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En France, un régime est réputé intègre lorsque les politiques s'en mettent moins dans les poches qu'ils n'en prennent dans celles des contribuables.
Philippe Bouvard
La mort, on y va seul ou accompagné par un tas de gens qui vous disent : "Ce n'est rien, on vous suit." Mais quand on se retourne, au seuil de l'éternité, il n'y a plus personne.
La mort chrétienne présentée comme une fausse mort constitue peut-être la dernière tromperie d'une existence fertile en canulars et semée de contrevérités.
Si Flaubert avait écrit Madame Bovary cette année, l'ultime chapitre décrirait sans doute Charles, veuf inconsolable, réécoutant inlassablement le dernier message enregistré par Emma sur le répondeur de son portable.
L'apparente facilité et l'extrême difficulté de la télévision tiennent à ce qu'on n'y a jamais de talent tout seul.
César, Louis XIV et Napoléon demeurent les meilleurs filons des historiens : bibliographie abondante et aucun risque de rectificatif.
Interviews d'artistes à la télé : le plat pays des questions oiseuses baigne dans l'océan des réponses sans intérêt.
Bizarrerie anatomique : on ne trouve plus l'oreille de ses contemporains sans flatter d'abord leur encolure.
La notion d'intelligence est-elle obscène ? Ou cinq syllabes échorchent-elles à ce point les lèvres pour que les contemporains dotés d'un QI convenable soient seulement estimés malins ou futés ?
Marilyn Monroe était belle, désirable et célèbre. Infortunée qui crut fonder une famille en couchant avec deux frères...
Sodomie du matin, fraîcheur du vagin. - Sodomie du soir, repos des mâchoires.
Depuis l'abolition de la peine capitale, l'erreur judiciaire n'est plus ce qu'elle était.
Sadique : personnage tellement cruel qu'il est capable de refuser de frapper un masochiste.
La gentillesse s'improvise et l'agressivité se prépare.
Règle d'or du roman à clés : le trou de serrure appartient au premier qui a l'idée d'y visser son oeil.
On peut se demander si le manque d'appétence des électeurs pour les urnes ne résulte pas de la publication des sondages annonçant que les carottes sont cuites plusieurs semaines avant qu'on passe à table.
Troussez joliment vos lettres de rupture pour que leurs destinataires se précipitent chez l'encadreur plutôt que chez l'armurier.
Un étranger obtient plus facilement des "papiers" s'il plonge dans une piscine plutôt que dans un évier.
Le suicide est l'acte désespéré d'un être qui ne fait plus confiance ni aux médecins, ni à la guerre, ni aux transports, ni à la nature.
La rancune : cette érudition de la colère.
C'est parce qu'ils pratiquent le respect vigoureux des propos qu'on leur tient que certains journalistes écrivent parfois n'importe quoi.
Il n'y a de joueurs repentants que parmi les perdants.
Dans les universités, la dernière année de cours devrait être consacrée à apprendre à désapprendre. Car si la référence soutient le talent, c'est l'oubli qui fournit son terreau au génie.
Epargne : Hier, magot pour les vieux jours. Aujourd'hui, de quoi faire face aux prochaines augmentations d'impôts.
Au contrôleur de la SNCF qui vérifie votre billet, ne dites pas : Vous augmentez la durée du trajet en même temps que le prix du billet.
Dans notre méritocratie futile, malveillante et versatile, on n'obtient la considération sociale qu'en ne faisant pas grand-chose, mais en faisant toujours et longtemps la même chose. Je sais de quoi je parle.
La fête de la musique est une grande réussite puisqu'elle garantit trois cent soixante-quatre jours de silence par an.
Qui dira la fierté de publier un bouquin sans que personne songe à vous demander si vous l'avez écrit tout seul ?
Ados : Graines d'hommes et de femmes dont on espère améliorer la pousse en les arrosant de reproches.
Qu'on arrête de nous bassiner avec le culte de la croissance : c'est quand la mienne s'est arrêtée que j'ai commencé à être prospère.
Le permis à points est une jolie trouvaille puisqu'il propose un crédit d'imprudences à des gens qui n'ont souvent plus un franc à la banque.
Citoyen : Substantif davantage utilisé comme qualificatif.
Le bon côté du surmenage chronique : on n'a jamais à tuer le temps.
Si les citoyens honnêtes étaient plus perspicaces, il y aurait moins d'individus malhonnêtes poursuivis pour abus de confiance.
En avançant dans la vie il faut se rapprocher des autres et prendre ses distances avec soi-même.
Je suis de ceux qui admirent que, après les quarante rois qui ont fait (et défait) la France, le régime de la démocratie ait enfin offert la souveraineté au peuple.
La preuve que je ne suis pas narcissique : je ne regarde jamais mon reflet dans l'eau sans avoir envie de lui lancer une pierre.
La révolution ne supprime pas les privilèges, elle se borne à changer les privilégiés.
Au lycée, il décrochait toujours le prix d'excellence. Adulte, il parlait sept langues. L'âge n'avait pas diminué sa faim de savoir et sa soif de culture. Depuis sa retraite, il étudiait le sanscrit. Il est mort hier. Ca lui apprendra.
Quelle que soit la couleur de notre peau, nous possédons le même nombre d'orifices naturels grâce auxquels nous remplissons et nous vidons nos corps de la même façon.
Je ne crois pas en Dieu par humilité : l'homme ne saurait comprendre, analyser et encore moins codifier le divin.
Ah ! les milliardaires qui assurent n'avoir jamais fait tort d'un euro à personne alors que l'argent gagné sort toujours de la poche d'autrui.
Il faut savoir se montrer de mauvaise foi quand la bonne foi n'est pas drôle.
Des bons confrères se sont rués sur les méchancetés que j'avais écrites à mon propos. Après quoi, ils ont reconnu qu'ils n'avaient rien à ajouter.
Aucun mot n'est plus choquant que le verbe déniaiser dans son acception sexuelle : est-ce qu'on est plus idiot parce qu'on est vierge ?
Je préfère donner du "Monseigneur" au chef de la branche bonapartiste plutôt qu'à l'évêque. - Dame ! Je sais que l'empereur a existé, alors que pour Dieu, je doute toujours.
Je suis plus sensible au courant électrique qu'aux courants de pensées.
Je plains ceux qui, ne tenant pas un journal intime, n'ont aucune raison de noter ce qu'ils auraient intérêt à oublier.
J'imagine déjà la prochaine campagne électorale : le PNR (Parti non réformiste) ratissant large avec son slogan "Changez de têtes pour que rien ne change".
La plupart des éditeurs persistent à considérer que l'auteur est un individu auquel on rend suffisamment service en publiant son bouquin, pour qu'on n'ait pas besoin de lui verser un peu d'argent.