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Tu t'entretenais seule, au visage abaissé, - Pensive toute à toi, n'aimant rien que toi-même, - Dédaignant un chacun d'un sourcil ramassé, - Comme une qui ne veut qu'on la cherche ou qu'on l'aime.
Pierre de Ronsard
Je vous envoie un bouquet que ma main - Vient de trier de ces fleurs épanies ; - Qui ne les eût à ce vêpre cueillies, - Chutes à terre elles fussent demain.
Après lui, descendit le chevelu Orfée, Qui tenait en ses mains une harpe étoffée De deux coudes d'ivoire, où par rang se tenaient Les cordes, qui d'en haut inégales venaient A bas l'une après l'autre en biais chevillées.
Le cerveau n'est jamais bien sain que l'amour ou le vin n'abreuvent.
C'était pour m'enseigner qu'il faut dès la jeunesse, - Comme d'un usufruit, prendre son passe-temps : - Que pas à pas nous suit l'importune vieillesse, - Et qu'Amour et les fleurs ne durent qu'un printemps.
De tant de nouveauté je ne suis curieux, - Il me plaît d'imiter le train de mes aïeux.
L'un meurt en son printemps, l'autre attend la vieillesse, - Le trespas est tout un, les accidens divers : - Le vray tresor de l'homme est la verte jeunesse, - Le reste de nos ans ne sont que des hivers.
Je lis en quelque livre, ou feins de composer, Ou seul je me promène et repromène encore, Essayant de tromper l'ennui qui me dévore.
Ayant, comme j'ai fait, pratiqué la misère De cette pauvre vie, et les maux journaliers Qui sont des coeurs humains compagnons familiers.
Donc entre les soupirs, les sanglots et la rage, La voix entrecoupée a trouvé le passage !
Celui qui se connaît est seul maître de soi.
Sur tout parfum j'aime la Rose.
Soleil, source de feu, haute merveille ronde Soleil, l'âme, l'esprit, l'oeil, la beauté du monde.
J'ai l'esprit tout ennuyé - D'avoir trop étudié... - Bons Dieux ! qui voudrait louer - Ceux qui, collés sur un livre, - N'ont jamais souci de vivre ! - Que nous sert l'étudier - Sinon de nous ennuyer ?
Le vrai trésor de l'homme est la verte jeunesse, Le reste de nos ans ne sont que des hivers.
Avec les fleurs et les boutons éclos Le beau printemps fait printaner ma peine...
Je suis la salamandre et ne suis à mon aise Si mon coeur n'est toujours au milieu d'une braise : Le feu de vos beaux yeux tant seulement me plaît, Et mon coeur en brûlant se nourrit et se paît.
Prez, boutons, fleurs et herbes rousoyantes, Vallons bossus et plages blondoyantes Et vous rochers, les hostes de mes vers.
Je suis ravi, assis entre les Dieux, - Quand le bonheur me conduit auprès d'elle.
Quand vous serez bien vieille, au soir à la chandelle, - Assise auprès du feu, dévidant et filant, - Direz, chantant mes vers, en vous émerveillant : "Ronsard me célébrait du temps que j'étais belle."
Je m'en vais promener tantôt parmi la plaine, - Tantôt en un village et tantôt en un bois, - Et tantôt par les lieux solitaires et cois.
Que ta puissance, ô Mort, est grande et admirable !
Mais quand au lict nous serons Entrelassez, nous ferons Les lascifs selon les guises Des Amans qui librement pratiquent folastrement Dans les draps cent mignardises.
... la ville où sont infuses - La discipline et la gloire des Muses.
L'artichot et la salade, L'asperge et la pastenade Et les pepons Tourangeaux Me sont herbes plus friandes Que les royales viandes Qui se servent à monceaux.
Mignonne, allons voir si la rose - Qui se matin avoit déclose - Sa robe de pourpre au Soleil, - A point perdu ceste vesprée - Les plis de sa robe pourprée, - Et son teint au vostre pareil.
Neuf fois au nom de Cassandre - Je vais prendre - Neuf fois du vin du flacon - Afin de neuf fois le boire - En mémoire - Des neuf lettres de son nom.
Il y a autant de différence entre un Poète et un versificateur qu'entre un bidet et un généreux coursier de Naples.
Ainsi qu'on voit aux grasses nuits d'automne Un prompt ardent sur les eaux éclairer...
Il prend de ses façons, il imite et veut-être Son disciple, et toujours pour exemple l'avoir, Et se former en lui ainsi qu'en un miroir.
Pour obsèques reçois mes larmes et mes pleurs, - Ce vase plein de lait, ce panier plein de fleurs, - Afin que vif et mort ton corps ne soit que roses.
Il a pour maxime très nécessaire en son art de ne suivre jamais pas à pas la vérité, mais la vraisemblance et le possible ; et sur le possible et sur ce qui se peut faire, il bâtit son ouvrage.
Cueillez dès aujourd'hui les roses de la vie.
Je voudrais bien richement jaunissant - En pluie d'or goutte à goutte descendre - Dans le beau sein de ma belle Casandre, - Lors qu'en ses yeux le somme va glissant.
Celui qui n'aime est malheureux, Et malheureux est l'amoureux.
O vraiment marâtre Nature, Puisqu'une telle fleur ne dure Que du matin jusques au soir !
Mais battue ou de pluie, ou d'excessive ardeur, Languissante elle meurt, feuille à feuille déclose.
Mes bons hôtes muets qui ne fâchent jamais ; Ainsi que je les prends, ainsi je le remais ; O douce compagnie et utile et honneste !
On dit communément : Belle fin fait qui meurt en bien aimant ; De telle mort je veux suivre la trace.
On dit bien vrai, Fortune est une femme, Qui aime mieux les jeunes que les vieux.
La goutte ja vieillard me bourrela les veines, - Les muscles et les nerfs, execrable douleur, - Montrant en cent façons par cent diverses peines - Que l'homme n'est sinon le subject de malheur.
Heureux qui plus rien ne désire !
Et des amours desquelles nous parlons, - Quand seront morts, n'en sera plus nouvelle : - Pour ce, aimez-moi cependant qu'êtes belle.
Je vous salue, - Enfants de la première nuit, - Heureux astres divins...
Amour et les fleurs ne durent qu'un printemps.
Marie, levez-vous, ma jeune paresseuse, Jà la gaie alouette au ciel a fredonné...
Je deviens un corps mort, pâle, exsangue et glacé, Que l'âme son hôtesse en sortant a laissé Sans esprit, sans chaleur, sans puissance ni force.
La Raison contre l'Amour ne peut chose qui vaille.
Marie, levez-vous, vous êtes paresseuse, - Ja la gaie alouette au ciel a fredonné - Et ja le rossignol doucement jargonné - Dessus l'épine assis, sa complainte amoureuse.
Amis, qu'à tête penchée Etanchée Soit notre soif là-dedans Il faut que le vin apaise Cette braise Qui cuit nos gosiers ardents.