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Voici le premier pressentiment de l'éternité : avoir du temps pour l'amour.
Rainer Maria Rilke
N'oublie jamais de faire des voeux, Malte. Il ne faut pas cesser de faire des voeux.
Confiez-vous toujours davantage à tout ce qui est difficile et à votre solitude. Pour le reste, laissez faire la vie. Croyez-moi, la vie a toujours raison.
Le partage total entre deux êtres est impossible et chaque fois que l'on pourrait croire qu'un tel partage a été réalisé, il s'agit d'un accord qui frustre l'un des partenaires, ou même tous les deux, de la possibilité de se développer pleinement.
Ne vivez pour l'instant que vos questions. Peut-être, simplement en les vivant, finirez-vous par entrer insensiblement, un jour, dans les réponses.
Le désir d'avoir une mort bien à soi devient de plus en plus rare... Jadis, l'on savait que l'on contenait sa mort comme le fruit son noyau. Et cette conscience vous donnait une singulière dignité, une silencieuse fierté.
Pour l'instant, vivez les questions. Peut être, un jour lointain, entrerez-vous ainsi, peu à peu, sans l'avoir remarqué, à l'intérieur de la réponse.
Il nous reste la rue d'hier et la fidélité d'une habitude qui s'étant plu chez nous, n'en est plus repartie.
On n'a pas le droit d'ouvrir un livre si l'on ne s'engage pas à les lire tous.
Dans la vie, il n'existe pas de classe pour les débutants, c'est tout de suite le plus difficile qu'on exige de chacun.
Etre artiste veut dire ne pas calculer, ne pas compter, mûrir tel un arbre qui ne presse pas sa sève, et qui, confiant, se dresse dans les tempêtes printanières sans craindre que l'été puisse ne pas venir.
Je suis couché dans mon lit, au cinquième étage, et mes journées que rien n'interrompt sont comme un cadran sans aiguilles.
Etre aimé, c'est se consumer dans la flamme. Aimer, c'est luire d'une lumière inépuisable. Etre aimé, c'est passer ; aimer, c'est durer.
A travers nos coeurs, que nous tenons ouverts, - Passe le dieu, des ailes aux pieds.
La destinée ne vient pas du dehors de l'homme, mais elle sort de l'homme même.
Et il ne suffit pas d'avoir des souvenirs. Il faut savoir les oublier quand ils sont nombreux et il faut avoir la grande patience d'attendre qu'ils reviennent.
Seul celui qui est prêt à tout, celui qui n'exclut rien, pas même ce qui est le plus énigmatique, vivra la relation à quelqu'un d'autre comme si elle était quelque chose de vivant, et y jettera même toute son existence.
Aimer, c'est devenir un monde, un monde en soi pour quelqu'un d'autre.
L'avenir : cette excuse du temps de nous faire peur ; projet trop vaste, morceau trop grand pour la bouche du coeur. Qui t'aura jamais attendu, avenir ? Tout le monde s'en va. Il te suffit d'approfondir L'absence que l'on a.
Que serait un Dieu sans le nuage qui le protège et le recouvre.
Celui qui crée ne peut se détourner d'aucune existence ; une seule défaillance, n'importe où, l'arrache à l'état de grâce, le rend fautif de part en part.
Dieu ne peut être qu'une direction de l'amour, non un objet.
Si votre vie quotidienne vous paraît pauvre, ne l'accusez pas ; accusez-vous plutôt, dites-vous que vous n'êtes pas assez poète pour en convoquer les richesses. Pour celui qui crée, il n'y a pas, en effet, de pauvreté ni de lieu indigent, indifférent.
Tuer est une forme de notre deuil vagabond...
On aura peine à me persuader que l'histoire de l'enfant prodigue ne soit pas la légende de celui qui ne voulait pas être aimé.
Le don de soi est un achèvement.
Pour nos grands-parents encore, une maison, une fontaine, une tour familière, voire leur propre habit, leur manteau... presque chaque chose était un récipient dans lequel ils trouvaient quelque chose de l'homme, dans lequel ils épargnaient de l'humain.
Même si les lampes s'éteignent, même si l'on me dit : il n'y a plus rien, je resterai pourtant. Il y a toujours à regarder.
Nous sommes les abeilles de l'Univers. Nous butinons éperdument le miel du visible pour l'accumuler dans la grande ruche d'or de l'Invisible.
Il faut se tenir au difficile. Tout ce qui vit s'y tient... Il est bon d'être seul, parce que la solitude est difficile. Il est bon aussi d'aimer ; car l'amour est difficile.
Une seule chose est nécessaire : la solitude. La grande solitude intérieure. Aller en soi-même et ne rencontrer pendant des heures personne, c'est à cela qu'il faut parvenir. Etre seul, comme l'enfant est seul...
Pour les choses les plus profondes et les plus importantes, nous sommes inqualifiablement seuls.
L'aimante toujours surpasse l'être aimé parce que la vie est plus grande que le destin.
Nous grandissions et nous avions hâte parfois d'être grands pour plaire à ceux qui n'avaient plus rien pour eux que d'être grands.
Le don de soi-même est un achèvement : l'homme en est peut-être encore incapable.
La pauvreté est comme une grande lumière au fond du coeur.
Si beaucoup de beauté est ici, c'est que partout il y a beaucoup de beauté.
Tout ce qui est vitesse - Ne sera que déjà passé ; - Car c'est ce qui séjourne - Qui seul nous initie.
Dans l'amour, quand il se présente, ce n'est que l'obligation de travailler à eux-mêmes que les êtres jeunes devraient voir.
Laissez à vos jugements leurs développements propres, silencieux. Ne le contrariez pas, car, comme tout progrès, il doit venir du profond de votre être et ne peut souffrir ni pression ni hâte. Porter jusqu'au terme, puis enfanter : tout est là.
L'artiste, c'est l'éternité qui pénètre d'en haut les jours.
Nous naissons, pour ainsi dire, provisoirement, quelque part ; c'est peu à peu que nous composons en nous le lieu de notre origine, pour y naître après coup, et chaque jour plus définitivement.
Etre aimé, c'est passer ; aimer c'est durer.
Une oeuvre d'art est bonne quand elle est née d'une nécessité. C'est la nature de son origine qui la juge.
Qu'une chose soit difficile doit nous être une raison de plus pour l'entreprendre.
Comme il serait préférable que nous comprenions que nous sommes solitude.
Enclins à ne voir dans l'amour qu'un plaisir, les hommes l'ont rendu d'accès facile, bon marché, sans risques, comme un plaisir de foire.
J'apprends à voir. Je ne sais pas pourquoi, tout pénètre en moi plus profondément, et ne demeure pas où, jusqu'ici, cela prenait toujours fin. J'ai un intérieur que j'ignorais.
Seul sur la terre, le chant célèbre et sanctifie.
Rose, ô pure contradiction, joie de n'être le sommeil de personne sous tant de paupières.