Images
Il n'y a aucun vice qui nuise tant à la félicité des hommes que celui de l'envie.
René Descartes
Toute science est une connaissance certaine et évidente ; et celui qui doute de beaucoup de choses n'est pas plus savant que celui qui n'y a jamais pensé.
La diversité de nos opinions ne vient pas de ce que les uns sont plus raisonnables que les autres, mais seulement de ce que nous conduisons nos pensées par diverses voies, et ne considérons pas les mêmes choses.
Toutes les choses qu'on fait faire aux chiens, aux chevaux et aux singes ne sont que des mouvements de leur crainte, de leur espérance ou de leur joie, en sorte qu'ils les peuvent faire sans aucune pensée.
Ce n'est pas assez d'avoir l'esprit bon, mais le principal est de l'appliquer bien.
Je prends beaucoup plus de plaisir à m'instruire moi-même que non pas à mettre par écrit le peu que je sais.
En abattant un vieux logis on en réserve ordinairement les démolitions pour servir à en bâtir un nouveau.
Lorsqu'on est trop curieux des choses qui se pratiquaient aux siècles passés, on demeure ordinairement fort ignorant de celles qui se pratiquent en celui-ci.
Il suffit de bien juger pour bien faire, et de juger le mieux qu'on puisse pour faire aussi tout son mieux.
Si l'homme est libre, c'est Dieu qui ne l'est pas.
Je ne suis point d'opinion ... qu'on doive s'exempter d'avoir des passions ; il suffit qu'on les rende sujettes à la raison, et lorsqu'on les a ainsi apprivoisées, elles sont quelquefois d'autant plus utiles qu'elles penchent plus vers l'excès.
Je comparais les écrits des anciens païens qui traitent des moeurs, à des palais fort superbes et fort magnifiques qui n'étaient bâtis que sur du sable et sur de la boue.
Tâcher toujours plutôt à me vaincre que la fortune, et à changer mes désirs plutôt que l'ordre du monde.
Le désir et l'aversion ne forment qu'un seul mouvement de l'âme : il y a autant de désirs que d'amours et de haines.
Le dédain se compose d'admiration et de hardiesse.
Je ne suis point de ces philosophes cruels qui veulent que leur sage soit insensible.
Je n'ai quasi jamais rencontré aucun censeur de mes opinions qui me semblât ou moins rigoureux ou moins équitable que moi-même.
Si la partie est fort inégale, il vaut mieux faire une honnête retraite ou prendre quartier que s'exposer brutalement à une mort certaine.
Ces longues chaînes de raisons toutes simples et faciles, dont les géomètres ont coutume de se servir pour parvenir à leurs plus difficiles démonstrations.
L'estime et le mépris sont des espèces d'admiration.
Il n'y a personne qui ne désire se rendre heureux ; mais plusieurs n'en savent pas le moyen.
Non que j'imitasse pour cela les sceptiques, qui ne doutent que pour douter, et affectent d'être toujours irrésolus...
Il me semble que les pensées des hommes se gèlent ici pendant l'hiver aussi bien que les eaux.
Toute la méthode réside dans la mise en ordre et la disposition des objets vers lesquels il faut tourner le regard de l'esprit.
Je me tiendrai toujours plus obligé à ceux par la faveur desquels je jouirai sans empêchement de mon loisir, que je ne ferais à ceux qui m'offriraient les plus honorables emplois de la terre.
Car quiconque a une volonté ferme et constante d'user toujours de la raison le mieux qu'il est en son pouvoir, et de faire en toutes ses actions ce qu'il juge être le meilleur, est véritablement sage autant que sa nature permet qu'il le soit.
Quand je considère attentivement ce que c'est que l'imagination, je trouve qu'elle n'est autre chose qu'une certaine application de la faculté qui connaît, au corps qui lui est intimement présent.
Je réputais presque pour faux tout ce qui n'était que vraisemblable.
Si cela pouvait être, je m'appliquerais sérieusement et avec liberté à détruire généralement toutes mes anciennes opinions.
La philosophie que je cultive n'est pas si barbare ni si farouche qu'elle rejette l'usage des passions ; au contraire, c'est en lui seul que je mets toute la douceur et la félicité de cette vie.
J'estimais fort l'éloquence et j'étais amoureux de la poésie, mais je pensais que l'une et l'autre étaient des dons de l'esprit plutôt que des fruits de l'étude.
L'erreur, c'est seulement un défaut.
Le plus philosophe du monde ne saurait s'empêcher d'avoir de mauvais songes lorsque son tempérament l'y dispose.
Les souverains ont le droit de changer quelque chose aux moeurs.
Mais, sitôt que j'eus achevé tout ce cours d'études, au bout duquel on a coutume d'être reçu au rang des doctes, je changeai entièrement d'opinion.
Je pense, donc je suis.
Après que nous avons fait notre mieux touchant les choses qui nous sont extérieures, tout ce qui manque de nous réussir est au regard de nous absolument impossible.
La lecture de tous les bons livres et comme une conversation avec les plus honnêtes gens des siècles passés qui en ont été les auteurs, et même une conversation étudiée en laquelle ils ne nous découvrent que les meilleures de leurs pensées.
Il n'y a du plus ou du moins qu'entre les accidents, et non point entre les formes et natures des individus d'une même espèce.
Il est certain que moi, c'est-à-dire mon âme, par laquelle je suis ce que je suis, est entièrement et véritablement distincte de mon corps, et qu'elle peut être ou exister sans lui.
C'est aussi le même de converser avec ceux des autres siècles que de voyager.
Mais enfin que dirai-je de cet esprit, c'est-à-dire de moi-même ? Car jusques ici je n'admets en moi autre chose qu'un esprit.
Les plus grandes âmes sont capables des plus grands vices aussi bien que des plus grandes vertus.
Je ne suis pas si sauvage que je ne sois bien aise, si on pense à moi, qu'on en ait bonne opinion ; mais j'aimerais mieux qu'on n'y pensât point du tout.
La pluralité des voix n'est pas une preuve, pour les vérités malaisées à découvrir, tant il est bien plus vraisemblable qu'un homme seul les ait rencontré que tout un peuple.
Je ne suis donc, précisément parlant, qu'une chose qui pense, c'est-à-dire un esprit, un entendement ou une raison.
On méprise un homme qui est jaloux de sa femme, parce que c'est un témoignage qu'il ne l'aime pas de la bonne sorte, et qu'il a mauvaise opinion de soi ou d'elle.
L'amitié à moitié ne se peut exister car hors la première et bonne moitié se peut alors exister l'inamitié.
Je m'avance masqué.
Pour moi, j'ai suivi seulement la voie analytique dans mes Méditations, pour ce qu'elle me semble être la plus vraie et la plus propre pour enseigner...