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Ce qui naît d'un moyen périt par son contraire ; Tout ce que l'un a fait, l'autre peut le défaire ; Et dans la lâcheté du vice où je te voi, Tu n'es plus gentilhomme, étant sorti de moi.
Pierre Corneille
Vous donc, qui commandez aux flots, Qui des mers calmez la furie, Venez, Seigneur, venez rétablir mon repos, Accourez au secours d'un coeur qui vous en prie.
Bien qu'une beauté mérite qu'on l'adore, Pour en perdre le goût, on n'a qu'à l'épouser.
Soyons amis, Cinna, c'est moi qui t'en convie.
Apaise, ma Chimène, apaise ta douleur : Fais agir ta constance en ce coup de malheur.
Et sur de grands exploits, bâtir sa renommée.
Est-il quelque défaut que les biens ne réparent ?
D'un jeune audacieux punissez l'insolence : il a de votre sceptre abattu le soutien, il a tué mon père.
A l'une ou l'autre enfin votre âme à l'abandon - Ne lui pourra jamais refuser ce pardon.
Qui n'a que ce qu'il doit a peu de perte à faire.
Rome, l'unique objet de mon ressentiment ! - Rome, à qui vient ton bras d'immoler mon amant ! - Rome qui t'a vu naître et que ton coeur adore ! - Rome enfin que je hais parce qu'elle t'honore !
Il n'est plus temps d'aimer alors qu'il faut mourir.
Prends un siège, Cinna, prends et sur toute chose - Observe exactement la loi que je t'impose.
Je le ferais encor si j'avais à le faire.
Ce n'est pas obéir qu'obéir lentement.
Nous n'avons qu'un honneur, il est tant de maîtresses ! - L'amour n'est qu'un plaisir, l'honneur est un devoir.
Le seul bruit de mon nom renverse les murailles, - Défait les escadrons, et gagne les batailles.
La liberté n'est rien quand tout le monde est libre.
Ce n'est que dans le sang qu'on lave un tel outrage ; - Meurs ou tue...
Que peut-on m'ordonner que mon bras n'accomplisse ?
Un bienfait perd sa grâce à le trop publier : - Qui veut qu'on s'en souvienne, il le doit oublier.
Sous mes pas, c'est creuser un abîme.
A quatre pas d'ici je te le fais savoir.
L'amour est un grand maître, il instruit tout d'un coup.
Soyez donc notre avocate, tournez vers nous ces yeux qui ne sont que miséricorde.
Qui veut tout retenir laisse tout échapper.
Non, je ne pleure point, Madame, mais je meurs.
Il est beau de tenter des choses inouïes, Dût-on voir par l'effet ses volontés trahies.
Qui m'aima généreux me haïrait infâme.
On te croirait toujours abattu sans effort.
Si j'ai feint pour toi quelques feux, - C'est à quoi plus rien ne m'oblige : - Quand on a l'effet de ses voeux, - Ce qu'on adorait se néglige.
Que de maux et de pleurs nous coûteront nos pères !
Nous partîmes cinq cents ; mais par un prompt renfort - Nous nous vîmes trois mille en arrivant au port.
... Un amour véritable - S'attache seulement à ce qu'il voit aimable.
Je vous demande pardon si je vous débite avec tant de franchise ma pensée sur les présents que vous m'avez faits.
Que ne fait point l'amour quand il possède une âme ?
Le temps de chaque chose ordonne et fait le prix.
Les injures ne sont que du vent et du bruit ; Et quiconque t'en charge en a si peu de fruit, Qu'il te nuit bien moins qu'à soi-même.
... Elle a je ne sais quoi - Qui ne peut consentir que l'on demeure à soi.
Chaque moment d'attente ôte de notre prix, et fille qui vieillit tombe dans le mépris.
Que cependant Félix m'immole à ta colère ; qu'un rival plus puissant éblouisse ses yeux ; qu'aux dépens de ma vie il s'en fasse beau-père, et qu'à titre d'esclave il commande en ces lieux : je consens, ou plutôt j'aspire à ma ruine.
De quoi peut satisfaire un coeur si généreux - Le sang abject et vil de ces deux malheureux ?
Le véritable amour n'est jamais mercenaire, Il n'est jamais souillé de l'espoir du salaire.
Paraissez Navarrais, Maures et Castillans.
La mort n'a que douceur pour une âme chrétienne
Que venir, voir, et vaincre, est même chose en moi.
Qui ne sent point son mal est d'autant plus malade.
Un coeur est trop cruel quand il trouve des charmes - Aux douceurs que corrompt l'amertume des larmes.
Mais si vous connoissez l'amour et ses ardeurs, jamais pour son objet il ne prend les grandeurs : avouez que son feu n'en veut qu'à la personne, et qu'en moi vous n'aimiez rien moins que ma couronne.
Et, monté sur le faîte, il aspire à descendre.