comprendre les autres n'est pas la règle dans la vie, c'est de se tromper sur leur compte, encore et encore, encore et toujours, avec acharnement et, après y avoir bien réfléchi, se tromper à nouveau.
J'étais une biographie en mouvement, une mémoire jusqu'à la moelle des os.
Le travail : il y a des gens qui aspirent au travail, n'importe quelle sorte de travail, si pénible ou répugnant qu'il soit, pour chasser l'âpreté de leur vie et bannir de leur esprit les pensées qui tuent.
Je pensais à ce genre d'histoires en quoi les gens transforment leur vie, aux genres de vie en quoi les gens transforment leurs histoires.
Il y a cent façons de prendre la main de quelqu'un. Selon que c'est la main d'un enfant, la main d'un ami, la main d'un parent âgé, la main de celui qui part, la main du mourant, la main du mort.
Ce n'est pas une bataille, la vieillesse, c'est un massacre.
La route de l'enfer est pavée de travaux en cours.
Ne vient-il pas un temps dans la vie où le devoir est le plaisir plutôt que le plaisir un devoir...
Moins il y aura de peur, mieux cela vaudra. La peur fait de nous des lâches. La peur nous avilit.
Il y a une destinée commune à tous les individus, qui est la mort.
La paix intérieure vient de n'avoir personne à ses trousses, personne qui vous caricature ou qui vous snobe, ou qui vous méjuge.
Il n'est guère étonnant que les bribes de réalité que tel chérit comme la trame de sa biographie, tel autre ... les considère comme un voyage en Grande Mythomanie.
Les choses les plus utiles sont les choses les plus évidentes. Venant de quelqu'un d'autre et dites sur un certain ton.
D'ailleurs qui est fait pour l'invraisemblable ? Personne. Qui est fait pour la tragédie et la souffrance absurde ? Personne. La tragédie de l'homme qui n'était pas fait pour la tragédie, c'est la tragédie de tout homme.
C'est même comme ça qu'on sait qu'on est vivant : on se trompe. Peut-être que le mieux serait de renoncer à avoir tort ou raison sur autrui et continuer rien que pour la balade.
L'amour, la seule obsession que tout le monde désire.
Ne vous battez pas contre vous-même. Il y a déjà suffisamment de cruauté dans le monde.
Comme si quelqu'un qui a dépassé l'âge de dix ans pouvait croire qu'on peut subjuguer d'un sourire (si gentil et si chaleureux fût-il) toutes les agressions de l'existence, tout maîtriser quand le bras puissant de l'imprévu vient s'abattre sur vous.
À une réunion commémorative, le narcissisme est la chose au monde la mieux partagée, mais là, j'avais droit à une lame de fond.
La vie n'est qu'une courte période de temps pendant laquelle on est vivant.
On aurait cru que cet homme-là ne retrouverait plus jamais le goût de la niaiserie de la vie, et que tout ce qu'il pouvait avoir de ludique, de léger en lui, était perdu corps et biens, avec sa carrière, sa réputation, et sa redoutable épouse.
Misères et splendeurs du préservatif, voilà l'histoire sexuelle de la seconde moitié du XXème siècle.
Il est clair que je ne suis pas un fanatique ! Un sceptique, alors ? Mais sceptique vis-à-vis de quoi ? Vis-à-vis de la religion ? Là, la réponse est oui. Vis-à-vis des idéologies, quelles qu'elles soient ? La réponse est encore oui.
La vie du début à la fin, c'est la roue de la fortune.
C'est dégoûtant, c'est pire que dégoûtant. Lentement mais sûrement, ça ne dérange plus personne, en Amérique, que Lindbergh lèche les bottes de Hitler.
Voilà sa fille qui l'exile de sa pastorale américaine tant désirée pour le précipiter dans un univers hostile qui en est le parfait contraire, dans la fureur, la violence, le désespoir d'un chaos infernal qui n'appartient qu'à l'Amérique.
Les prêtres, ils n'ont jamais eu des idées avancées, sinon ils se seraient pas faits prêtres.
Les écrivains, c'est moins étonnant qu'il n'y paraît, se divisent comme le reste de l'humanité entre ceux qui écoutent et ceux qui n'écoutent pas.
S'il est pas foutu de percer Monica Lewinsky à jour, avec Saddam Hussein, il va être un peu mal.
Face à l'écran et à son pouvoir hypnotique, la lecture de romans est un art désormais mourant. La forme romanesque, comme vecteur d'informations sur le monde et l'expérience humaine, et comme plaisir, est devenue obsolète. Cela ne me rend pas triste - c'est dommage mais c'est ainsi.
Les gens faibles ne sont pas inoffensifs. Leur faiblesse peut justement être leur force.
Je reconnais qu'à tout âge de la vie les gens ont leur part de mystère, et l'attachement à leurs parents peut faire partie de ce mystère.
Le mariage comme le remède à la jalousie. Voilà pourquoi tant d'hommes le recherchent. Comme ils ne sont pas sûrs de leur femme, ils l'oblige à signer un contrat.
En sport, tout demande de la détermination. Les trois D : Détermination, Disponibilité, Discipline ; et la réussite est à portée de main.
Que l'être humain ait ses facettes, cela ne le surprenait pas, même s'il était toujours un peu choqué de le redécouvrir à l'occasion d'une déception. Ce qui le stupéfiait, c'était cette façon qu'avaient les gens d'arriver à épuisement, de se vider de leur substance particulière et personnelle, au terme de quoi on les voyait devenir le type même de personne qui les aurait consternés naguère.
Rien ne dure et pourtant rien ne passe. Et rien ne passe justement parce que rien ne dure.
Penche-toi sur ton passé, répare ce que tu peux réparer, et tâche de profiter de ce qui te reste.
Ces hommes à l'intelligence bornée mais à l'énergie sans limites, ces hommes prompts à se lier d'amitié et prompts à se lasser, ces hommes pour qui la chose la plus importante de l'existence était de continuer à vivre quoi qu'il arrive, étaient nos pères ; nous avions pour tâche de les aimer.
Tout ce dont je parle dans mes livres doit être très vivant, irrigué, inervé, intense. L'enfance est un de ces motifs, parmi d'autres.
On aura beau tout savoir, tout manigancer, tout organiser, tout manipuler, penser à tout, le sexe nous déborde.
La réalité dépasse la fiction mais les mensonges la dépassent bien plus encore.
Le vrai écrivain n'est pas celui qui raconte des histoires, mais celui qui se raconte dans l'histoire. La sienne et celle, plus vaste, du monde dans lequel il vit.
Au fil des ans, votre âge, votre vie évoluent, vous devenez un meilleur écrivain. Puis, à partir de 70 ou 80 ans, vous êtes fatigué, voire épuisé. Vos facultés mentales déclinent. Enfin, et c'est le plus important : votre mémoire s'érode, elle rouille et vous perdez le lien direct avec elle. Ces trois phénomènes combinés font du grand âge un moment où l'écrivain devient généralement mauvais.
Et je vis que l'amertume aveugle l'homme et l'avilit.
Je ne me vois vraiment pas comme un rebelle - même pas dans les romans de mes débuts, considérés souvent comme irrévérencieux.
La mort intervient pour tout simplifier. Les doutes, les états d'âme, les incertitudes, les voilà balayés par cette grande niveleuse qu'est la mort.
La fin est si immense qu'elle contient sa propre poésie. Il n'y a pas à faire de rhétorique. Juste dire les choses simplement.
J'ai toujours essayé de traiter du corps d'un point de vue romanesque, de la même façon qu'il existe dans la vie de chacun de nous : votre corps n'est pas au centre de vos préoccupations, vous n'y pensez pas tous les jours, mais une grande souffrance ou un grand plaisir physique vous rappelle régulièrement son existence.