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Un homme sans défauts est comme une montagne sans crevasses. Il ne m'intéresse pas.
René Char
Les yeux seuls sont encore capables de pousser un cri.
Prend-on la vie autrement que par les épines ?
Un être qu'on ignore est un être infini, susceptible, en intervenant, de changer notre angoisse et notre fardeau en aurore artérielle. Entre innocence et connaissance, amour et néant, le poète étend sa santé chaque jour.
On ne peut se retirer de la vie des autres et s'y laisser soi.
La dignité d'un homme seul, ça ne s'aperçoit pas. La dignité de mille hommes, ça prend une allure de combat.
N'étant jamais définitivement modelé, l'homme est receleur de son contraire.
S'il n'y avait pas l'étanchéité de l'ennui, le coeur s'arrêterait de battre.
Sur les arêtes de notre amertume, l'aurore de la conscience s'avance et dépose son limon.
Ne t'attarde pas à l'ornière des résultats.
Nous sommes pareils à ces crapauds qui dans l'austère nuit des marais s'appellent et ne se voient pas, ployant à leur cri d'amour toute la fatalité de l'univers.
Comment la fin justifierait-elle les moyens ? Il n'y a pas de fin, seulement des moyens à perpétuité.
L'art est fait d'oppression, de tragédie, criblées discontinûment par l'irruption d'une joie qui inonde son site, puis repart.
L'aubépine en fleur fut mon premier alphabet.
Le poète est l'homme de la stabilité unilatérale.
L'homme est capable de faire ce qu'il est incapable d'imaginer.
L'artiste doit se faire regretter déjà de son vivant !
La poésie est de toutes les eaux claires celle qui s'attarde le moins aux reflets de ses ponts.
Le poète ne peut pas longtemps demeurer dans la stratosphère du verbe. Il doit se lover dans de nouvelles larmes et pousser plus avant dans son ordre.
N'ayant pas de tombeau et se voulant en vie... il vola la famine en s'en fit une assiette qui devint son miroir et sa propre déroute.
Nous sommes pareils à ces poissons retenus vifs dans la glace des lacs de montagne. La matière et la nature semblent les protéger cependant qu'elles limitent à peine les chances du pêcheur.
Si ce que je te montre et ce que je te donne te semblent moindres que ce que je te cache, ma balance est pauvre, ma glane est sans vertu.
Le vipereau restera froid jusqu'à la mort nombreuse, car, n'étant d'aucune paroisse, il est meurtrier devant toutes.
Poésie, la vie future à l'intérieur de l'homme requalifié.
Les cendres du froid sont dans le feu qui chante le refus.
Les mots qui vont surgir savent de nous des choses que nous ignorons d'eux.
Prenez garde : tous ne sont pas dignes de la confidence.
Nous sommes au futur. Voici demain qui règne aujourd'hui sur la terre.
L'acte est vierge, même répété.
Nous n'appartenons à personne sinon au point d'or de cette lampe inconnue de nous, inaccessible à nous qui tient éveillés le courage et le silence.
Si l'homme parfois ne fermait pas souverainement les yeux, il finirait par ne plus voir ce qui vaut d'être regardé.
Je n'écrirai pas de poème d'acquiescement.
Il n'y a que deux conduites dans la vie : ou on la rêve, ou on l'accomplit.
Accumule, puis distribue. Sois la partie du miroir de l'univers la plus dense, la plus utile et la moins apparente.
Nous demandons à l'imprévisible de décevoir l'attendu.
Je vois enfin la mer dans sa triple harmonie, la mer qui tranche de son croissant la dynastie des douleurs absurdes, la grande volière sauvage, la mer crédule comme un liseron.
L'acquiescement éclaire le visage. Le refus lui donne la beauté.
Ce qui vient au monde pour ne rien troubler ne mérite ni égards ni patience.
L'instant est une particule concédée par le temps et enflammée par nous.
La parole soulève plus de terre que le fossoyeur ne le peut.
Je n'ai pas peur. J'ai seulement le vertige. Il me faut réduire la distance entre l'ennemi et moi. L'affronter horizontalement.
Tu ne peux pas te relire mais tu peux signer.
Nous commençons toujours notre vie par un crépuscule admirable. Tout ce qui nous aidera, plus tard, à nous dégager de nos déconvenues s'assemble autour de nos premiers pas.
Il convient que la poésie soit inséparable du prévisible, mais non encore formulé.
Mon amour, peu importe que je sois né : tu deviens visible à la place où je disparais.
Le fruit est aveugle. C'est l'arbre qui voit.
Avec ceux que nous aimons, nous avons cessé de parler, et ce n'est pas le silence.
Je ne puis être et ne veux vivre que dans l'espace et dans la liberté de mon amour.
Je rêve d'un pays festonné, bienveillant, irrité soudain par les travaux des sages en même temps qu'ému par le zèle de quelques dieux, aux abords des femmes.
Impose ta chance, serre ton bonheur et va vers ton risque. A te regarder, ils s'habitueront.