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Il existe des régions où le bien et le mal, la joie et la douleur, la foi et le doute, l'erreur et la vérité se touchent. Je défie qui que ce soit d'en démarquer les limites.
Pierre Aguétant
Il y a de belles laideurs.
Nous avons tous eu, durant notre voyage ici-bas, une heure décisive qui a résolu notre avenir. Mais la plupart ne l'ont pas entendue sonner, tellement elle a tinté loin, au clocher perdu des causes subtiles.
Les "riens infinis" sont à la base de nos plus solennelles résolutions, ils dirigent secrètement nos décisions les plus lourdes de conséquences ; ce sont eux qui jouent le fond du drame.
Respecte les fous. Respecte-les, parce qu'ils croient.
Compte pour beaucoup l'affection des bêtes. Elle a des lueurs et des dévouements dont nous sommes incapables.
"Araignée de matin, chagrin." Et je l'écrase ! "Araignée du soir, espoir." Et je l'épargne ! Tant de décisions sont prises aussi superstitieusement, aussi sottement.
Les parents, dans leurs déchirements, ce sont à la fois les entrailles et l'âme qui saignent.
Plus on est accessible à la beauté, plus riche est notre capacité de bonheur.
C'est vers le ciel que se tourne tout ce qui gémit, tout ce qui espère, tout ce qui chante. Et les bluets de l'azur sont faits des légions de regards levés.
La plupart des incompris le sont pour n'être pas nés en leur temps. Ils retardent ou ils avancent. Les événements auxquels ils étaient destinés se sont déroulés dans le passé, ou se dérouleront dans les brumes du Futur. C'est pourquoi des hommes et des femmes ont souffert de les attendre en vain, ou mourront en les invoquant.
Que de fois, devant la majesté d'un couchant, ou la grâce d'un matin rose plein de lilas et de vols d'oiseaux, ne me suis-je pas senti meilleur, et tout à coup incapable de commettre les microscopiques ignominies dont se pique la toile journalière des plus honnêtes et des plus probes !
Jusqu'aux hommes bons et raisonnables qui traitent les incompris d'orgueilleux ou de fous. Car la sagesse des incompris est d'une époque où leurs contemporains de la terre ne peuvent les rejoindre.
Le vin fait l'huile avant de tourner à l'aigre. Ainsi le caractère des hommes.
Les "riens infinis" sont, dans l'arbre de notre existence, les innombrables feuilles qui lui donnent sa forme.
Les "riens infinis" sont les humbles actes quotidiens : la toile qu'on coud, la page tournée - les banals plaisirs éternels : le parfum d'un massif, la saveur d'un fruit...
Le vol noir des regrets tourne à notre crépuscule, autour de l'âme, comme les papillons autour des lampes.
Lorsqu'on s'interroge, au seuil de la vieillesse, on découvre qu'on n'a rien fait de ce que l'on avait arrêté, que les voeux les plus chers ne se sont pas réalisés, que rien n'est arrivé de ce que l'on attendait, et que, en somme, le temps a galopé en marge du chemin que l'on s'était tracé... Et l'on s'en est à peine aperçu...
Les sages sont ceux qui pratiquent l'humilité, la bonté et la tolérance. Mais ils conservent de la fermeté dans la bonté, de la clairvoyance dans l'indulgence, et de la rigueur dans la justice.
La méchanceté ne réside pas dans l'action de faire souffrir, mais dans la satisfaction que l'on éprouve à faire souffrir.
Ceux qui ont des souvenirs d'amour sont pour une éternité de consolations.
Les malades ont la manie de parler de la maladie des autres... Les malades de l'esprit n'agissent pas autrement.
J'ai beaucoup plus appris en écoutant couler l'eau de la rivière qu'en entendant raisonner les hommes...
Visite les misères. Mêle-toi à elles. Tu verras plus juste en toi.
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