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Il neige au fond de soi, dans un hiver inaccessible où le léger l'emporte sur le lourd. La neige est douce au fond de l'eau.
Philippe Delerm
On dévore les livres, ou bien les livres vous dévorent. C'est une drogue effrayante et douce, un séduisant voyage.
Elle savait bien que tout était déjà dit, que vivre c'était recréer à l'infini un éternel humain. Le principe même du théâtre.
On dit : "Je le lis seulement chez ma coiffeuse". Comme si ce temps d'attente était une petite bulle de superficialité autorisée. On est là pour être plus beau, il y a une forme d'humilité à la reconnaître, alors on a le droit aussi d'être un peu plus bête
Il y a des générosités si tardivement exprimées, si réticentes, à l'avance si soulagées de ne pas se voir raisonnablement envisagées, qu'elles apparaissent d'emblée pour ce qu'elles sont : de la courtoisie sous contrainte.
J'aime la mélancolie de ce passant. Il n'a plus aucune de ces prétentions du paraître qui nous amenuisent tant dans la vraie vie, nous contraignent à cacher nos blessures, nos tristesses.
C'est ainsi. On ne voit jamais sur son propre menu ce qui tente les autres. On ne voit jamais sur son propre menu une chose aussi tentante que celle qui tente les autres.
Ah ! Les petites maladies de l'enfance qui vous laissent quelques jours de convalescence, à lire au lit des Bugs Bunny ! Hélas, quand on vieillit, les plaisirs de la maladie deviennent rares.
L'odeur des pommes est douloureuse. C'est celle d'une vie plus forte, d'une lenteur qu'on ne mérite plus.
(Dans le journal du petit déjeuner) - On y lit que le monde se ressemble, et que le jour n'est pas pressé de commencer.
... je me souviens de ce bonheur-désordre sur ta table.
Qu'importe, si la petite barre de chocolat au lait ne plaît pas aux papilles adultes amères, sa suavité d'enfance en est multipliée. C'est un goûter de luxe.
Bien sûr il y avait maintenant ce rectangle menaçant, comme un faire-part : Fumer tue. Oui, fumer tue. Mais vivre tue aussi.
"On pourrait presque..." C'est bon, la vie au conditionnel.
Si tu n'étais pas morte... Ces mots ne dansent pas sur mon cahier, mais blessent le silence de la marge.
Aujourd'hui, le rugby tamponne beaucoup, on voit surtout des collisions entre des grands costauds, alors que le jeu d'antan avait ses ogres et ses lutins.
Rien ne rend plus digne des livres aimés qu'une longue tristesse au fond de soi, un grand désir d'oubli que les mots font semblant d'entraîner sur d'autres pistes.