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Entre amis tout est confondu ; Peines, plaisirs, tout se rassemble ; Mais, en tous points unis ensemble, Ils sont rivaux pour la vertu.
Pierre Didot
Vaine timidité, qu'on doit fuir dès l'enfance, Qui deviens des talents l'inévitable écueil, Tu caches bien souvent, sous ton humble apparence, L'impuissante mollesse unie au sot orgueil.
Dans nos coeurs, de ses feux, de ses flèches cruelles, De son souris malin l'Amour naît tout armé : Hélas ! de tant d'attraits à peine est-on charmé Qu'il médite déjà l'usage de ses ailes.
On voit certains plaisirs avec l'illusion Qu'à travers la lorgnette éprouve notre vue : Le côté qui grossit est la privation, Et la possession celui qui diminue.
O prestige enchanteur ! ô pouvoir de la grâce ! De ses charmes touchants tous les coeurs sont épris : Où la grace paroît, tout autre objet s'efface ; Sur la beauté la grace obtient encor le prix.
L'amour-propre est injuste, et son conseil perfide : On le sait ; et chacun l'écoute avidement. Il cause nos chagrins, il fait notre tourment ; Et dans tous nos débats nous le prenons pour guide.
Lien de la famille, appui de notre enfance, Idole du jeune homme, et bonheur d'un époux, La femme embellit tout ; et sa seule présence Partout répand un charme aussi puissant que doux.
Doux et cruel tyran du printemps de la vie, Amour, usurpateur de l'été de nos ans, Bannis les froids dédains, la sombre jalousie, Tu seras le premier de nos dieux bienfaisants.
Toi qui vis d'un juste retour Que tu n'exiges qu'avec grâce, Le bonheur a marqué ta place Entre le respect et l'amour.
Enfin en souriant l'active complaisance Met au jour l'amitié, qu'elle-même nourrit : La vertu de concert l'élève et la chérit ; Et leurs soins réunis promettent sa constance.
Un ami véritable est un autre soi-même : C'est en lui qu'il est doux, qu'il est bon de s'aimer. A sa voix le bonheur semble se ranimer : Avec un tel trésor nul malheur n'est extrême.