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Qui veut un monde dans lequel la garantie de ne pas mourir de faim entraîne le risque de mourir d'ennui ?
Raoul Vaneigem
La bêtise, l'infamie, la pensée ignoble sont les sanies d'une sensibilité blessée. Les empêcher de s'écouler, c'est envenimer la blessure au lieu d'en diagnostiquer les causes afin d'y porter remède.
Le bon sens de la société de consommation a porté la vieille expression voir les choses en face à son aboutissement logique : ne plus voir en face de soi que des choses.
L'argent seul compte, car il est tout et permet tout.
Les lois d'une société irrespirable dispensent à tous la consolation équitable de ne pouvoir se sentir.
La passion de créer fonde le projet de réalisation, la passion d'aimer fonde le projet de communication, la passion de jouer fonde le projet de participation. Dissociés, ces trois projets renforcent l'unité répressive du pouvoir.
Ce qui sacralise tue. L'exécration naît de l'adoration. Sacralisés, l'enfant est un tyran, la femme un objet, la vie une abstraction désincarnée.
La liberté de parole ne fait qu'exprimer, pour le meilleur et, plus fréquemment pour le pire, ce qui est tapi dans le corps et la conscience de l'homme, dénaturé par des siècles d'inhumanité.
Pour un monde de jouissances à gagner, nous n'avons à perdre que l'ennui.
Le sentiment "d'avoir fait son devoir" fait de chacun son honorable bourreau.
Aucune idée n'est irrecevable, même la plus aberrante, même la plus odieuse.