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Quel mérite un politicien a-t-il de se situer à gauche lorsque la gauche lui apporte - via le pouvoir - toutes les conditions de vie (palais, limousines, domesticité) des grossiums de la droite ?
Philippe Bouvard
Le moi est haïssable. Mais c'est tout ce que j'ai.
Je me suis cultivé à force de m'écouter parler de sujets que je ne connaisais pas.
Les inégalités sociales seraient beaucoup plus nombreuses si les pauvres ne vivaient pas au-dessus de leurs moyens.
Catafalque : Il est au cercueil ce que les emballages vides sont à la promotion de l'agroalimentaire.
Il en est du comique comme du vin : il y a les bonnes années et les autres...
La fin de vie professionnelle apparaît encore plus pathétique lorsque l'agonisant est assez conscient pour donner des interviews.
Les dictateurs et les bandits manchots exercent un pouvoir totalitaire. En Asie, Pol Pot assassinait le peuple. Chez nous, Jack Pot le rançonne.
Mieux vaut être ridicule un quart d'heure avec une serviette autour du cou que sale toute la journée en offrant aux regards de ses contemporains les peu ragoûtant stigmates de la fusion entre le textile et l'agroalimentaire.
Mobile : Désigne un téléphone et plus un garde, ancêtre du CRS auquel son couplage avec un cheval interdisait d'attendre les manifestants en jouant à la belote dans un car.
Si les Turcs font leur entrée dans l'Europe avant les Suisses, c'est que, contrairement à la justice et à la politique, il ne doit pas exister de diplomatie de proximité.
Normal que le chômage qui est un cancer social soit aussi soigné par des radiations...
Ma principale intelligence aura consisté à guetter la paresse ou l'absence de gens beaucoup plus intelligents que moi afin de proposer de les remplacer momentanément. La chance appartient à ceux qui se sont rendus disponibles le jour où elle passait.
Je veille à ne pas dire trop de mal de trop de gens afin de ne pas affaiblir la portée de mes médisances.
Quel calvaire ce doit être de culminer beaucoup plus haut que les petits, de ne jamais rencontrer que le regard de ses homologues, de devoir s'accroupir pour parler aux autres et d'appréhender chaque passage de porte comme une menace de décapitation !...
Faire comprendre des choses complexes à des gens simples frise souvent l'abus de confiance.
Dans la vie, j'aurai tout pris au sérieux. Sauf la vie.
Qu'ils soient progressistes ou intégristes, qu'ils nous promettent le paradis dans l'au-delà ou sur la terre, les prêtres sont comme les politiciens : ils continuent à traiter les fidèles comme des enfants ou comme des irresponsables.
L'Assemblée nationale est une réunion de parlementaires auxquels le gouvernement ne demande plus leur avis que s'ils sont majoritairement d'accord.
La nature fait bien les choses qui loge à somptueuse enseigne les cerveaux supérieurs à la moyenne alors qu'elle réduit à la portion congrue, entre cheveux et sourcils, l'espace dévolu à d'autres.
Désormais, ce sont les contribuables qui, au nom de la démocratie participative, doivent subventionner les mouvements politiques. On finira par regretter l'époque où des prospères promoteurs immobiliers crachaient seuls au bassinet.
Le protocole compassionnel consiste, comme son nom l'indique, à tracer un cercle médiatique autour d'un point douloureux.
Ben Laden, Saddam Hussein, Fidel Castro, même combat, même espoir toujours déçu. On ne peut rien contre des assassins quand ils ont le soutien de tout un peuple.
Une société est équilibrée quand elle se passionne autant pour la chute de ses vedettes que pour leur ascension.
Heureux les bisexuels qui peuvent regarder toute l'humanité avec les yeux de l'amour...
Pourquoi sur les long-courriers s'obstine-t-on à distribuer des gilets de sauvetage plutôt que des parachutes ?
Les lâches sont moins violents, les hypocrites plus polis. Preuve que dans les comportements les plus désolants, on peut toujours trouver des raisons d'espérer.
Le lancement d'avions très gros porteurs n'ira pas sans l'agrandissement des structures d'accueil au sol : tapis roulants, aérogares, hangars, parkings, chapelles ardentes.
Ah ! la volupté de régler tout dans la journée et d'aller se coucher sans qu'aucun papier en souffrance ne traîne sur le bureau, sans devoir un franc à personne et - mais c'est beaucoup plus rare - sans que personne ne vous doive un franc !...
De nos jours, les gendarmes ne sont plus assez nombreux pour aller deux par deux.
Un État qui doit d'abord faire vivre cinq millions de fonctionnaires et assimilés n'a plus guère les moyens de secourir les autres citoyens.
On aurait grand tort de se croire sourd lorsqu'à l'écoute incessante de soi-même on n'entend rien. La vacuité, elle, n'est justiciable d'aucune prothèse.
La culture est bête : elle s'approprie l'intelligence des autres et elle rend inutile l'improvisation.
On reconnaît un vrai journaliste - et je crois en être devenu un avec le temps - à son aptitude à s'approprier gratuitement une information dès qu'elle parvient à sa connaissance grâce au travail d'autres journalistes.
Si la vertu du journaliste consiste à se ranger systématiquement dans l'opposition, c'est parce qu'il est ainsi assuré de n'en retirer aucun profit immédiat.
La vie m'a appris à me méfier davantage de moi que des autres. Des autres, je ne crains que la méchanceté qui fait mal. De moi, j'appréhende la bonté qui ruine.
Certaines femmes se consolent de leur veuvage en pensant que personne ne risque plus de découvrir au réveil les rides nées dans la nuit.
Rien de plus paradoxal à une époque où la liberté est unanimement reconnue comme le plus précieux des biens que l'enfermement soit devenu le principal moteur du divertissement télévisé.
Il suffit d'attendre pour qu'une fausse nouvelle devienne authentique. Et pour pouvoir affirmer qu'on a été le premier à l'annoncer.
L'obsession de plaire encore au-delà d'un certain âge constitue une démarche à mi-chemin du courage et de l'inconscience, tous deux sous-tendus par un mépris total des apparences.
Je ne vois pas pourquoi on ne se traiterait pas aussi mal soi-même qu'on traite les autres.
La fausse facture éloigne le spectre du marasme commercial tandis que les faux bilans aident les âmes simples à patienter en attendant des meilleurs résultats.
Les incessants progrès de la chirurgie, de la médecine et de la pharmacie sont angoissants : de quoi mourra-t-on dans vingt ans ?
Massage : Malaxage de chairs gratuit ou tarifé selon qu'il est pratiqué par amour ou sur ordonnance.
Depuis que j'ai parcouru force bouquins d'orphelins et de veuves ayant séché leurs larmes pour mieux faire couler l'encre, j'emploie un ton plus aimable pour demander à mes proches de me passer le sel.
Les humoristes, qui sont souvent plus blagueurs que méchants, sont désormais priés de changer de métier ou de ne plus mettre en boîte que les cocus qui, sans doute par respect humain, ne sont pas encore organisés en groupe de pression.
L'Europe est aujourd'hui semblable à un immeuble dont les vingt-cinq locataires passeraient la majeure partie de leur temps à comparer leurs trains de vie respectifs.
Sans la paresse qui dissuade de pousser la méchanceté trop loin et la concurrence à son paroxysme, notre société ne serait pas vivable.
N'est-il pas de pire fou que celui qui se prend pour un sage ?
Nous vivons dans un monde où l'échec des autres devient plus important que notre propre réussite.