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En France, deux comportements vous éloignent davantage des honneurs officiels que la malhonnêteté et l'incompétence : l'anticléricalisme et la gaieté.
Philippe Bouvard
Aujourd'hui, personne ne peut se hausser légèrement au-dessus des ses contemporains sans qu'on l'accuse de malhonnêteté, de compromissions ou - pire - d'utiliser des talonnettes.
Et s'il existait autant de sortes de silences qu'il y a d'espèces de conversations ?
En matière de religion, j'éprouve quelque peine à admettre que le monde ait vécu dans le paganisme et l'obscurantisme durant des millions d'années et que le vrai Dieu ne se soit manifesté que voilà deux mille ans, c'est-à-dire hier.
Les ravages de la météo : le temps qu'il fait ou qu'il va faire est devenu plus important que les problèmes de notre temps.
Acheter : Preuve qu'on peut tout se procurer contre de l'argent sauf la culture : elle est le seul luxe de certains pauvres. Et pour les riches, elle dépasse rarement l'épaisseur d'un vernis.
Tant de livres paraissent chaque jour, écrits ou pas par ceux qui les signent, qu'ils démythifient l'acte préalable et déconsidèrent le produit final.
La philosophie sert à nourrir ceux qui en font métier et à consoler les autres de ne pas en croquer.
La parole doit être jolie en soi, indépendamment de l'usage qu'on en fait, puisque les plus beaux esprits de notre époque s'en servent pour ne rien dire.
La conjoncture : ce "pas de chance" des dirigeants de haut niveau.
Il en est de la séduction des peuples comme de celle des femmes : c'est en racontant n'importe quoi qu'on fait le plus de conquêtes.
Tout le monde devrait tenir son journal. A commencer par les bandits et les criminels. Cela simplifierait les enquêtes policières.
La femme dépensière est généralement fidèle car, très occupée par ses achats compulsifs, elle n'a pas le temps de tromper son mari qu'avec des commerçants.
Les gens qui finissent vos phrases n'ont jamais terminé une seule de leurs idées.
Le JT de 20 heures est journalistique dans sa préparation, théâtral dans son exécution et palpébral dans ses finitions.
C'est un spectacle dont on ne se lasse pas que celui de voir des élus, qui ne seront sans doute plus là pour qu'on les remercie, promettre le bonheur à des électeurs qui ne seront peut-être plus là pour en profiter.
Grâce aux incessants changements d'intitulé des ministères, un remaniement gouvernemental qui attriste souvent quelques politiciens fait toujours le bonheur des imprimeurs.
Comment expliquer que, tandis que la Terre se réchauffe, mes pieds qui ne quittent pas la Terre se refroidissent ? Sinon par un manque de concertation entre climatologues et podologues.
Quand on est connu, aujourd'hui, le simple fait de se promener en public sans lunettes noires constitue presque un attentat à la pudeur.
Depuis que je vois tout à la télévision grâce à la télévision, je pense davantage à ce que je suis en train de rater qu'à ce que je vois.
Une éolienne s'effondre sous la tempête. Une digue cède sous les inondations. L'homme se montre toujours présomptueux lorsqu'il prétend avoir dompté la nature.
Il m'a fallu plus de temps qu'à ceux qui m'enviaient pour m'habituer aux signes extérieurs d'une certaine aisance. J'en ai eu honte jusqu'à ce que l'âge les justifie davantage que la réussite.
J'aime de moins en moins ces voitures auxquelles je suis de plus en plus attaché.
Quel plus bel exemple de l'incommunicabilité moderne que le spectacle des automobilistes dans leurs véhicules : ceux qui roulent deux par deux ne disent pas un mot et ceux qui n'ont pas de passager parlent tout seuls...
S'il existe un plaisir plus gratifiant, plus voluptueux, plus extraordinaire que celui de gagner du temps, c'est bien celui d'en perdre.
Acquitter : Payer les honoraires de son avocat après être sorti de prison.
Ne pourrait-on pas fixer la Saint-Sylvestre au 15 août, afin que le père Noël évolue enfin dans des cheminées éteintes ?
Les médias tiennent leurs informations moitié des gens qui souhaitent faire dire du bien d'eux-mêmes, moitié de ceux qui voudraient faire dire du mal des autres.
J'ai connu l'époque où, au cinéma, les spectateurs pleuraient davantage que les producteurs...
La prolifération des marques sur les objets de la consommation la plus courante crée un élitisme de bazar dont les jeunes, transformés en adolescents-sandwiches, sont les victimes ravies.
Qui dira la pusillanimité de ces responsables qui, à la radio, à la télévision ou dans l'arène politique, s'affirment porteurs de grands projets et qui, dans l'exposé des motifs, usent et abusent de l'expression "un petit peu" ?
Un joueur. Un vrai. Il risque des centaines d'euros sur le tapis vert. Mais il a gardé son manteau pour économiser les cinquante centimes du vestiaire.
J'ai encore des besoins alors que je n'ai plus d'ambitions. Mais ceux qui sous-estiment les premiers sont tentés d'exagérer les secondes.
La guerre donne de l'avancement à ceux qui ne reculent pas.
A partir d'un certain âge, il n'y a plus de victoires. Seulement des commémorations.
Ah ! les inconscients qu'on avertit que le Soleil se rapproche dangereusement de la Terre et qui prennent le risque supplémentaire de hâter la rencontre en allant dans les pays où il rayonne un peu plus fort !...
Ah ! l'inaltérable bonne conscience des professionnels de l'altruisme qui se font prendre en charge par les autres...
Le bonheur c'est aussi souvent de ne plus faire certaines choses qu'on croyait indispensables.
Rien n'agace plus les vieux que d'être appelés à leur survivre momentanément, ont l'air de se croire immortels.
Dans les urnes, le suffrage d'une femme de ménage vaut exactement le bulletin de Mme Catherine Deneuve alors que la première en sait davantage que la seconde sur les difficultés de l'époque.
Un bon ministre est un homme qui ne sort pas de son bureau, qui renonce à tous les plaisirs de l'existence et qui vieillit d'une année chaque mois.
Les jeunes : de l'avenir sans passé. Les vieux : du passé sans avenir. Seuls les très grands écrivains, ressuscités par la postérité, ont à la fois un brillant passé et un long avenir.
Les étreintes publiques les plus fougueuses se situent sur les terrains de sport. Embrassades des équipiers entre eux avant que les entraîneurs se précipitent plus goulûment sur leurs joueurs que les entraîneuses
Je connais des vaniteux qui passent tellement de temps à dire du bien d'eux qu'ils n'ont même pas le loisir de dire du mal des autres.
On est enfermé à perpétuité avec ses fantasmes comme les fous de l'Antiquité avec leurs serpents.
Une bouée est un début de couronne mortuaire que les futurs noyés se mettent autour du cou avant de couler.
Bilan : document qui interdit de se raconter des histoires un mois sur douze.
Zodiaque : Signes qu'on cherche une entrée en matière dans une drague.
Pour être admirable, la famille devrait être désintéressée. Mais pour être viable, elle doit s'appuyer sur une communauté d'intérêts. Or, qu'est-ce qu'un héritage potentiel sinon une affection en viager ?
Presse écrite : Ignorant la rancune, elle continue à publier les programmes des chaînes de télévision qui la tuent à petit feu.