Images
Ecrire, c'est vouloir distinguer à travers des mots ce qu'en réalité on ne peut voir : naissance et mort, apparition et disparition fulgurantes des êtres. Perpétuité des catastrophes.
Pierre Péju
Il n'y a encore personne et brutalement le petit sera là. Personne, puis brutalement celui qu'on a l'impression d'avoir toujours connu.
La hyène du pire trottine au hasard dans la banalité.
Fidèlement, timidement ou crânement, le père ne peut que se tenir sur le rivage de toute maternité, bras ballants, un peu maladroit. Patient et impatient. Inquiet et rassurant. Jusqu'au bout.
La présence d'un enfant rend la solitude dure comme la pierre. Pas même une solitude de bête : une solitude de chose.
L'absence. Le lit comme un désert. J'ai mesuré la durée de mon sommeil à l'étendue qui nous sépare.
Notre passé, qu'est-il d'autre qu'une suite de rêves ? Quelle différence y a-t-il entre se rappeler les rêves et se rappeler le passé ? Et c'est la fonction que remplit le livre.
Les hommes, c'est l'un après l'autre qu'on imagine leur calvaire, pas en masse. Si la souffrance est massive, elle devient abstraite. L'humain en général, l'humain exterminé en masse échappe à notre compassion.
Les jours d'exception n'abolissent pas la normalité : ils imposent une normalité d'exception.
C'est mon art le plus cher et ma plus chère méchanceté d'avoir appris à mon silence à ne pas se trahir par le silence.
Où sont cachés les stigmates du pire quand la vie courante nous contraint chaque jour à renaître à la banalité écoeurante et splendide ?
Toute armée digne de ce nom est une machine. ... son moteur s'appelle la discipline. Exécution scrupuleuse des ordres, toujours aussi imbéciles, absurdes ou cruels, soient-ils.
J'ai cherché partout le bonheur, mais je ne l'ai trouvé nulle part, sinon dans un petit coin, avec un petit livre.